Véronique HOUZIAUX, éducatrice spécialisée : Pluriels 94
INTRODUCTION :
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La libre-adhésion
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L’anonymat
Cela signifie que les éducateurs
n’exercent aucune mission de contrôle ou de surveillance, ils ne disposent
d’aucun moyen de contrainte ; il appartient aux jeunes de nouer une
relation de confiance avec les éducateurs en étant assurés que cette relation
restera dans l’intimité, sans
signalement, encore moins de dénonciation.
Le travail de Prévention
Spécialisée repose essentiellement sur un travail dans la rue, au plus prés des
jeunes et de leurs lieux de rassemblement.
Pour cette approche autour de la
parentalité, qui est une demande de plus en plus forte du département, je
m’appuie sur le travail que nous fournissons avec mes collègues. Je commencerais
par relater notre manière d’intervenir auprès des parents des jeunes avec
lesquels nous travaillons puis je m’attacherais à vous faire part de ce qu’ils
ressentent eux-mêmes.
Ü Les
jeunes rencontrés
Ce sont
les jeunes que les éducateurs côtoient dans la rue ou dans les structures de
proximité mais pour lesquels il n’y a pas ou pas encore d’accompagnement
individuel.
Notre rôle
consiste essentiellement en une création de lien social. Notre objectif est
surtout de nous faire connaître des jeunes afin qu’ils puissent nous contacter
un jour s’ils en ressentent le besoin. Nous n’avons pas forcément connaissance
de leur identité et donc pas ou peu de lien avec les parents. Cependant, nous
ne manquons pas l’occasion de parler avec eux de la relation qu’ils ont avec
leurs parents et du rôle des parents en général.
Ü Les
jeunes suivis
Ce sont
les jeunes avec lesquels s’est instaurée une relation d’accompagnement. Cela
peut être des sorties, des séjours, des accompagnements autour de la scolarité,
etc.
Dans ce
cadre la rencontre avec les parents est obligatoire (autorisation parentale
signée des parents) sinon nous ne pouvons et ne voulons emmener les jeunes.
Cependant,
celle-ci ne se fait qu’avec l’accord du jeune et dans la mesure du possible en
sa présence. Notre mission éducative est centrée sur le jeune et sur la
relation que nous établissons avec lui. Nous ne faisons aucune démarche auprès
des parents sans en avoir au préalable parlé avec le jeune et sans que nous ne
nous soyons mis d’accord sur les sujets que nous pouvions aborder.
Bien
évidemment, nous essayons de rencontrer les parents le plus possible dès que
nous entrons en relation avec un jeune. Cela nous semble très important car il
ne nous semble pas possible d’aider un jeune mineur sans avoir une connaissance
de la famille et de son fonctionnement.
Il faut
également noter que souvent il n’y a pas que les parents qui participent à
l’éducation des enfants mais aussi l’aîné de la famille et plus
particulièrement le fils. Il nous arrive de devoir d’abord rencontrer le grand
frère avant de pouvoir rencontrer les parents.
La
rencontre avec les parents n’est plus obligatoire, au regard de la loi.
Elle
demeure lorsqu’une connaissance des parents a eu lieu avant leur majorité.
Dans ce
cas, l’accompagnement reste bien souvent de la même teneur. Nous continuons à
avoir des contacts réguliers avec les parents qui continuent à être les
premiers éducateurs même si leurs enfants sont adultes.
Elle est
beaucoup plus difficile à établir lorsqu’ils sont déjà majeurs.
Ils
revendiquent leur indépendance, mais ont toutefois besoin d’être accompagnés et
soutenus. Bien souvent ils ne souhaitent pas que nous rencontrions leurs
parents.
En
prévention spécialisée, nous accompagnons, également, quelques jeunes qui
deviennent parents à leur tour. Ils ont parfois du mal à se positionner comme
tels, notamment lorsqu’ils continuent à habiter chez leurs parents.
Globalement,
le travail que nous effectuons avec les parents des jeunes majeurs reste très
important pour permettrent à ces derniers de s’épanouir dans leur vie.
3.
La représentation que les jeunes ont de leurs parents et du rôle de
parents en général
D’une
manière générale, les jeunes rencontrés par
On peut
toutefois dégager des représentations communes qu’ils ont du rôle de chacun des
parents. Ils s’entendent presque tous sur le fait que c’est du ressort de leur
père de ramener l’argent à la maison. De même, pour eux le rôle primordial de
leur mère est de s’occuper de l’entretien de la maison, des repas et de
l’éducation des enfants en bas âges.
De plus
les attentes qu’ils ont de leurs parents sont essentiellement autour de l’amour
qu’ils doivent à leurs enfants. D’une manière générale, ils disent avoir de
bonnes relations avec leurs parents et pour eux la famille reste primordiale.
Lorsqu’on
leur demande de se projeter dans l’avenir et de s’imaginer en tant que père ou
mère plus tard, ils répondent presque tous en premier le fait d’être proche de
leurs enfants, notamment par le partage d’activités de loisirs. Ils souhaitent
également assurer que l’éducation des enfants se fasse par l’ensemble des 2
parents.
La présence des éducateurs auprès
des parents permet d’accompagner le jeune dans sa globalité, tout en respectant
la place de chacun.
En général notre soutien est plus
constructif pour le jeune lorsque nous connaissons ses parents. Cependant nous
ne pouvons par perdre de vue le fait que notre mission est centrée sur le jeune
en respectant ses désirs. La prévention spécialisée était, auparavant,
presque exclusivement tournée vers le jeune, elle doit aujourd’hui prendre en
compte la dimension familiale tout en gardant ces principes fondamentaux. C’est
là toute la difficulté de l’éducateur.
Les éducateurs ont démontré les
bienfaits de l’investissement qu’ils mettent en place autour des parents des
jeunes avec lesquels ils travaillent. Le fait que le Conseil général demande de
plus en plus aux éducateurs de travailler avec les familles renforce le point
de vue de ces derniers.