« Mais c’est un Homme. L’appel contre les soins
sécuritaires »
COMMUNIQUÉ DE PRESSE -
01/12/2010
Décision du
conseil constitutionnel
à propos des
internements psychiatriques :
petit pas ou
premier pas ?
La
décision du 26 novembre du conseil constitutionnel doit être mise en application
au 1er août 2011, ce qui précipite et date la question d’une loi sur
le « soin sans consentement » : juin 2011.
Positivement, le conseil constitutionnel introduit que la loi de 1990 est
partiellement contraire à la constitution et exige l’obligation de contrôle
effectif d’un juge judiciaire. Cependant, le « psychiatrique » demeure toujours
dans une exception, les 15 jours, au regard notamment de la propre jurisprudence
du Conseil Constitutionnel en matière de privation de liberté et d’atteintes aux
libertés individuelles, par exemple de la garde à vue ou du droit des migrants
irréguliers. Nous considérons toujours pour notre part que la loi du 27 juin
1990 n’est qu’un simple toilettage de la loi du 30 juin 1838, et en tant que
telle doit être abrogée en faveur d’une loi de droit
commun.
Négativement, il « constitutionnalise » l’internement psychiatrique à la
française, puisqu’il rejette le placement de l’intégralité de la procédure
d’hospitalisation sous contrainte sous l’autorisation et le contrôle du juge de
l’ordre judiciaire en raison des garanties existantes.
L’hospitalisation
d’office, le pouvoir du préfet, la dualité de compétence justice administrative/
justice civile, certes non comprises dans la question prioritaire de
constitutionnalité, ne sont pas évoqués.
Ce
camouflet à la loi de 1990 mais également au projet sarkozyste de sa révision ne
donne aucune garantie sur le retrait de ce projet pas davantage que celui de la
circulaire du 11 janvier 2010 à l’attention des préfets.
Nous
nous devons d’accentuer notre lutte contre ce projet de loi qui profile la
société de surveillance, une psychiatrie instrumentalisée par la nouvelle
gouvernance et la politique de la peur.
Répéter
et imposer :
- Que toute hospitalisation sans consentement doit être
exceptionnelle et répondre à un état de nécessité clinique et de protection des
personnes, et non à une loi de police. Elle doit se réaliser alors dans tout
lieu de soin agréé. Nous posons sans équivoque les questions de la conception de
la folie et de son soin, des moyens et des professionnalités, en opposition au
cours actuel.
- Que cela implique de considérer la personne au regard des droits
de l’homme et du citoyen, mais aussi du droit commun. La psychiatrie gagnerait
en dignité, en légitimité, en éthique de la responsabilité, à ce que l’autorité
judiciaire remplisse son rôle de « gardienne de la liberté individuelle » dans
ce domaine. Le patient psychiatrique est un citoyen ; il doit conserver ses
droits ; il doit bénéficier d’un droit de recours périodique et effectif (y
compris sur les traitements).
- Que l’enfermement ne soit pas le modèle psychiatrique, quand
bien même il s’agirait d’un enfermement dehors avec traitement chimiothérapique
contraint, voire géolocalisation. La décision du conseil constitutionnel devrait
d’ailleurs du coup rendre plus difficile les « sorties d’essai » longues, et
même les « soins sans consentement en ambulatoire » à vie pourtant en vue dans
la politique sarkozyste.
- Que soit écartés les projets de garde à vue psychiatrique de 72
heures (a fortiori de 15 jours), et de « soins sans consentement » en
ambulatoire.
Cette
décision du conseil constitutionnel a le mérite d’ouvrir un débat public
médical, juridique, politique et législatif. De manière accélérée, se trouve
confirmée l’urgence de faire valoir une contre position massive et une
alternative de refonte radicale qui prenne en compte l’ensemble de la question
du soin psychique. « L’appel contre les soins sécuritaires – Mais c’est un
Homme » s’inscrit dans cette perspective.