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COMMUNIQUE


La Roche-sur-Yon, le 22 décembre 2004


Nous sommes tous très émus devant le drame qui touche la communauté hospitalière de Pau et assurons les proches des victimes et tous les soignants de notre profonde solidarité.

Ce drame nous interpelle indépendamment des faits eux-mêmes.

En ce qui concerne le moratoire sur la fermeture des lits, nous répondons oui, s'il s'agit d'une étape pour déployer rapidement une véritable politique de secteur dans la communauté et ne pas abandonner les patients sans soins et sans accompagnement dans la cité, faute de moyens ; par contre notre réponse est non, si c'est une solution sécuritaire qui ne manquerait pas de nous ramener à des pratiques asilaires.

Personne ne peut nier que dans certains hôpitaux (voire dans certains départements), il existe une réelle tension sur l'occupation des lits au point que certains prescripteurs en arrivent parfois à détourner les modalités d'hospitalisation sous contrainte pour être sûrs que leur malade pourra bien bénéficier des soins hospitaliers dont il a besoin.
Mais cette tension sur l'occupation des lits est aussi le symptôme de failles profondes dans le dispositif global de la chaîne de prise en charge. Car la vocation d'un malade n'est pas de rester à l'hôpital mais de reprendre dès que possible et à la mesure de son autonomie, sa place dans la communauté, son droit de cité dans sa famille ou dans des lieux d'hébergement adaptés.

Le manque de soins ambulatoires et d'accompagnement, en amont, faute de moyens en personnel et de dispositifs adaptés, " embolise " les hôpitaux, en particulier pour la prise en charge des patients à domicile, patients qui ne sont pas à même de solliciter les soins et pour lesquels il faut que les soignants puissent aller vers eux et leurs proches.
Les mêmes insuffisances se retrouvent en aval avec des structures d'hébergement et d'accompagnement des secteurs sanitaire, social et médico-social qui font le plus souvent cruellement défaut.
Quant à l'hospitalisation qui reste nécessaire dans certaines situations cliniques, elle devrait être un temps de soins intensifs de haute technicité avec du personnel très qualifié et en nombre suffisant, ce qui est loin d'être assuré partout avec cette qualité, ni dans la sérénité et la dignité nécessaires. Rappelons qu'au niveau des locaux, une personne sur deux hospitalisée en psychiatrie est aujourd'hui accueillie en chambre commune (alors que pour une population d'âge comparable accueillie en établissement pour personnes handicapées, 72 % peuvent bénéficier d'une chambre individuelle, le plus souvent avec salle de bains ou cabinet de toilette).
Enfin, en attendant impatiemment un plan de santé mentale qui prenne véritablement la mesure de ces enjeux, nous demandons naturellement à être étroitement associés à son élaboration.

Claude FINKELSTEIN
La Présidente de la FNAP-PSY

Jean CANNEVA
Le Président de l'UNAFAM

Yvan HALIMI
Présidents des Commissions Médicales d'Etablissement des Centres Hospitaliers Spécialisés