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Interviews tirées du film


Dr. Dobler

Psychiatre Centre d'accueil Reuilly secteur XV - Paris 12°

L'équipe de votre centre d'accueil se déplace-t-elle au domicile des patients qui le demandent?

Dans un premier temps nous avons pensé qu'il était plus important de concentrer nos efforts sur le travail d'accueil et le travail spécifique des entretiens en période de crise.

En ce qui concerne les visites à domicile, elles sont organisées à partir du centre médico-psychologique.

On pourrait se déplacer, mais cela demanderait un personnel suffisant pour organiser à la fois le travail d'accueil au centre 24h sur 24 et mettre en place des équipes mobiles qui se déplaceraient au domicile à toute heure.

Mme Rajablat

Infirmière au CATB - Centre d'accueil et de thérapie brève Secteur XIV - Paris 12°

- Que faites vous lorsque vous recevez un appel au centre d'accueil où l'on vous demande d'intervenir au domicile d'un patient?

- La situation est différente suivant que l'on connaît le patient ou pas. Cependant notre démarche sera la même, nous essayons de faire venir le patient au centre d'accueil.

Dans le cas de personnes que nous ne connaissons pas, c'est un travail difficile pour évaluer le risque vital qui va nous guider.

Nous allons essayer d'avoir le maximum de renseignements, s'il y a de la famille présente, ou du monde autour, ou un médecin généraliste..

On essaye toujours de mettre la famille dans le coup, de joindre le médecin généraliste ou les pompiers s'il le faut.

Nous pouvons faire appel aussi aux infirmiers du CMP qui font des visites à domicile s'ils connaissent le patient. S'ils ne le connaissent pas, c'est eux qui jugent de leurs possibilités d'intervention.
Toute la difficulté, c'est que nous sommes constamment à la limite entre la non assistance à personne en danger, la violation de domicile et la violation du secret professionnel.

M. Jouin

Ancien pompier de Paris, adjoint à la sécurité , 94 - Hôpital Esquirol.

Les sapeurs pompiers sont-ils amenés à se déplacer lors d'appels pour des problèmes d'ordre psychologique? Et qu'elle est leur action?

Cela arrive. La première chose lorsque l'on intervient chez quelqu'un, c'est d'évaluer la situation et de faire un bilan circonstancié. C'est à dire, voir les causes de l'appel, s'il y a du danger pour la victime ou pour son entourage.

Nous essayons tant bien que mal de raisonner la personne, de la maintenir dans un local où elle ne pourra pas faire trop de dégâts pour elle ou pour les autres. Sinon on fait appel à la police pour qu'il y ait un constat et en même temps, nous demandons l'intervention de nos ambulances de réanimation ou le SAMU pour que le médecin fasse les premiers soins pour calmer la victime.

Il nous arrive assez fréquemment d'intervenir pour des problèmes psychologiques, mais pour nous pompiers, on distingue deux sortes d'interventions à caractère psychologique. A savoir, les personnes qui sont très agitées, menaçantes pour leur environnement, et les personnes qui font des tentatives de suicide ou qui sont très dépressives. En ce qui concerne les intervention "médicalisées psychiatriques", c'est à dire les tentatives de suicide réalisées, nous prenons les mêmes dispositions que pour des interventions médicales "ordinaires".

Dr. Lepresle

Médecin anesthésiste-réanimateur, SAMU de Créteil, 94- Hôpital Henri Mondor.

Dans quel cadre intervenez vous pour des problèmes d'ordre psychologique?

Nous intervenons essentiellement sur des appels à la suite de tentatives de suicide. Nous intervenons à chaque fois qu'il existe une urgence vitale, c'est à dire à chaque fois qu'il existe une menace directe pour la vie de la personne.

Les appels qui arrivent au SAMU sont de diverses origines. Ce sont soit directement les pompiers sur place qui ont été appelés par le 18 et qui demandent notre aide, soit les appels nous parviennent par le centre 15.

Ils sont donc d'abord reçus par des permanencières, auxiliaires de régulation médicale. Ce sont des personnes particulièrement formées qui vont estimer s'il s'agit d'un appel d'un "patient psychiatrique", mais qui ne requiert aucune intervention du SAMU. Elles vont le prendre en dialogue ou l'orienter vers un centre spécialisé comme SOS amitié ou Ecoute. Soit elles estiment qu'il y a en effet une urgence vitale et elles vont transférer leur appel au médecin régulateur qui lui va juger de l'urgence et envoyer éventuellement une équipe.

On nous appelle parce que nous avons une certaine image au SAMU de gens qui interviennent très rapidement, avec à leur bord du matériel, des médecins bien formés à la réanimation, et donc il y a un minimum de perte de temps qui est tout à fait favorable au patient.

Vis à vis du secteur psychiatrique, il existe à mon avis un certain manque, dans la mesure où l'on a pas mal de patients qui nous appellent régulièrement. Ce sont de toute évidence des "patients psychiatriques", que l'on connaît par leur prénom ou leur numéro de téléphone, que l'on identifie très facilement parce qu'ils nous racontent toujours la même histoire. Ce sont des patients qui manquent de prise en charge, chez lesquels on sent une certaine détresse morale et vis à vis desquels nous nous sentons très démunis. La seule chose que nous pouvons leur proposer est de dialoguer, et la fréquence de leurs appels montre bien qu'ils ne sont pas pris en charge. C'est sans doute qu'ils ne sont pas demandeurs, mais c'est vrai que là il y a une carence parce qu'ils nous occupent une ligne d'urgence pendant un temps prolongé. On ne va pas leur raccrocher au nez, on est bien sûr obligés de leur parler mais on n'a pas forcément l'impression de leur rendre service correctement. Là les psy auraient probablement une place à prendre pour qu'ils soient mieux pris en charge et mieux traités.

