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Derrière la criminalisation des malades mentaux
se profile l’ombre de nouvelles Bastilles

 

 

Depuis le drame de Pau, les médias ont relancé une nouvelle campagne de stigmatisation des malades mentaux. Selon eux pathologie mentale est forcément synonyme de « Fou dangereux ». Cela révèle pour le moins une méconnaissance totale de la part de ces auteurs de la réalité du fait psychopathologique.

Va-ton reconstruire de nouvelles Bastilles ?

Partant de l’idée « tout schizophrène est un meurtrier en puissance » on aboutit vite à des « solutions » (reprises par des politiques d’extrême droite mais aussi de droite) envisageant l’enfermement à vie de ces personnes.

Si l’on suivait cette logique, nous n’assisterions pas au retour de l’Asile mais bien à celui de la Bastille !

Faut-il rappeler que la Bastille permettait de mettre au secret tout Citoyen sans autre forme de procès qu’une « Lettre de Cachet ». Il n’y avait aucune possibilité de contester la mesure.

Si l’on suivait cette logique, ce sont des dizaines de milliers de nos Concitoyens qu’il faudrait embastiller préventivement à vie !

Allons nous permettre le retour d’un nouvel eugénisme ?

Rappelons qu’Avant-Guerre le Professeur Carel (Prix Nobel de médecine) avait prôné « l’élimination physique par des gaz appropriés de tous les asociaux et des tarés improductifs ». Durant l’occupation 40 000 malades mentaux sont morts de faim dans nos hôpitaux psychiatriques.

C’est suite à cette « extermination douce » que la psychiatrie française a mené un combat sans relâche de dé-stigmatisation des malades mentaux et de reconnaissance de leur Citoyenneté !

Certes, nous n’en sommes encore pas au retour de l’eugénisme.

Néanmoins, si l’on suivait le raisonnement de ceux qui voudraient revenir au « Grand Enfermement » des malades mentaux, se poserait rapidement le problème du coût exorbitant de cette mesure.

Et chacun sait combien les libéraux qui nous gouvernent sont attachés à réduire toutes les dépenses de l’Etat pour les mettre au service de l’augmentation des profits des actionnaires du CAC 40.

Et, à ce moment là, on pourrait craindre le pire !!!

De nombreuses voix s’élèvent contre cette campagne

Face à cette campagne odieuse de nombreuses voix se sont élevées cette été et continuent à s’élever.

Parmi celles-ci voici le texte de la motion adressée au Ministère de la Santé par le Conseil d’Administration de l’Hôpital de Maison Blanche, sur proposition des représentants de la CGT :

 « Depuis le début de l’été nous assistons à une multiplication d’informations dans les médias, faisant état d’évasions de malades mentaux. Rappelons que ce sont les détenus qui s’évadent pas les malades. Et qu’en ce qui concerne les patients sous contrainte, il ne s’agit pas d’évasions, mais d’absences irrégulières ou éventuellement de fugues.

Cette campagne tend à assimiler les patients dont nous avons la charge avec de dangereux criminels.

Il faut espérer que les pouvoirs publics sont convaincus de ces faits et aideront à stopper ces errements

Cette campagne médiatique ne peut que renforcer artificiellement le climat d’insécurité vécu par nos concitoyens.

L’histoire nous a appris que chaque fois que l’on a associé campagne de délation et stigmatisation des malades mentaux, ce sont les libertés publiques qui étaient remises en causes.

Nous ne saurions accepter les excès émotionnels et leurs conséquences d’une campagne sécuritaire remettant en cause les libertés et droits  de nos patients à commencer par la confidentialité des données médicales.

Nous exigeons du Ministère qu’il prenne toutes les mesures pour faire cesser cette campagne odieuse. » Adopté à Paris le 14 septembre 05

 

Multiplions les initiatives pour dénoncer cette campagne

Chacun individuellement et collectivement à une responsabilité face à cette campagne.

Chacun individuellement et collectivement peut agir autour de lui et imposer de mettre un terme à cette campagne immonde.

Amplifions la riposte à cette campagne pour qu’enfin les personnes souffrants de pathologie mentale ne soient plus mises au ban de notre société, mais soient reconnues comme des Citoyens au même titre que celles souffrant de rage-de-dents !

Car comme le disait François Tosquelles « Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est l’homme même qui disparaît. »

 

                                                                                              Serge Klopp