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L'ASSOCIATION " ACCUEILS ? "

-9 EMES JOURNEES - MARSEILLE -

15 ET 16 MAI 2003

" SEUILS "
(Sagesse des seuils en psychiatrie)


" Une équipe au travail à Charenton "

PATRICK BANTMAN


Cette intervention précédait celle de M.Esvan et Y.M. Frot de l'équipe du C.M.P du Cadran à Charenton.

Il y a un an le Centre d'Accueil et de crise de notre secteur ouvert depuis dix ans fermait …Que s'est -il passé depuis un an ? A l'époque de son ouverture en 1991 , la Direction d'Esquirol s'engageait radicalement dans la mise en place de structures ouvertes dans la cité , fonctionnant 24h/24,privilégiant la fonction d'accueil et disposant de moyens adaptés .Dix ans après le Cac de Valmy a fermé , celui de la Roquette est très menacé , celui de Reuilly déservant le 12e arrondissement de Paris annonce sa fermeture pour le mois de juillet et sa transformation en équipe mobile susceptible de se rendre aux urgences du SAU St Antoine .

Notre accueil situé sur un secteur de près de 100000 hab. avait considérablement fait chuter les hospitalisations à Esquirol et surtout permis de développer une pratique de l'écoute de l'autre , respectueuse de son être , de ses conflits psychiques , ne visant pas la sédation à tous prix n ni la disparition à tous prix des symptômes , mais la mise en place d'un lien , fort structurant la relation et permettant dans un 2é temps avec ou sans temps plein un passage vers d' autres modalités de soins .Dans ce dispositif , les infirmiers sont en première ligne , premier interlocuteur , ceux qui accueille le patient , quelques fois le 1er contact d'une personne ou une famille avec l'univers psychiatrique .Le CAC s'était 520 personnes qui allaient et venaient , soient presque la moitié de la file active du secteur .

Par sa situation géographique , dans le centre de Charenton , sa facilité d'accès , le CAC représentait une porte d'accès privilégié dans le dispositif sectoriel …Mais le CAC a fermé il y a un an et nous avons déménagé pour s'installer il y a peu, dans une autre structure plus proche encore du centre de la ville .Depuis un an l'ensemble de l'équipe a accepté ces changements sismiques qui ont bouleversé notre pratique considérablement , en rapport avec la fermeture du CAC et maintenant le déménagement .Depuis un an nous avons reconsidéré un certain nombre d'axe de travail de l'équipe au sein de l'ensemble du service , en intégrant les aspects et les demandes des usagers , patients , familles de notre environnement social et médico-social et c'est loin d'être fini ..Notre principe de référence est le maintien dans le cadre du CMP d'une pratique d'accueil , avec les moyens adéquats … et également l'adaptation de cette pratique à un environnement sociale et familiale qui demande une plus grande mobilité des soignants en Psychiatrie .Nous avons proposé à notre direction une alternative à cette fermeture que nous avons dénommé " UMAC " , Unité Mobile d'Accueil et de Crise " , qui n'est pas dans la nomenclature , mais correspond à l'esprit des positions des pouvoirs publics , l'attente du public et des familles . ..

Nous avons essayé depuis 1 an de répondre à toutes les questions qui se posent dans des termes précis, dans un contexte de pression vers la fermeture des structures de proximité que sont les CAC et dont l'actualité est émaillée des fermetures dans plusieurs établissements.Est-ce la fin d'une époque ?

Ces outils doivent-ils évoluer ?
1/Comment adapter l'organisation du soin face à ces nouvelles demandes , comment modifier le cadre , l'ouverture des structures , leur fermeture , leur disponibilité et leur mobilité , pour " aller vers " ?.

2/ La question de l'articulation avec la cité , et ,en ce qui nous concerne 4 communes proche de Paris ou les aspects politiques , socio démographiques et économiques sont si différents .D'un côté St Mandé ville bourgeoise , apparemment tranquille , mais où il ne fait pas bon avoir des difficultés psychiques , peu de ressources et d'être isolé.. . De l'autre Alfortville 40000 hab., avec des populations migrantes , des personnes agées en grand nombre , mais un tissu social , associatif et médical , assez consistant , des partenaires très impliqués dans le soin et l'insertion …

Bonnafé parlait d' " un autre regard sur la folie " .
La fermeture du CAC nous a poussé à ouvrir les yeux sur notre environnement et a développé davantage les relations avec nos partenaires .Depuis le début de l'année nous avons ouvert l'antenne de Santé Mentale dans les locaux de la mairie de St Mandé 2x par mois afin de rencontrer les travailleurs sociaux et les associations de cette commune ,nous avons mis en place un partenariat avec le SAMU social afin de faciliter l'insertion de patients en situation de précarité .L'expérience de l'équipe dans le travail avec la famille nous pousse de plus en plus à ouvrir notre dispositif dans un travail d'alliance thérapeutique avec le groupe familial, la fratrie ,le couple . Le regard sur la famille et l'environnement du patient peut changer quand se développe une alliance thérapeutique suffisamment forte qui nous fait mieux comprendre leur dysfonctionnement, et en retour nos dysfonctionnements.
L'élargissement des perspectives dans ce domaine, et le travail thérapeutique et-ou de soutien réalisé permet de favoriser une prévention de la décompensation et une aide à l'égard des tiers très impliqué dans le prise en charge. Depuis 1 an, nous avons essayé de développer davantage notre insertion et nos relations avec les partenaires de ces communes :médecins généralistes, relations régulières dans les CCAS, sans oublier un partenaire essentiel le SAU Mondor, énorme CHU à Créteil avec une équipe psychiatrique avec qui nous travaillons depuis longtemps, surtout avec les liens développés par le CAC. avons renforcé les liens déjà important avec les collêgues du SAU de Créteil. Les consultations et les accueils au CMP ont progressé d'une manière significative, ce qui nécessite une organisation fiable de l'ensemble de l'équipe afin d'éviter de trop grande difficulté dans le repérage de la demande de soins. Après avoir développé pendant 10 ans une pratique spécifique autour de la question de l'accueil et de la crise comment ouverture dans le soin, comment évoluer… ?
Comment faire pour ne pas perdre le sens de ces approches pas seulement alternative mais complémentaire des autres dispositifs du service. Dans un paysage où domine la saturation des demandes et le surencombrement des services (comme c'est le cas à l'hôpital Esquirol) les prises en charges hospitalières se raccourcissent pendant que les RV se font par intervalle d'un mois parfois entre chacun et que le patient sauf s'il va trop mal doit attendre parfois plus d'un mois pour 1 Rv .

Nous avons engagé il y a un an , avec d'autres équipes ( dont l'équipe de notre collêgue de Marseille ) un travail de recherche pour mieux appréhender les problèmes de Santé Mentale des communes du secteur .Ce travail de " recherche -action " mené sur les terrain pendant une semaine nous montre la place grandissante des problèmes de Santé Mentale dans notre société .Une proportion non négligeable de l'échantillon représentatif a présenté un problème de Santé Mentale. La connaissance du public vis à vis des structures autres que l'Hôpital est faible. Près de 15% des personnes interrogées ont présenté un épisode dépressif majeur .10% déclarent avoir suivit une psychothérapie .Je ne vais pas énumérer ici les résultats de la recherche, mais montrer si besoin était l'importance que prend de plus en plus ces problèmes auxquels nous devons nous atteler , pas pour répondre à tous , en bastion assiégé , mais comme membre de la collectivité , impliqué , et incité notre environnement à être moins excluant vis à vis de la " folie " de leur concitoyens .