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SERPSY AU COLEGPSY
SERPSY, association constituée de différents acteurs de la santé mentale, après mûre réflexion, s'est engagée dans le projet des états généraux de la psychiatrie de Montpellier jusqu'en devenir un co-organisateur essentiel. Essentiel parce que partageant l'avis de nombreuses personnes attentives à une approche citoyenne, humaine et solidaire de la santé mentale et non pas une corporation en particulier. Essentiel parce que concerné par un quotidien difficile souvent exprimé sur le forum Internet, concerné aussi et surtout parce beaucoup d'entre nous ne baissons pas les bras et inventons de nouvelles façons d'envisager le présent et l'avenir quitte à abuser de l'utopie. La présence de SERPSY aux états généraux, quel que soit le débat, a permis l'espoir d'être dorénavant écouté et engagé dans les réflexions et les décisions futures. Le contenant des états généraux est en ce sens encourageant, tous ensembles réunis au même endroit pendant trois jours, c'est déjà l'exploit.
Le contenu n'est en fait qu'un début, le nombre important de personnes, les individualités d'exercice n'ont certes pas permis une expression collective et exhaustive de la situation mais font la preuve que la rencontre est possible. D'autres étapes nous attendent, sous diverses formes dans de multiples lieux. Il nous revient à tous dès maintenant de continuer la discussion là où nous sommes, à chaque fois que l'occasion se présente et si elle ne se présente pas, il nous revient à tous de la provoquer. Tenons-nous au courant, soyons vigilants, prenons une bonne bouffée d'air car l'avenir risque d'être pollué par des idéologies asilaires voire pires mais existe-t-il quelque chose de pire que l'asile, je n'ose y songer.
L'esprit SERPSY et c'est une chance est de plus en plus partagé par ceux qui se sont nommés eux-mêmes les usagers. Nous répondons en quelque sorte à leur slogan international: « Nothing about us without us ! ».
A Montpellier, tout aurait dû commencer par eux. Celles et ceux à qui notre exercice est dédié. Mais comme tout devait finir par des motions issues d'un caramel mou obtenu par le formatage de masse et la balance des blancs, les EG ne pouvaient ouvrir le débat en donnant d'emblée la parole au seul interlocuteur capable de mettre tout le monde d'accord sur la nécessité impérieuse de modifier l'accablante vérité de la psychiatrie française. Comme on donne de la confiture pour mieux faire passer le goût amer de la polémique, les querelles corporatistes, le lobbying de couloir, les revendications salariales, les ajustements historiques et autres règlements de comptes ont rassuré sur l'authenticité d'un cheminement intellectuel menant du doute à la compréhension partielle de l'événement. Les différents arguments et autres points de vues géographiques, issus de la cécité ou de la nécessité de chacun sont devenus causes communes, causent ensembles ou cause toujours, les rêveurs refa!
isant le monde, les autres instituant l'enfer.mement à coup de pragmatiques sanctions. Tout aurait dû commencer par eux mais ils ont eu le dernier mot, celui de l'émotion. Ce dernier mot nous invite, à fortiori aujourd'hui, à tout recommencer encore et encore, ensemble plus que jamais, avec et pour eux.
Du boulot c'est pas ce qu'il va nous manquer. Au cas où quelques-uns d'entre-nous ne le sauraient pas, nous sommes bien évidemment en 2005 mais nous allons surtout entrer dans l'ère du SROS III. Période glacière ? Caniculaire ? Qu'allons nous proposer en ayant à l'esprit qu'à terme du SROS IV nous devrons rendre clefs, tabliers et autres crécelles rassurant les foules quant à la pertinence d'enfermer, de cacher cette autre plus déviant ou en tous cas vers un autre côté que celui sensé censé aller droit. Tout va mal en ce moment surtout vers 20 H au moment où juste ment le journal. Quelle est donc cette folie qui nous prend et que nous ne saurions canaliser autrement que par voie hertzienne, filaire, cellulaire. N'est-ce pas depuis la fin de la dernière guerre que certains esprits marqueurs de différence et donc d'espoir se sont recroquevillés car neuroleptisés, laissant toute place à d'autres non éloquents, silencieux, contagieux qui depuis ont fait que la société non pas se transforme et donc évolue mais s'uniformise et donc stagne. Je traduis ma pensée : « la société ne serait-elle pas devenu folle de ne plus savoir écouter le délire, la folie de l' homme ? ». Nous allons bientôt entrer dans l'ère du SROS III. Période glacière ? Caniculaire ? Qu'allons nous proposer en ayant à l'esprit qu'à terme du SROS IV nous devrons rendre clefs, tabliers et autres crécelles arguant les foules que la folie est un bien meilleur régulateur social que l'asile qui tend à l'enfermer ?
Je me demande ce qui pourrait séduire aujourd'hui quelques candidats à l'exercice de nos professions respectives, partageant la prise en charge de cet autre nous même atteint de souffrance psychique. Persiste-t-il un sens commun voire plusieurs car la diversité est précieuse, permettant à chacun de comprendre qu'il fait partie d'un tout réfléchissant, améliorant l'existence ? Ne sommes-nous pas résolus à compter nos petits sous, nos moindres acquis, espérant qu'ils nous porteront au moins jusqu'à.. d'ailleurs avouons-nous le point de non-retour où nous ne pourrons même pas dire : « Nous avons tout tenté ! ». A l'heure où tant d'idées, mises en débat, houleux mais probants, à l'heure où tant d'expériences scellent l'identité d'une psychiatrie à la française, à l'heure où quelques-uns ont choisi la cité quand encore beaucoup trop à mon goût regardent les hôpitaux se remplir jusqu'à ne plus soigner voire même ne plus contenir, n'est-il pas temps de nous unir enfin pour exiger de ceux qui nous gouvernent autre chose que des conseils, autre chose que du sécuritaire, autre chose que des condoléances, autre chose qu'un rattrapage et l'utilisation honteuse d'un double meurtre pour faire « passer » leur plan de santé mentale.
Notre panel, nos différents métiers, nos différentes pratiques nous permettent d'apaiser nombre de souffrances de nos contemporains et certainement au passage les nôtres. En théorie essentiellement, car la pratique redevient désastreuse. Dans quelque temps si rien ne se passe nous allons revenir à l'époque du barbelé, du patron et de ses gardiens. Le pire est que la société nous sera reconnaissante. N'est-il pas encore temps donc, de demander, d'exiger ensemble des moyens pour fonctionner bien sûr mais aussi de nous organiser pour que chaque citoyen puisse être d'abord toujours reconnu en tant que tel mais surtout recevoir la même qualité des soins où qu'il vive, qui il soit ?
Olivier Mans