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Les JOURNECRITURES

Du diagnostic à l’humain »



Animé par Gilles HERRERO et Philippe QUINET

Qu’y a-t-il d’humain, d’humanisant dans une pratique diagnostique 
C’est peut-être cette nécessité impérieuse dans laquelle nous nous trouvons de ranger dans des cases, de répertorier, identifier, sélectionner, trier, référer, valider, cocher, repérer, dévoiler, découvrir, situer, donner une place (chaque chose à sa place et inversement ...)
On pourrait s’essayer à dénombrer tous les verbes qui nous servent à cette nécessité humaine de « Ramener l’inconnu à du connu » 
Est-ce par paresse  Par souci de protection et de sécurité ... ou tout simplement par "jeu", un peu à la manière de Georges Pérec, qui se plaît à l’Enumération.
« Jouer avec les mots », c’est ce que nous souhaitons faire avec vous aujourd’hui. Trouver plaisir à les déconstruire, les fabriquer en laissant libre court à notre imaginaire ... Au risque de se surprendre ou plutôt en se donnant la chance de la surprise ...
A nous d’être créatif et d’inventer des jeux ... où les Maux s’humanisent avec les Mots.
Et pour commencer, il nous faut admettre une contrainte, du même type de celles dont parlent les OULIPIENS.
A nous de la tourner en tout sens ... Du diagnostic à l’humain.
Après une phase «échauffement » à partir de petits exercices d’Atelier d’Ecriture, c’est en sous-groupe que nous avons «travaillé" le thème  «Du diagnostic à l’humain ».
Le 1er sous-groupe devait défendre, soutenir l’idée que le diagnostic ouvre sur l’humain avec trois consignes d’écriture imposées par le second sous-groupe défenseur de l’Antithèse.
Voici les consignes pour le 1er sous-groupe 
·    Seules ponctuations acceptées  points d’exclamation et d’interrogation
·    N’utiliser que des termes compréhensibles par un enfant de moins de douze ans
·    C’est un poème à rimes
La réflexion menée avant de réaliser l’écrit avec ses consignes a donné lieu à de riches échanges dont voici la synthèse 

Idées du groupe quant à la thèse

«quoi le diagnostic peut-il renvoyer à l’humain  »

Le diagnostic s’adresse à une symptomatologie ou à une partie de corps. Cette démarche rigoureuse diagnostique est une « mise en valeur » du corps, et témoigne de l’intérêt pour le corps de l’autre, et pour l’autre au bout du compte.
Le diagnostic aurait une fonction de médiation de la rencontre 
-    C’est la clé de l’humain, la base de l’ouverture thérapeutique. Un sujet qui souffre s’adresse à un sujet supposé savoir qui a fonction d’Expert. La diagnostic dans ce système d’attente, garantit les places de chacun, et tient lieu d’Accès à la relation humaine thérapeutique.
-    Derrière le diagnostic, il y a toujours l’idée que l’on va pouvoir faire quelque chose. Nommer, identifier, « poser » un diagnostic ... c’est rassurant. Cette mise en mot de la souffrance permet une reconnaissance mutuelle ; et atteste de l’humanité de cette souffrance  on peut la nommer, elle est comprise dans les mots, dans le langage, dans le fond lexical commun.
-    Le Diagnostic n’est pas figé, il évolue ... Aujourd’hui on peut penser que le diagnostic comprend et l’écoute et la restitution du symptôme au patient. On peut aussi penser que  ne pas « donner un diagnostic » serait une manière perverse de garder un pouvoir sur autrui. Et ici, il conviendrait de s’arrêter sur le DON. En quoi et comment il engage celui qui pose le diagnostic 
-    C’est un mot qui fait peur. Ca fige, ça fixe ... mais permet de sortir du doute, de l’anxiété perplexe du NON-SAVOIR, c’est la notion de certification, d’authentification. Ce que l’on connaît, on peut le combattre 
-    C’est l’idée de la métaphore maternelle contenante  poser des mots sur ne souffrance, sur de l’indicible, de l’innommable.
-    C’est l’idée que l’acte de poser un diagnostic vient constituer un objet clinique Référent qui vient faire tiers dans la relation-, objet qui n’appartient ni tout à fait à l’un, ni tout à fait à l’autre, objet qui permet au patient de nommer sa souffrance et vient mettre de l’écart, de la distance qui lui ouvre un espace de parole ... Il n’est plus pris dans sa maladie ; en la désignant, il ouvre une parole sur un objet déjà externalisé.
-    Enfin le diagnostic aurait un effet déculpabilisant sur la famille, l’environnement.

