Juste avant les
révolutions arabes :
dans un congrès de
psychiatrie interculturelle organisé à Marrakech en 2010 par
LETTRE OUVERTE À UN(E) JEUNE PSYCHIATRE MAGHRÉBIN(E)
sur les avatars de sa discipline au temps joyeux de
la psychiatrie
mondialisée protocolisée /protocolonisée
« Je suis fou.
Comme je suis le seul à être fou, c’est que je dois avoir raison »,
dit le célèbre MOHA de Ben
JELLOUN qui a compris avant l’heure les errements de l’extension infinie de la
liste des dysfonctionnements et supposés désordres psychiques du DSM,
aujourd’hui 307, demain près de 400 sur un échiquier à 1000 cases restant à
remplir coûte que coûte, obsessionnellement...
Ma fille, mon fils, sois bienvenu(e) dans ce monde de
fous où bien des joies t’attendent, et où
A l‘heure où, avec son DSM et son EBM (évidence-based
medicine ou psychiatry) l’Amérique (et son zélé Canada) sans âme exporte
tranquillement dans le monde entier qu’elle rêve HOMOGÈNE, standardisé,
déterritorialisé, son credo classificatoire athéorique, ses troubles mentaux,
ses désordres et dysfonctionnements psychiques, son diagnostic mondial unifié,
sa dépression pour tous, hors de tout contexte culturel ou linguistique, hors de
tout enracinement civilisationnel, provocant un glissement de la clinique du
sujet vers celle des signes, on doit se poser la question du sens de cette
opération de colonisation des consciences, mettre en doute son efficacité
thérapeutique et poser en revanche la question de sa dimension IDÉOLOGIQUE, qui
coule de source, comme naturellement, sans résistance…
Peut-il vraiment exister une « internationale
psychiatrique abstraite » décontextualisée, binaire non dialectique, à l’heure
où nous traitons ICI de la clinique interculturelle ?
Dès 1974, Ivan ILLICH dans
sa ‘Némésis médicale’ pose la question : « Vaut-il
la peine de survivre dans un monde transformé en hôpital planétaire où la tache
principale des ingénieurs de l’âme sera de fabriquer des hommes ADAPTÉS à cette
condition ? »
Tahar Ben JELLOUN a commencé sa vie littéraire par un
doctorat de philosophie en psychiatrie sociale, en 1975 à Paris, après trois
années d’observation dans le centre de médecine psychosomatique DÉJÉRINE,
dirigé par le psychanalyste Léon CHERTOK, sur le sujet « Problèmes affectifs et sexuels des travailleurs nord-africains en
France ».
Il désignait ainsi une
forme de pathologie du transplanté à qui l’on nie toute singularité, et qui
prendra valeur universelle.
Ce matériau expérimental
lui permit d’écrire en 1977 : ‘La plus haute des solitudes’, dans laquelle il
questionne sur ce qui rend fou, sur les mécanismes de l’aliénation sociale, de
la désafférence affective, de la misère sexuelle chez des paysans maghrébins
transplantés
brutalement de la Kabylie
ou de Taroudant vers la France, pour y gagner leur vie et perdre leurs racines,
comme ceux qui devinrent mineurs de fond dans le Pas-de-Calais, un univers trop
brutalement différent, métaphore de l‘enfouissement.
Divers délires protecteurs
se mettent alors en place chez cet homme devenu par expropriation UN HOMME SANS
QUALITÉS (comme chez Musil) et sans ombre, un INVISIBLE à bas bruit de
souffrance, à l’heure où commence à se manifester l’injonction « sois
transparent »..
En 1978, Ben JELLOUN préface l’ouvrage de Tony LAINÉ ‘
et une brutalité
insoupçonnées » réduits à la peur et à ce silence qui rend fou par anomie.
Cet ouvrage précéda de peu
le drame épique, ou la tragédie optimiste de : ‘Moha le fou, Moha le sage’.
Tu le sais mieux que moi,
fille, fils, le fou dans la culture persane et maghrébine, le sage et considéré
MEJDOUB tenait une place importante
dans les mentalités, ce qui apparaît chez MOHA l’enfant narrateur sans père,
mais non sans repères, fils d’Aïcha la prostituée, pour pointer avec une
apparente candeur et une grande liberté de parole le mensonge et les masques,
les discours faux, la rhétorique de la puissance, et de ce fait apparaître
subversif aux yeux des pouvoirs politique et religieux.
