Etat des lieux
Angers 3 et 4 décembre 1998
Organisées par l'Association Angevine de Recherche en Psychiatrie (AARP), les premières rencontres nationales du Comité Français pour la Réhabilitation Psychosociale (CFRP) ont réuni 700 personnes à Angers les 3 et 4 décembre.
Deux séances plénières, neufs ateliers, trois symposiums, le tout conduit de main de maître par Denis Leguay. Une organisation sans faille, parfois au détriment des débats qui se poursuivaient dans les couloirs.
Ces deux jours furent l'occasion pour des équipes de toute la France (de Grenoble à Caen, de Pau à Rungis mais aussi de l'étranger) de présenter leur travail autour de la réhabilitation des malades mentaux.
G. Vidon nous expliquait par quel glissement sémantique, nous en étions venus à reprendre le terme anglo-saxon en lui rajoutant juste un accent, au risque d'oublier qu'il signifie " être capable ".
Marc Habib, développant une brillante métaphore autour de l'île du soins et la presqu'île du social, rappelait le difficile dialogue entre les deux. Les rapports entre soin et social n'ont pas toujours été ceux de partenaires, mais parfois ceux de concurrents. Malgré cela, au cours de ces journées, ressortait l'impression que c'étaient les soignants qui avaient décidé d'investir la presqu'île du social, au détriment parfois de leur rôle de soignants.
Les représentants des patients eux se montraient enthousiastes quand à la place que l'on veut leur donner. Pas dupe cependant, J.P. Valcke de l'UNAFAM s'étonnait de tant d'honneur soudain, et rappelait fort justement que chacun devait tenir son rôle et celui des soignants est de soigner. P. Bantman lui donnait raison en rappelant que le premier milieu d'accueil était celui de la famille.
Les sirènes de la désinstitutionnalisation à tout prix annonçaient une nouvelle fois la disparition de l'hôpital psychiatrique (je souhaite juste qu'ils me gardent quelques pierres pour construire des asiles)
Au fil des ateliers, nous avons pu vérifier le dynamisme et la créativité des équipes pour mettre sur pied des solutions " dans la cité " pour réinsérer des patients parfois hospitalisés depuis de nombreuses années. Du bar thérapeutique au partenariat avec les foyers SONACOTRA, des idées ils sont passés aux actes.
A travers divers travaux, d'autres nous rappelaient que les " outils " de la réinsertion existent, parfois depuis très longtemps, il convient parfois de les dépoussiérer un peu, ce sont les hôpitaux de jour, CATTP et autres .
Alors, quel avenir pour la réhabilitation, à quelle aune mesurons nous une réhabilitation " réussie " ?
Pour certains, c'est le désengagement total du soignant qui la signe, au point qu'il faille remplacer toute prise en charge extra hospitalière par la création d'associations diverses et variées, animées par des emplois jeunes et autres CES….
Pour d'autre, quels que soient les moyens utilisés, c'est la qualité de vie des patients qui doit guider les actions à mettre en place.
Certains pays présents nous ont présenté leurs pratiques, et d'ici un an et demi, c'est à Paris, lors du congrès mondial que pourront de nouveau être partagées les expériences de chacun.
Gageons que le social viendra mettre son grain de sel pour rappeler que le partenariat n'est pas la tutelle de l'un sur l'autre, que ce sont des malades que l'on parle lorsque l'on parle de la réhabilitation, celle ci doit donc s'inscrire dans la durée et pour cela les soignants conservent toute leur place en partenariat avec le social
Emmanuel Digonnet