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Psychiatrie : face aux dérives sécuritaires Maintenir la psychiatrie du coté du soin



Au cours de l’été 2005, la psychiatrie a été à la « une » des médias. Les «  évasions de détenus hospitalisés dans les services de psychiatrie » ont défrayé la chronique.

Les réponses du ministre annoncées le 9 Août sont essentiellement  orientées vers le « tout sécuritaire » Elles n’apportent aucune solution à la grande misère de la psychiatrie et aux attentes des personnels pour améliorer les soins.

 


Depuis le double meurtre de Pau, on parle beaucoup de la psychiatrie, mais on en parle d’une curieuse manière : « insécurité », « dangerosité » de certains patients, et tout au cours de l’été « évasion de détenus hospitalisés ».

 

La psychiatrie ne pouvait rester longtemps hors des politiques sécuritaires et du « tout répressif » préconisés par le gouvernement et le président de l’UMP N.Sarkozy.

Leur objectif n’est pas de combattre la pauvreté et l’exclusion, mais de faire la guerre à ceux qui en sont victimes. « l’Etat Pénal », remplace les politiques sociales.

Nos gouvernants ressuscitent la peur des « classes dangereuses ». Nous assistons au retour de la figure du fou menaçant la société qu’il faut avant tout surveiller et enfermer

 

L’évasion de détenus hospitalisés est d’abord la conséquence de ces politiques répressives.

 

L’incarcération de plus en plus systématique (« tolérance zéro ») a pour conséquence la présence en prison de personnes pour qui d’autres solutions auraient pu être imaginées, notamment des personnes nécessitant des soins psychiatriques. On ne peut dès lors hypocritement s’étonner de la proportion du nombre de détenus « ayant des troubles psychiques ».

 

La prison ne fait bien sûr qu’aggraver les choses. Rappelons que le taux de suicides y est 6 fois plus élevé que dans la société.

 

La précarisation générale de la société, la réduction catastrophique de la prévention, dans le travail social et la psychiatrie poussent à la marginalisation et à la délinquance. Elles créent toutes les conditions de « passages à l’actes » qui pourraient être évités.

 

En bout de chaîne la psychiatrie doit faire face à ces choix politiques gouvernementaux en accueillant de plus en plus massivement les patients hospitalisés en « HO carcéraux ».

 

Les chiffres révélés par la direction du C.H.du Rouvray sont impressionnants :

4 en 1992 ; 56 en 2004….et 49 de janvier à mi-Juillet 2005, un rythme de 2 par semaines !

 

Comment dès lors s’étonner de la multiplication des évasions, l’hôpital étant et devant rester un lieu de soins et non un lieu d’enfermement ?

Toutes les « solutions » proposées dans ces conditions à la psychiatrie s’inscrivent dans les logiques gouvernementales sécuritaires et répressives.. Elles sont de mauvaises solutions (présence de policiers dans les locaux, unités d’hospitalisation spécialement aménagées, bracelets électroniques…).

 

Il faut commencer par rappeler haut et fort ces évidences, même si, les équipes de soins devront ensuite trouver les moins mauvaises solutions, dans leurs pratiques pour permettre, malgré tout, les meilleurs soins possibles

 

Rien de neuf Monsieur le Ministre. !

 

Xavier Bertrand s’est en effet contenté d’annoncer

1) « l’accélération » du Plan Santé Mentale, ce qui a tout d’une mauvaise plaisanterie quand on sait que les budgets des établissements n’étaient même pas encore arrêtés et connus en juin et que les ARH n’avaient pas reçu le financement du « plan santé mentale » !!!

 

2) « un programme d’actions spécifiques centré sur la sécurisation des personnels et des malades » en particulier pour la prise en charge psychiatrique des détenus. Ce programme prévoit le recrutement des vigiles et la création d’UHSA (unités spécialement aménagées pour les détenus)

L’imagination sécuritaire de notre ministre n’a plus de limites, puisqu’il propose dans l’attente des UHSA la création d’UMAP (unités pour malades agités et perturbateurs) sic !!!

On se croirait revenu à l’asile du XIXeme siècle avec son pavillon des « agités », celui des « dangereux » celui des « médico-légaux »…

Pour la C.G.T. au contraire, c’est avant tout en disposant de personnel suffisant pour soigner dans de bonnes conditions tous les patients (y compris les détenus hospitalisés)…que la psychiatrie publique assurera au mieux la sécurité (celle des patients et la nôtre).

 

La première exigence à laquelle le ministre de répond pas. C’est donc le manque de personnel soignant qualifié dans nos établissements.

 

Il ne suffit pas d’affirmer que « les départs en retraites seront systématiquement remplacés ». Il faut encore dire comment alors que les budgets ne permettent même pas la reconduction des moyens, et que 6000 postes d’infirmiers sont vacants dans les services de psychiatrie.

 

Ce dont nous avons besoin c’est de créations de postes, grâce à un plan emploi-formation, le « Plan Santé Mentale » prévoit au mieux 2500 postes (médecins+soignants d’ici 2008 soit 2 par secteur !!)

 

Les seules propositions nouvelles du ministre sont l’accélération de l’ouverture d’unités pour détenus hospitalisés en psychiatrie (UHSA) 450 lits au lieu de 300 d’ici 2008, (au détriment semble t il des SMPR) et le recrutement de personnel de sécurité (non soignant) C’est donc clairement la priorité au sécuritaire sur le soin qui est affirmée.

 

Les véritables solutions ne peuvent être trouvées sans la remise en cause de la précarisation de la société et des politiques répressives et anti-sociales qui les accompagnent.

 

Elles sont aussi dans le développement de la prévention et donc dans la poursuite et le développement du service public psychiatrie publique sur le terrain, dans la cité. Or ce « travail de secteur » est aujourd’hui remis en cause faute de moyens (regroupement des CMP, réduction des jours d’ouverture…).

 

Nous voulons une psychiatrie pour soigner et non pour « surveiller et punir » et nous en voulons les moyens.




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