Le libre MEJDOUB semble
propre à la culture marocaine, fruit de l’œuvre d’Abderrahman al Mejdoub, poète
iconoclaste et ascétique du XVIe siècle, qui a intéressé le soufisme par son
culte du silence mystique qui apportait la sagesse d’HIER aux questions des
hommes d’aujourd’hui. Pointeur des inégalités, de l’arbitraire, il fait figure
de révolutionnaire avant l’heure, et connaît un regain d’actualité à chaque
période de crise de société.
Saint homme, sage ou fou ?
Homme libre indiscutablement qui inscrit pour longtemps la prétendue folie de
l’être dans l’ambivalence sociale même.
Votre mejdoub illustre
bien notre hypothèse en France que :
« La folie n’est
concevable qu’IRREDUCTIBLEMENT liée à la condition humaine » (Charte du
Collectif français de l’Appel des 39 acteurs en psychiatrie contre
MOHA, qui est peut-être inspiré des facéties universelles
du faux idiot Nasr Eddin Hodja (ce Goha le simple qui sera joué par Omar
Sharif) tient lui aussi une parole sans préjugés, au premier degré, sans
médiation névrotique, dans une forme de panthéisme païen rural, atomiste, riche
en métaphores culturelles et poétiques, profondément intégré à la culture, aux
arbres, à la terre, aux rêves, à la manière d’un Démocrite.
La tolérance culturelle et
sociale est encore grande en 1978, et sa folie est admise, implicitement
protégée, elle n’apparaît pas dangereuse comme en France aujourd’hui, qui
entretient la hantise du schizophrène à enfermer impérativement pour protéger
la
population de ses
fantasmes entretenus, bouc émissaire de la crise.
MOHA est un passeur :
« J’ai honte, oui,
moi MOHA, fils d’Aïcha et de la Révolution, fils de la chamelle égarée dans le
désert, descendant de l’araignée noire vénéneuse, voisin de l’herbe amère et du
ciel trouble, fils de la pierre et de la terre glaise, moi le fou, moi le
PAUVRE, je suis nu devant les hommes et devant l’époque, face à la mer, face au
feu qui vous menace, moi le sage, l’homme perdu, l’homme possédé par les djinns
mais qu’on n’ose pas enfermer parce que j’ai des liens secrets avec tous les
magiciens de l’Inde et des pays enfouis sous les terres, moi j’ai honte et je
ne sais plus quoi faire que de me déshabiller… »
Un triste folklore colonial s’est créé en France sur ces
images du populaire maboul, francisation paresseuse du mahboul. Le Maboul est le titre d’un recueil de nouvelles de Fouad
LAROUI en 2001, dans la veine de Ben JELLOUN, où il évoque les « doux dingues »
exilés de l’intérieur qui sont si nécessaires au bon fonctionnement symbolique
de tout ordre social un peu démocratique…
Le majnoun
issu de la geste passionnelle légendaire de ‘Qays et Layla’, au VIIe siècle,
dans la tradition du Cantique des cantiques ou des Mille et une nuits, si populaire
dans tout l’univers arabo-persan, cet amour fou qu’on retrouvera dans toute la
poésie galante médiévale européenne de Roméo et Juliette… au Fou d’Elsa, ou à
cet AIMER À PERDRE LA RAISON d’Aragon, si bien chanté par le regretté Jean
Ferrat, ces éternels fous d’amour.
(Où les place-t-on dans
les grilles des troubles du DSM ?)
L’âme ne t‘as pas
quittée ô nuit, malgré les ténèbres
Dont
tu l’environnes mais c’est LAYLA qui te rend plus brève
Ou
plutôt, c’est toi qui n’arrives pas à mériter la faveur
De
l’étreindre plus longtemps,
dit Majnoun l’aveugle, que
SHAKESPEARE reprendra avec force dans son célèbre Sonnet 43 :
C’est quand mes
yeux sont clos qu’ils voient le mieux
Car
tout le jour, ils ne voient rien qui vaille,
Tout
jour est ma nuit tant que je vois
Toute
nuit le jour le plus clair quand je rêve.