Commissaire Joubert

Commissaire de Charenton 94 -Val de marne

Vos services sont-ils amenés à se déplacer dans le cadre de troubles psychiatriques?

Il existe deux catégories de sollicitations pour lesquelles nous sommes amenés à intervenir: la crise de démence au sens strict du terme, avec des variantes comme le forcené cloîtré avec otage ou non, la tentative de suicide, la crise de violence seule; et d'autre part il existe les signalements hors urgence, par l'intermédiaire d'un appel de police secours, d'un courrier ou d'une déclaration faite au poste de police.

La fréquence de nos contacts avec l'univers de la maladie mentale est relativement soutenue, d'une part en ce qui concerne les cas de désespérés menaçant de se suicider et d'autre part dans le cadre de nos interventions pour les placements d'office ou les hospitalisations à la demande d'un tiers. Dans ces cas, nos services se limitent plus à un rôle de conseil voire de soutiens à d'autres service, qu'ils soient médicaux, sociaux ou autres.

En ce qui concerne nos interventions, nous n'avons pas de schéma préétabli, lorsque nous agissons dans le cadre de l'urgence, c'est l'événement qui commande. Lorsque nous travaillons à froid, à la suite d'un signalement par exemple nous essayons de nous rendre compte du milieu autour duquel évolue le patient, de nous rendre compte éventuellement d'une dangerosité existante ou non, de prendre contact avec la famille, avec le médecin de famille également si nous arrivons à le connaître. Ce sont des cas d'espèce à étudier point par point.

Nos limites légales sont définie par le code de la santé publique en ce qui concerne particulièrement le hospitalisations d'office ou sur demande d'un tiers. D'autre part, nous avons une autre limite légale pour ce qui concerne très précisément l'intervention à domicile. En effet, il y a un grand principe de respect du domicile et nous ne pouvons y porter atteinte que dans des cas très précis comme le crime ou le délit flagrant et la nécessité de porter secours à un tiers.

Nous avons des contacts avec le secteur psychiatrique géographiquement compétent à plusieurs niveaux. D'une part nous avons sur la circonscription l'hôpital Esquirol qui est une structure psychiatrique spécialisée dont nous essayons de tirer profit. A cet égard, nous pouvons avoir contact soit avec les médecins de permanence, soit en cas d'urgence avec l'administrateur de garde de cet établissement pour nous apporter une solution technique dans le cadre de ses possibilités. D'autre part, nous pouvons faire également appel au centre d'accueil et de crise qui travaille plus précisément sur Charenton et à un centre pour adolescents ainsi qu'en cas d'urgence au psychiatre de l'hôpital général de Créteil.

Dr Lecocq

Médecin généraliste, 94 - Saint Maur

Etes vous appelé pour des visites à domicile pour des patients souffrant de troubles psychologiques?

Les visites à domicile sont surtout réservées aux personnes qui ne peuvent pas se déplacer, qui ont de la fièvre en général.

En matière de santé mentale, personnellement, je suis rarement appelé au domicile des patients même si l'on intègre les notions de contexte dépressif ou d'anxiété. Les interventions se font plutôt au cabinet du médecin.

En visite à domicile, nous sommes d'avantage amenés à intervenir pour des diagnostiques psychiatriques de gravité variable lorsque l'on est de garde. Le type de demande que l'on peut trouver en garde, ce sont surtout des états d'agitation psychomotrice, des épisodes délirants, des choses de cet ordre. Souvent c'est dans un climat d'urgence, en tout cas ressentie par l'entourage qui habituellement fait cette demande. La demande vient moins de l'intéressé lui même.

Les réponses que l'on apporte, on tâche toujours de les personnaliser le mieux possible. C'est à dire que se situant plus dans l'intervention ponctuelle, et non dans le cadre du suivi du patient, cette réponse sera variée. On essaye de le maintenir à domicile avec éventuellement charge pour la famille ou l'entourage de reprendre contact avec l'équipe psychiatrique qui suit le patient, et éventuellement prise de contact le lendemain avec le médecin généraliste ou le confrère qui le voit habituellement.

Si la situation est jugée urgente, dangereuse pour l'intéressé ou son entourage, bien entendu se pose le problème de l'hospitalisation en urgence. A ce moment là, les choses ne se font non pas directement vers le secteur psychiatrique, mais par le biais du service des urgences d'un hôpital général.

Bien entendu, ce n'est pas toujours satisfaisant, parce que, intervenant de manière très ponctuelle, on a des réponses qui ne sont souvent pas très adaptées. Connaissant mal le patient, on ne peut bien entendu pas mettre en place un entretien à caractère "psychologique".

Quand on intervient en garde, on a trois urgences qui attendent derrière dont on sait la nécessité de s'y rendre, on n'est pas dans un climat favorable à un entretien psychologique par exemple.

 


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