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Les JOURNECRITURES

GAP Jeudi 7 et Vendredi 8 OCTOBRE 2004

 



Ecrire, c'est penser !


Lorsque du fond de sa cellule, dans la maison d'arrêt, D. écrit des bouquets de mots qui illumineront la semaine de la poésie gapençaise, écrire c'est panser ses blessures, sa solitude et se projeter dans l'avenir. Lorsque M. se roule en boule pour digérer une agression, et pose quelques mots pour comprendre, écrire c'est panser ses plaies, dépasser la douleur et continuer à vivre. Lorsque F., 17 ans, contemple les restes de son amour envolé, et ose quelques mots pour bercer sa peine, écrire c'est panser la perte, c'est créer de la vie. Lorsque P., voyageur de l'instant, vagabond toujours sur le départ, se pose autour d'une feuille de papier et raconte des bribes de sa vie, écrire c'est se rassembler, se doter d'une histoire ; écrire c'est alors panser ce qu'il y a de morcelé en soi. Lorsque F. se met en vers pour devenir en un poème une princesse Russe, écrire c'est dépasser cette vie de prof que la maladie a détruite. Lorsque G. Lui répond en trois alexandrins, entre humour et sarcasme, écrire c'est affirmer ce qu'il a été avant de fréquenter le CATTP. Ecrire pour eux est autre chose que transmettre une information. Ecrire est sublimer l'état présent, inventer, rêver, vivre enfin. La douleur des uns et des autres se transforme par l'écriture et devient pensable, partageable avec un lecteur qui ne boude pas son plaisir.

De récits de vie en poèmes, d'activités thérapeutiques en ateliers écriture, de plus en plus d'hommes et de femmes déboussolés, dépossédés de leurs repères, cherchent dans l'écriture une solution de continuité. Ecrire c'est panser le traumatisme, la perte, mais c'est aussi accomplir un travail de liaison psychique, sublimer sa souffrance. Ecrire c'est confronter sa douleur à un lecteur et espérer que cette confrontation permette qu'elle se tienne un peu plus tranquille. Ecrire c'est aussi dépasser le rôle de victime pour devenir l'auteur du récit de sa vie. Ecrire c'est encore découvrir le plaisir de jouer avec ses mots, ses affects.

Si pour l'être en souffrance, l'écriture permet d'approcher le traumatisme, de le bercer et de le relier à une histoire ; pour le soignant, l'écriture est de plus en plus encadrée, formatée par des protocoles rigides, par des transmissions ciblées qui la dépouillent de toute émotion, de tout contenu un tant soit peu élaboré et clinique. L'écriture permet le déplacement du lieu mental du dedans vers le dehors. Soignants et écrituriers acquièrent ainsi une plus grande capacité à mettre à distance leur savoir, leurs affects. Ils peuvent ainsi, en les représentant, donc en les transformant mieux les maîtriser, les manipuler, les combiner.

L'écrit est le premier temps d'une prise de distance par rapport à ce qui s'est vécu et échangé dans un soin, il est donc organisation de la pensée, et temps thérapeutique lui-même. Tout soin se constitue à partir de l'observation et de l'écoute mais également à partir de l'inscription de ce qui est observé, entendu, partagé par le soignant et le soigné. Dans ce premier temps du soin, le soignant découvre le patient. C'est à partir de l'écrit qu'il produit de cette rencontre que naît un soin qui permettra au patient comme au soignant de se réapproprier cette part de lui-même qu'il offre à l'autre, de se désengager d'une relation très prégnante pour mieux s'y engager.

Ces 2ème JournEcritures nous permettrons d'aller de l'écriture qui panse les blessures à l'écriture de ce qui soigne, de l'écriture blessure à l'écriture qui guérit, de l'écrit pensum, à l'écrit plaisir et partage. D'ateliers écriture répartis dans la ville en réflexions et échanges collectifs, nous vous invitons à flâner avec nous autour d'une écriture qui ne cesse pas de s'inventer.






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