Et puis nous avons
l’incorporation des Djounoun, ces
esprits de l‘eau qui ont précédé la création de l’homme « créés de la flamme du
feu sans fumée » selon la très belle métaphore exprimée dans le verset 15 de la
Sourate 55 du Coran, ce djinn qui fascinera toute la
littérature européenne
avec Victor Hugo.
Le Coran développe dans
plusieurs sourates et hahadith du Prophète la nécessité de protéger avec
miséricorde les « simples d’esprit » et les fous. Cette approche spirituelle et
compassionnelle préfigure sans doute les premières psychothérapies modernes.
Tous ces apports
témoignent de la singularité du regard sur la folie en terre berbéro-arabe,
cette parole qui ne peut tarir, TRADITION MAGHRÉBINE ORALE MÊME selon Ben
JELLOUN, la vérité lyrique que résiste et survit à un Moha martyrisé :
« Allez donc arrêter le vent sur les sables »… conclut Ben JELLOUN…
Mais le monde a changé, et le fou a progressivement cessé
d’être une figure nécessaire au fonctionnement métaphorique de toute société
traditionnelle, celui qui peut dire tout haut ce que beaucoup ne peuvent que
taire. La standardisation mondiale des modèles comportementaux accélérée par
l’exode rural, la télévision par parabole, une certaine radicalisation
religieuse, l’urbanisation, l’émigration économique, le tourisme de masse et
son modèle ‘bezness’, ont progressivement marginalisé le fou, l’ont stigmatisé,
mis à l’écart ou neuroleptisé, condamné au silence des cauchemars, mais également
à l‘effacement du surmoi social.
Sa parole MANQUE
désormais. L’esprit parle moins au corps.
Nous sommes bien dans le
thème du congrès : la clinique interculturelle.
«
Tu vois, MOHA, avec nos souvenirs, on peut encore vivre un siècle et des poussières…
Nous avons une réserve de rire qui peut nourrir toute une génération de fous.
Mais aujourd’hui, les gens ne sont plus fous. ILS SONT MALADES »… et il ajoute :
« avant, avant les
français, il n’y avait pas d’asiles »,
ce qui est inexact ne serait-ce
qu’à Marrakech où fonctionnait dès le XIIe siècle le célèbre moristan Sidi
Ishak sur le plan de ceux de Damas et Bagdad (VIIIe) accueillant avec faste des
« faibles d’esprit », dont s’inspireront les hôpitaux psychiatriques
d’Occident.
Dans un cadre
architectural souvent princier apaisant et harmonieux, autour d’une fontaine,
dans
Mais, un nouveau paradigme médical a envahi le monde,
fondé sur le modèle WASP (white anglo saxon protestant), véhiculant une
idéologie technoscientiste spécifiquement occidentale, censée faciliter
l’apprentissage de leur discipline à l’échelle planétaire.
Le WASP est formaté par
son milieu pour être fier d’être positif/optimiste/pragmatique sans émotion
apparente, contrôlant ses affects, entrepreneur de lui-même, performant et
efficace, donc évaluable.
Noam CHOMSKY évoque cette
idée dangereuse d’une « SCIENCE MÂLE BLANCHE » enfant du néolibéralisme sans
complexe, sûr de lui et dominateur.
Ce paradigme s’appuie sur
le mouvement positiviste français, sur une nouvelle rationalité à prétention
scientifique issue de la méthode expérimentale, sur une idée de supériorité de
la civilisation européenne, sur un racialisme « naturel » et par
conséquent sur des pratiques de domination théoriques et méthodologiques qui
s’expriment par le DSM, les TCC et l’EBM, leurs blasons mondiaux.
Aujourd’hui, toute la médecine occidentale s’appuie sur
des batteries de protocoles, de référentiels experts, de guides de bonne
pratique et conduite, de statistiques, de moyennes, de preuves soi-disant
scientifiques, de questionnaires informatisés d’évaluation benchmarking des
performances sanitaires et sociales qui effacent le transfert, l’inconscient et
sa clinique, au profit d’une pratique standardisée qui transforme le sujet en
client porteur de symptômes dans un groupe homogène de malades.
