Mme  Chantal ROUSSY                                                                            Paris le 25 mai 2010

Représentante des Usagers

Unafam-Paris

101, avenue de Clichy

75017 PARIS                                                                                           

 

 

Monsieur le Docteur XXXXXXXXX

Médecin chef du  XXXXX  secteur

Centre Hospitalier Sainte-Anne

1, rue Cabanis 75013  PARIS

 

Objet : émission ARTE du 13 mai 2010

 

 

Docteur,

 

La projection du film réalisé au C.H Sainte-Anne et diffusé par ARTE, en date du 13 mai 2010, a suscité auprès des usagers et de leurs familles, une très vive émotion et une très grande inquiétude.

Ce reportage met en évidence de graves dysfonctionnements en matière d’accueil et de prise en charge du patient.

D’autre part, outre la dégradation sensible de l’image de marque de la psychiatrie, cet état de fait est de nature à porter préjudice tant aux malades qu’à leurs proches.

 

  I.      NOS CONSTATATIONS

 

1-       Non respect de la confidentialité des informations relatives au patient

Documents de référence :

·         Code pénal : article 226-13 (ordonnance n° 2009-916 du 19-09-2000)

·         Code de la santé publique : article L. 1110-4

·         Code de déontologie médicale : article 4(art. R 4127-4 du code de la santé publique)

·         Charte du patient hospitalisé en psychiatrie

·         Certification V 2010 – Critère 10c :

- L’organisation  et les pratiques de l’établissement permettent le respect de la confidentialité des informations relatives au patient.

       - Les modalités de partage des informations relatives au patient permettent le respect de  la confidentialité. 

 

Constat :

Divulgation, tout au long du film, de l’identité des patients et des informations médicales les concernant.

 

2-       Non respect de la dignité et de l’intimité du patient

Documents de référence :

·         Code de déontologie médicale : article 2 (art. R 4127-2 du code de la santé publique)

·         Certification V 2010 – Critère 10b :

- Les soins y compris les soins d’hygiène, sont réalisés dans le respect de la dignité et de l’intimité des patients.

 

Constat :

La caméra dévoile l’intimité d’une jeune malade durant son déshabillage par les infirmiers.

Le pyjama est imposé à la majorité des patients.

Recours au tutoiement par un jeune infirmier ; « Tu n’as pas le droit d’être habillé en civil… »

 

3-       Actes de maltraitance « ordinaire »

Documents de référence :

·         Etude C.Compagnon et V. Ghabi – 2009 « La maltraitance »

·         Certification V 2010 – Critère 10a :

        - L’expression des patients et de leurs proches est favorisée.

       - Des actions de sensibilisation des professionnels à la prévention de la maltraitance et à la promotion de la bientraitance sont mises en œuvre.  

       - Des actions visant la prévention de la bientraitance sont mises en œuvre.

 

Constat :

Recours à des méthodes d’autorité. Menace et humiliation des patients : « Ici ce n’est pas une porcherie, on va vous rattacher avec des piqures aux fesses… »

Intervention d’un jeune soignant, apparemment débutant : « Je vous sens très tendu. On va vous donner des médicaments ». Mise sous contention immédiate du dit patient en raison de son agressivité verbal (7 soignants autour du lit).

Sentiment d’« extorsion » d’un consentement du patient en vue d’un électrochoc : « C’est juste un acte administratif ».

Impression de lutte permanente entre patients et soignants (de l’« engueulade » à la punition). Aucune recherche d’alliance thérapeutique, ni même de tentative de conciliation avec le patient.

D’une façon générale, pas d’impression de recherche de consentement éclairé du patient.

Les professionnels n’entendent pas ce que leur disent les malades. Exemple, Chloé : « On n’a jamais eu de vraie discussion »

 

4-       Carences dans la  démarche qualité de la prise en charge médicamenteuse du patient

Documents de référence :

·         Certification V 2010 – Critère 20a :

- Des actions de sensibilisation et de formation des professionnels au risque d’erreurs  médicamenteuses sont menées.

- L’information de la prise en charge médicamenteuse est engagée.

- Les règles de prescription sont mises en œuvre.

 

Constat :

Impression de flou général sur les diagnostics et surtout sur les traitements. Ex : question d’un praticien à l’un de ses collègues « Le lithium en injectable, ça existe ? »

Les infirmiers ont recours eux-mêmes à la prescription de compléments de médicaments et commettent des erreurs. Discussion entre une soignante et son jeune collègue, Mathieu, en désaccord sur le traitement à administrer au malade.

 

 

II.      NOTRE QUESTIONNEMENT

 

·         Respect de la confidentialité des informations relatives au patient

A l’issue d’une éventuelle démarche d’autoévaluation, des actions d’amélioration en matière de respect de la confidentialité des informations relatives au patient ont-elles été entreprises ? Dans l’affirmative, sous quelle forme ?

 

·         Respect de la dignité et de l’intimité du patient

L’évaluation du respect de la dignité et de l’intimité des patients a-t-elle été réalisée ? Dans l’affirmative, à quelles actions d’amélioration a-t-elle donné lieu ?

 

·         Prévention de la maltraitance et promotion de la bientraitance

Des actions visant la prévention de la maltraitance et la promotion de la bientraitance sont-elles suivies et évaluées ?

A savoir :

- Mobilisation de tous les acteurs institutionnels,

- Mise en place de groupes de réflexion éthiques, groupes de paroles et de soutien, etc.

- Diagnostics et dépistage de la maltraitance dans le cadre des pratiques quotidiennes, établissement et analyse de fiches de signalement d’événements indésirables, etc.

 

·         Carences dans la  démarche qualité de la prise en charge médicamenteuse du patient

Le programme d’actions prévu dans le CBU (Décret n° 2008-1121 du 31 octobre 2008 relatif au contrat de bon usage des médicaments et des produits de prestations) est-il respecté ?

Des actions d’amélioration sont-elles mises en place suite aux différentes évaluations éventuelles effectuées et à l’analyse des erreurs avec rétroinformation des professionnels ?

 

 

Dans l’espoir que nos préoccupations seront prises en compte dans le cadre d’une démarche globale d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins, nous vous prions de croire, Docteur, à l’assurance de notre sincère considération.

 

 

Chantal Roussy

Représentante des usagers CH Sainte-Anne