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Circulez y’a rien à voir

La folie, les fous et leurs gardiens

On n’en veut rien savoir !

 

 

Quand je suis revenue le lendemain,

Je n’avais plus de mots pour dire

Même pas pour ressentir…

Si ce n’est… rien….

Ou encore… vraiment plus rien

La vie était partie.

 

BOUM !

Ce jour-là, pour tous

Embauchés tout récemment

Ou depuis presque quarante ans

Hospitalisés de la veille ou depuis plus longtemps

Tout à été « bouleversifié »

Volatilisé, disséminé,

Explosé.
Une part de nous à sauté.

 

 

Circulez ! circulez !

 

Où sont les habitués qui déambulaient sans cesse,

A 10h vers la cafét’,

L’après midi vers les activités médiatisées.

Où sont ceux qui marchaient pour marcher

Ceux qui venaient se mettre à l’abri

Ceux qui ne faisaient que passer, qui venaient se

Rassurer,

L’allure penchée, le mégot ou la clope au coin des

Lèvres ?

Que sont devenus ceux pour qui il suffisait d’y

Penser

Pour n’avoir pas à y mettre les pieds ?

 

 

Circulez ! circulez !

 

Où sont ils tous ceux qui faisaient l’hosto….

Où sont les blouses bleues, les agents d’entretien

Sur des vélos, la carriole toujours pleine de

Matériel pour aller réparer dans un service ?

Où sont toutes les blouses blanches ?

Où sont les voitures qui circulaient,

Et puis les portes ouvertes des services, des

Ateliers, la bibliothèque,

Le grincement des chariots à linge ou à

Médicaments,

Les bruits calfeutrés de l’intérieur des unités,

Le camion qui passait et repassait,

Scandant la journée au fil des livraisons : les repas,

Le linge…

 

Circulez y’a rien à voir

La folie, les fous et leurs gardiens

On n’en veut rien savoir !

 

L’hôpital est devenu un fantôme. De qui ? De quoi ?

Bâtiments béants… ouverts ou bleu ? ouverts sur

Un ciel bleu, le ciel bleu de ce matin là.

Bâtiments vides, désespérément vides….

Le moral en hypo, la blouse au frigo, le blues au

Plus haut….

Allô maman bobo !!!

Comment tu m’as fait ch’uis ? pas beau….

Allô, Marchant l’Hosto !!!

Comment ch’uis ?! Sans carreaux

 

 

Les patients, parents pauvres de la médecine.
Des échos au loin font d’eux une population

D’indésirables,

Insoutenable stupidité de l’être, non respect de la vie

Des serments d’hypocrites, dénie des plus

Démunis, diffamation de l’humain…

 

 

Allô BK de l’air ! pas de phosgène,

Moi je manque d’oxygène,

Pourtant l’hosto manque pas d’air,

C’est même un courant d’air.

 

Circulez y’a rien à voir

La folie, les fous et leurs gardiens

On n’en veut rien savoir !

 

 

Usagers et soignants indésirables

Dépourvus de titres de noblesse

Marqués du sceau du scandale

La folie donne corps, procure une âme,

Témoigne chaque jour à chacun de la santé et du

Bien être…

La folie avait un lieu protégeant le quidam, de tous

Ses excès, de ses tares et de ses vices éventuels.

Le lieu d’enfermement permettait, parait il, de

Penser l’ouverture !

 

Détruit depuis le 21 septembre

Aujourd’hui tout n’est qu’incertitude.

Tout ceci pourrait être risible si c’était une blague,

Certes de mauvais gout,

Risible l’accréditation,

Risibles les programmes qualité,

Risibles les recommandations

Risible à pleurer.

 

Que pouvons nous désirer ?

Que pouvons nous demander ?

Que pourrons nous encaisser ?

 

 

Circulez y’a rien à voir

La folie, les fous et leurs gardiens

On n’en veut rien savoir !

 

 

Cinq mois après,

Personnel éclaté,

Malades exilés,

Mêmes questions toujours posées.

Colère exacerbée

Par l’annonce d’un nouveau suicidé.

 

Raz le bol de ne pouvoir se poser

Raz le bol de ne pouvoir penser

Raz le bol de rien pouvoir projeter

 

Circulez ! circulez !

 

 

Qui se soucie de nous ?

Qui pensons nous intéresser ?

A question saugrenue, réponse assurée !

La situation indécente

Que nous supportons n’est pas prête de s’arrêter

Alors debout les largués de la psy !

Ah, c’est la lutte finale ?

 

Déjà qu’on était rien

Il a fallu cette tragique histoire

Pour qu’on en profite pour nous oublier

Pour qu’on essaie de nous éradiquer

Mais la folies, les fous et leurs gardiens

Ont la peau dure et

Ensemble on va se rebiffer

 

Hier y’avait des choses bien.

Aujourd’hui on tente l’oubli.

Ce sera quoi pour demain ?!

Eh bien nous, toulousains

On construit notre rêve de demain

Assez sonné le tocsin !

 

 

 

 

Circulez y’a rien à voir

La folie, les fous et leurs gardiens

On n’en veut rien savoir !

 

 

Que demain soit sur la colline

De Purpan ou de Rangueil

A Larrey ou pas,

Aujourd’hui nous travaillons en ville.

 

Après la perte de certains repères,

Nous en découvrons d’autres

Sur ce secteur jusqu’alors inconnu.

Nous apprenons non plus à surveiller

Mais à nous poser et à écouter.

Nous découvrons des dedans au dehors.

Pas facile d’entrer chez les gens

Et pourtant…

Nous circulons du dedans au dehors

Et du dehors au-dedans

Nous découvrons du dedans dehors

Et de l’or dedans

Nous apprenons à nous arrêter

Sur ceux qui jusqu’alors ne faisaient que passer,

Soignants ou soignés

 

 

Circulez ! circulez !

 

 

Nous commençons à nous relever

Et à goûter

Quelles satisfactions

Malgré l’explosion !

D’abord des rencontres, des amitiés,

Puis un regard nouveau

Sur nos manières de travailler.

Parfois plus tolérants,

Mais aussi parfois plus durs,

Tantôt ravis, tantôt désemparés

D’être un peu plus chaque jour

Transformés,

Bousculés

Nous avançons à tâtons.

 

Solidaire n’est pas un vain mot

Non, nous ne courberons pas le dos

Main dans la main nous irons jusqu’au bout du

Rouleau

 

 

Nous sommes désormais des soignants

Beaucoup plus contenants,

Conscients de tous ces petits riens

Qui fondent les soins.

 

 

C’est aujourd’hui ce que nous défendons

Le chemin sera long,

Nous le savons,

Mais nous sommes patients.

 

Patients, soignés, soyez patients,

Soignants pas sciés,

Soyez confiants

Quelle différence entre la norme alitée

Et la patte au logis

Les deux sont rases à nier

N’est ce pas ?

Décode qui pourra……

 

A Toulouse, faut pas croire

Entre la folie, les fous et leurs gardiens

Ca circule et plutôt bien

N’en déplaise aux docteurs Diafoire

Et à leurs propos diffamatoires

Qui sont un mal pour un lien.

 


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