Le début caricatural de ce
mouvement sera présenté par l’École française de psychiatrie d’Alger et son «
illustre » professeur Antoine POROT, capable de diffuser des thèses
ahurissantes de sottise, de racisme et de suffisance théorique.
En 1918, dans ses NOTES DE
PSYCHIATRIE MUSULMANE (que tout jeune psychiatre arabe doit absolument analyser
pour comprendre à quoi il a échappé) cette préfiguration du néocolonialisme
idéologique de
comportementaliste -
pouvait définir l’indigène sans rencontrer la contradiction dans l’université,
comme étant :
« Hâbleur, menteur,
voleur et fainéant, le nord-africain musulman se définit comme un débile
hystérique, sujet de surcroît à des impulsions homicides imprévisibles. Il fait
partie des races destinées à s’éteindre, car il n’a pas de cortex, ou pour être
plus précis, il
est DOMINÉ, comme les invertébrés inférieurs, par
l’activité du diencéphale »…
Nous avons affaire à Alger avec un bel avatar de ce que
le grand intellectuel palestinien Edward SAïD appellera dans son essai de 1978
qui ouvrira aux Études postcoloniales, l’ORIENTALISME, ou comment l’Europe
occidentale s’est fabriqué une idéologie d’un orient fantasmé, à haute valeur
sexuelle ajoutée, de kitsch et de pacotille, de harems, d’eunuques et de
moucharabiehs afin par opposition, d’inventer un Occident SUPÉRIEUR, où la
raison et la science l’emporteraient sur la nature et l’instinct, justifiant
une colonisation apportant la seule vraie civilisation.
Cette position n’était pas
isolée, car POROT a formé une génération à son image fasciste, contemporaine
des théories de Mussolini et de l’exposition coloniale de Paris de 1931, avec
son zoo humain (et tout de même sa contre exposition anti-impérialiste soutenue
par des poètes comme Aragon, Breton et Char), quand l’ambiance métropolitaine
adhérait à ces thèses.
Il est piquant de constater qu’un demi siècle auparavant,
le médecin allemand Carl STARK, au lendemain des « horreurs de la Commune
de Paris », publie « De la
dégénérescence physique de la nation française, son caractère pathologique, ses
symptômes et ses causes », dans lequel il incrimine « l’orgueil et la présomption innée de la
nation française, le cerveau au poids inférieur et organisé d’une manière
spéciale des français »…
Ce bon POIROT déroulera cette vision en direction de ses
dominés algériens.
La psychiatrie coloniale
aura encore de beaux jours en Afrique Noire et en Indochine.
(Rappelons qu’à
l’Indépendance en 1962, l’Algérie ne comptait pas un seul psychiatre
algérien…). Il faudra l’arrivée du psychiatre martiniquais Frantz FANON en 1953
à l’hôpital de Blida ouvert en 1938, qui porte aujourd’hui son nom, pour être le
premier à s’élever violemment contre cette imposture scientiste fondée sur des
présupposés ethnologiques ou bioneurologiques. Elle compte parmi les éléments
de la domination idéologique permettant de comprendre le soulèvement de 1954,
que FANON rejoindra corps et âme.
Son travail théorique
consistera en 1952 dans ‘Peau noire, masques blancs’, à analyser le mécanisme
de la soumission quasi génétique et intériorisée à cet héritage psychologique
de la colonisation, aux séquelles comportementales encore nombreuses.
Il sera celui qui dégagera
cette psychiatrie de sa gangue idéologique racialiste, l’extirpant du ridicule
« primitivisme » en lui rendant des racines, une langue et un cortex : le
paradigme moderne en quelque sorte de ce qu’on nomme chez nous l’approche
biomédicosociale.
En Afrique Noire, ce sera l’oeuvre de Cheikh Anta DIOP
que j’ai eu le bonheur de rencontrer, qui établira scientifiquement
l’Antériorité des civilisations nègres face aux tentatives d’effacement qui
dureront jusqu’au grotesque discours sarkozyen de Dakar, dernier avatar du
poirotisme...