Ceci posé, il nous restait à construire un texte avec les trois consignes, nous avons choisi d’écrire une chanson sur un air de RAP 


Dialogue avec un enfant de 12 ans pour lui expliquer en quoi le diagnostic renvoie à l’humain


Quand tu vas mal tu vas voir le Docteur 
Et pourquoi c’est lui qu’est si cher à ton cœur 
Lui il saura mettre des mots sur tes malheurs 
Y va t’écouter 
Ca rassure quelqu’un qui sait
C’est un pro 
Il connaît les noms de tous les bobos
A ton âge on a besoin de savoir
Les gones ne sont plus des gogos
Le Doc il a maté
Il t’a soigné
Maintenant t’as confiance  Tu retourneras le voir
Même si c’est plus grave 
Ce que tu connais tu peux le combattre
T’es d’autant plus brave
Et les autres avec leur bras dans l’plâtre
Si on leur dit rien
Y’seront jamais Humain
A taux plein 



Le second groupe devait soutenir l’idée que le diagnostic vient bloquer l’accès à l’humain, voire même rejeter dans le registre de l’inhumain.
Les consignes reçues du 1er groupe imposaient de 
-    Ne pas utiliser la Négation
-    Ne pas utiliser l’auxiliaire Etre
-    Ne pas utiliser de mot à consonne double.

Voilà comment ils en ont tenu compte, en se passant avec difficulté et humeur de l’ERREUR diagnostique.

Quelques idées force qui sont ressorties de la discussion préparatoire à l’exercice d’antithèse sur la part d’humanité dans le diagnostic

-    Importance de se libérer du diagnostic
-    Privilégier l’humain, donner de la place à la parole
-    Eviter les étiquettes
-    Enfermement dans un diagnostic exclusif et se voulant rassurant
-    Pouvoir donner de la place au silence
-    Le doute est une notion humaine nécessaire et le diagnostic n’y laisse pas la place
-    Il faut insister sur l’idée de mouvement, d’évolution du diagnostic
-    Parler aussi de l’erreur diagnostique qui peut induire des prises en charge faussées

Dialogue entre M. Diag et M. Hum

M. Hum  «Libérez-moi  »

M. Diag  «De quoi  »

M. H  « de la boite, du cadre, de l’étiquetage, de l’enfermement, de vos mots savants    »

M. D.  «  En quoi cela vous gêne-t-il que l’on vous qualifie d’Introverti puisque tous les signes que vous présentez nous le montre  »

M. H  «delà du signe, un cœur bat. Ouvrez pour moi un espace à la parole, entendez mon silence. Au delà du signe : une histoire, Mo, histoire. Prenez le droit avec moi d’évoluer, de changer, de bouger, ..., de douter    Je veux sentir, entendre, rire, pleurer, goûter, respirer  Vive les sens ... Moteur »

M. D  «vous diagnostiquais Introverti et vous voilà autre  Diagnostic  Zygomatic  ... Et mon lexic  Que vais-je devenir ... hic  »

M. H    "Et toc voilà le mot ad hoc mon capitaine »



Le groupe était composé de 

RIFAULT Catherine
HAURET Charlotte
RIMET-MEILLE Laurette
DEVILLIERES Marie-Claude
DETRET Isabelle
AUBERT Régine
GAUTHIER Dominique