COMMUNIQUE
PUBLIE A L’OCCASION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU
MERCREDI 4/10/06
Au Méditel (1er étage) 28 bd Pasteur, 75015
Paris, à 10 heures
« Non
à UNE LOI QUI CONFOND maladeS ET délinquants ! »
Les
usagers (patients et familles) et les professionnels de la psychiatrie,
représentés par les organisations soussignées tiennent à rappeler le caractère
inacceptable du maintien des articles 18 à 24 dans l’actuel projet de loi sur
la prévention de la délinquance.
Les
articles en cause du projet de loi prévoient, en effet, que l’autorité
administrative pourrait utiliser la procédure dite des « hospitalisations
d’office » (H.O.) instituée par la loi du 27 juin 1990, dans le but de
prévenir la survenance de faits délictueux.
Les signataires du présent communiqué qui assurent la
plus grande part de la responsabilité de l’accompagnement dans la cité et des
soins au quotidien des personnes malades, résument leurs arguments comme
suit :
1° La loi de 1990 qui a prévu les
« hospitalisations d’office » est une loi essentiellement
sanitaire.
Certes, elle stipule parallèlement des mesures de
sûreté destinées à protéger toutes les personnes concernées, mais seulement
pendant un temps très court, dans l’attente des décisions des médecins. Ceux-ci
se déterminent exclusivement en fonction de l’évolution de la santé et de la
protection des personnes qui reste un objectif commun à tous les acteurs. L’hôpital
n’est pas une prison.
Les troubles psychiques rendent difficile, parfois, l’acceptation des soins. Aussi la loi de 1990 a prévu trois dispositifs qui ne diffèrent que par la nature du demandeur des soins : on dit qu’il y a « hospitalisation libre » (HL) si la personne malade accepte les soins, « hospitalisation à la demande d’un tiers » (HDT) si l’intervention d’un proche s’avère nécessaire et possible, enfin « hospitalisation d’office » (HO) si l’autorité administrative doit se substituer à des proches absents ou non consentants au moment voulu. Ces trois procédures constituent un ensemble indissociable mis en œuvre par des acteurs qui cherchent à s’allier pour lutter contre les maladies. Dans tous les cas, il s’agit de faire en sorte qu’une personne, dont le comportement montre que des soins semblent nécessaires, soit bien prise en charge par des soignants. Ceux-ci décideront ensuite, avec la personne dans toute la mesure du possible, les modalités des soins jugés indispensables.
2°
La procédure d’ « hospitalisation d’office » peut aussi intervenir
suite à une procédure judiciaire, suite à un délit.
Les signataires ne contestent
aucunement l’opportunité de décisions prises suite à une procédure judiciaire.
Par contre, ils ne peuvent admettre que les H.O évoquées ci-dessus en 1° leur
soient assimilées comme ayant obligatoirement la même origine. Dans le cas
d’une demande de soins, il n’est pas question de délit, même si les soins
participent indirectement, comme l’indique bien la loi de 1990, à la protection
des personnes.
En conséquence, les
signataires demandent que les dispositions concernant les H.O ne soient pas
séparées des autres procédures (HDT et HL) qui relèvent de la même logique,
essentiellement sanitaire, et que l’ensemble reste dans la perspective globale
et équilibrée qui est celle de la loi de 1990.
Partageant les mêmes inquiétudes, le Conseil National
de l’Ordre des Médecins souligne que ce projet comporte « une violation
grave des droits à la vie privée et à l’intimité des patients ».
Si le gouvernement souhaite adapter des dispositions de la loi de 1990 pour tenir compte, en effet, des évolutions de l’environnement, il faut qu’il le fasse dans le cadre de la révision périodique prévue pour cette loi, en en conservant les principes généraux qui associent, à juste titre, les questions de santé, de justice et d’ordre public. Les signataires souhaitent collaborer à ces travaux en faisant part de leur expérience de terrain.
Toute autre approche susceptible d’alimenter une
confusion entre maladie et délinquance prendrait en effet le risque d’être
gravement contre-productive au regard du légitime souci de sécurité des citoyens. Car cet amalgame
stigmatisant ne manquerait pas de freiner la demande d’aide des malades les
plus en difficulté.
La gravité de la situation qui bafoue les principes de démocratie sanitaire de la loi du 4 mars 2002, amène les signataires à en appeler à la plus haute autorité de l’Etat en demandant une audience en urgence au Président de la République.
(liste des signataires en pièce jointe)
Les signataires :
Pr Franck
BAYLE
Chargé de
mission médico-légale du Syndicat Universitaire de Psychiatrie (CASP)
Tél. 01 45
65 89 51
Dr Olivier BOITARD
Union Syndicale de la Psychiatrie –
Président du Comité d’Action Syndical de la Psychiatrie (CASP)
Tél 03 44
77 50 17
M. Jean CANNEVA
Président de l’Union Nationale des Amis et
FAmilles de Malades psychiques (UNAFAM)
Tél 01 53
06 30 43
Dr Pierre FARAGGI
Président
du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (CASP)
Tél 05 56
76 52 94
Mme Claude FINKELSTEIN
Présidente de la Fédération Nationale des
Associations d’(Ex) Patients en Psychiatrie (FNAP-Psy)
Tél 01 43 64 85 42
M. Michel LAUDREN
Délégué Régional chargé de la psychiatrie
– Association Française des Directeurs de Soins (AFDS)
Tél 02 41 80 79 41
Dr Eric MALAPERT
Président du Syndicat des Psychiatres
d’Exercice Public (IDEPP)
Tél 01 69
25 42 00
Dr Jean-Charles PASCAL
Président de la Fédération Française de
Psychiatrie (FFP)
Tél 01 46
74 31 12
Mme Annick PERRIN-NIQUET
Présidente du Comité d’Etudes des Formations
Infirmières et des pratiques en Psychiatrie (CEFI-PSY)
Tél 04 72 42 11 87
M. Bernard RAYNAL
Président de l’Association Des
Etablissements participant au service public de Santé Mentale (ADESM)
Tél 02 99
33 39 33
Dr Roger SALBREUX
Président du Syndicat des Médecins
Psychiatres des Organismes Publics, Semi-publics et Privés (CASP)
Tél 01 55
30 13 39
Pr Jean-Louis SENON
Président du Collège de Recherche et
d’Information Multidisciplinaire en Criminologie de l’Université de Poitiers
(CRIMCUP)
Tél 05 49 44 57 35
Dr Norbert SKURNIK
Président du
Syndicat des Psychiatres de Secteur (IDEPP)
Tél 01 44 64 30
50
Dr Pascal TRIBOULET
Secrétaire Général de la Conférence des
Présidents des Commissions Médicales d’Etablissement des Centres Hospitaliers
Spécialisés
Tél 04 37
91 50 20
M. Gérard VINCENT
Délégué Général
de la Fédération Hospitalière de France (FHF)
Tél 01 44 06 84
41