Il est à noter, que comme SAïD, FANON mourra de leucémie
dans un hôpital américain, et à s’interroger sur ce prix du sang surpayé par
une prolifération de globules blancs chez ces pionniers en lutte contre une
domination… blanche…
Cette psychiatrie encore dite musulmane aura modelé un
imaginaire français postcolonial de la race et de l’indigène toujours impensé
aujourd’hui, malgré l’oeuvre de DERRIDA, qui doit être étudiée comme un des
éléments de nos increvables relents anti-arabes.
Nous n’en avons pourtant
pas fini avec ces nosographies psychiatriques ascientifiques dans la mesure où
je considère que le DSM s’appuie sur les mêmes présupposés scientistes, et
revient par la fenêtre imposer un modèle méthodologique puisant ses origines
chez les anti Lumières.
En renaturalisant l’homme, en franchissant la barrière
entre névrose et perversion, qui est une transgression majeure, en remplaçant
l’éthique par la morale, la contre révolution du DSM et des TCC
peut mettre un terme à la révolution ontologique cartésienne fondatrice de la
disjonction entre savoir et vérité, entre pensée et factuel, qui avait ouvert la
porte de la modernité, ce que théorise l’idée foucaldienne de la rupture
épistémologique par le changement opératoire de paradigme qu’il provoque,
quittant les rivages de la vie, pour la pulsion de mort de la gestion de
l’humain par l’humain, nouvelle version de l’exploitation capitaliste.
Une recolonisation donc,
imposant des normes et des méthodes inadaptées, bien que supposées universelles
: et les psychiatres du monde entier devront appliquer des grilles de lecture
des symptômes tout à fait rocambolesques et incongrues qui psychiatrisent des
conduites sociales
considérées déviantes.
Le DSM abolit la Pensée
relativiste 294 de Pascal : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Il
faudrait demander à Karima LAZALI si le mythe si riche de l’enfant endormi, ‘el ragued’ serait aujourd’hui classé en
psychopathologie ?
Pauvre MOHA…
En rappelant pour terminer que cette méthode DSM est née
en 1952 du désir de psychiatres militaires américains embourbés dans la guerre
de Corée d’évaluer l’état de résilience des recrues, des soldats blessés et
traumatisés avant de les renvoyer à la boucherie.
Ils créèrent des grilles
et des questionnaires d’évaluation.
La boucle commençait.
Le DSM vit le jour à
l’ombre du l’US ARMY, hors de toute théorie. Il est devenu une machine à fabriquer
de plus en plus de maladies… pour le plus grand profit des laboratoires.
Mon cher Moha, es-tu
culturellement ou ontologiquement concerné par les 307 désordres universels que
constituent ces écarts aux normes sociales WASP, ces comportements mauvais, ces
inconforts passagers de ta vie et de ta croissance vers l’âge adulte, numérotés
comme des PRODUITS DANS UN CATALOGUE :
Le trouble de défiance oppositionnelle avec provocation,
La violation répétée des règles,
La destruction de propriété,
La tromperie,
La timidité devenue phobie sociale,
Le frotteurisme sexuel, le rongement d’ongles ou onychophagie,
Les désordres du réveil nocturne,
Es-tu l’enfant qui se met en colère plus de trois fois
par semaine, qui doit devenir passif obéissant, cible principale de cette
nouvelle hygiène délirante de redressement à la RITALINE… et de conformisme aux
normes calvinistes de la rééducation, où les désordres deviennent l’équivalent
infantilisant des péchés.
A chacun de tes désordres,
Moha, le DSM te donnera la bonne molécule scientifiquement prouvée.
MAIS OU DONC SONT PASSÉS LE SUJET, SA CLINIQUE,
L’EMPATHIE, LA THÉORIE
PSYCHIATRIQUE DANS CETTE
SANTÉMENTALISATION RÉGRESSIVE MONDIALE ?
Et qui se souvient que PINEL, fondateur en 1801 à Bicêtre
de la clinique moderne, dans son Traité
médico-philosophique sur l’aliénation mentale et la manie, citait comme
modèle de prise en charge globale sur la base de l’ergothérapie et de la
musique, l’hôpital de Saragosse, ancien moristan de l’époque Almoravide andalouse
?
Jean-Jacques LOTTIN. Directeur d’études de santé publique.
L'Isle-sur-la-Sorgue.
Vaucluse.