Retour à l'accueil
Retour Mobilisations


Accoyer





Les récentes déclarations de Monsieur Bernard ACCOYER, citées par Eric Favereau, dans un article paru dans Libération le 5 décembre dernier, ne peuvent que nous inquiéter.
" J¹ai évolué, avoue-t-il, et c¹est vrai que désormais il ne faut plus, à mon avis, inclure la psychanalyse dans le champ des psychothérapies, et donc de mon amendement. De plus, il ne faut réglementer que les psychothérapies lourdes, celles qui tentent de prendre en charge des troubles mentaux, et non pas simplement les bleus de l¹âme ".

A l¹issue d¹une réunion qui s¹est tenue à Tours ce mercredi 10 décembre au soir, les personnes présentes (psychanalystes, psychologues, étudiants en psychologie), se sont mises d¹accord pour signer et diffuser le manifeste ci joint, devenu d'autant plus pertinent après cette déclaration de Bernard Accoyer. La psychanalyse se trouve exclue du champ du soin psychiatrique, reléguée à la prise en charge des " bleus de l¹âme ". Il ne s¹agit en aucun cas d¹un recul de l¹amendement Accoyer, mais une confirmation que la Psychanalyse est écrasée et balayée.

Notre initiative a pour but premier d¹alerter nos sénateurs d¹Indre et Loire, à qui nous demanderons d¹intervenir au Sénat lors du débat qui aura lieu le 10 janvier 2004. Nous demandons le retrait pur et simple de l¹amendement Accoyer, quelles qu¹en soient les reformulations qui seront proposées.

Nous avons pris la décision de diffuser ce manifeste et cet appel à signatures le plus largement possible. Au mieux, faites le signer et transmettez les signatures à vos sénateurs. Vous pouvez également les renvoyer à l¹adresse ci dessous:

Françoise TOMENO
22 avenue de la République
37100 TOURS.

A diffuser sans modération.

MANIFESTE CONTRE L¹AMENDEMENT ACCOYER ET CEUX QUI SUIVRONTŠ



L¹amendement ACCOYER est l¹aboutissement d¹une longue histoire. Depuis 1995, la grande restructuration du système public de santé a commencé.
En psychiatrie, la Mission Nationale d¹Appui en Santé Mentale, dite encore Mission MASSE, restructure à tout va, c¹est-à-dire travaille au démantèlement méthodique des institutions de soins du service public de psychiatrie. Diminution drastique des lits, diminution de places dans les hôpitaux de jours, regroupements des structures extrahospitalières pour faire des gains de productivité vont de paire avec l¹exclusion de tous les patients qu¹ils ont décrétés ne plus relever du secteur sanitaire mais du secteur médico-social ou social, secteurs tout autant en déshérence que la psychiatrie et qu¹on a aussi commencé à restructurer. La privatisation rentable est en marche. C¹est le sens de la restructuration actuelle.

Détruire les institutions de soins nécessite d¹établir les critères d¹indication de ces soins tout autant que leur définition. Le rapport CLERY-MELIN, le dernier en date chargé de réduire la psychiatrie, précise les conditions d¹accès aux psychothérapies catégorisées, balisées, contrôlées, évaluéesŠ.Il définit ainsi le cadre du marché de la psychothérapie qui conduit inéluctablement, dans cette logique, à exclure nombre de sujets qui d¹ailleurs sont rejetés du système de soins. Un marché doit définir les critères de sa rentabilité !

Définir les critères des soins et les soins entraîne tout aussi logiquement de déterminer ceux qui vont les effectuer. Le pouvoir médico-économique que les politiques appellent de leurs v¦ux, convoque donc les médecins à évaluer et à prescrire, à mettre les non médecins sous leur dépendance.

Il en résulte une attaque en règle contre la psychanalyse, sa pratique au sein même du service public, et contre les psychothérapies. Les demandeurs devront passer sous les fourches caudines des prescripteurs médico-économiques.
Ceci ne peut entraîner que notre refus total. Nous exigeons donc le retrait de l¹amendement ACCOYER quelles qu¹en soient les reformulations qui ne vont pas manquer de surgir aujourd¹hui ou demain.
La paramédicalisation des psychothérapies, lourdes ou légères, et de la psychanalyse est inacceptable.

S¹il y a quelque chose à faire, c¹est de reconnaître le travail accompli par nombre de praticiens et, entre autres, par ceux qui travaillent dans les conditions calamiteuses du système de santé en général.
Les psychologues, par exemple, attendent autre chose que d¹être paramédicalisés par le biais de la pratique des psychothérapies. Ils attendent une refonte de leurs études ouvertes à la totalité du champ des sciences humaines et immergées dans les divers champs de la pratique. Si la psychothérapie et la psychanalyse n¹étaient que des techniques, çà se saurait depuis longtemps. Même les psychothérapies les plus codifiées, les plus technicisées, n¹empêchent quiconque de se trouver confronté à ce qu¹il met, sans le savoir, dans sa pratique de l¹humain. Ce que cela nécessite alors comme démarche ne sera toujours qu¹un acte qui engage le futur psychothérapeute et ne saurait être ni codifié ni légiféré.

Limiter l¹accès aux soins est devenu le seul objectif de nos technocrates, associé au souci constant d¹obtenir la rentabilité maximale. Ils s¹en chargent parfaitement en limitant au maximum les effectifs dans toutes les professions du service public de santé.

Cela aussi nous le refusons.









nous contacter:serpsy@serpsy.org