Une réaction ...

La prise de conscience des personnels soignants ne se fait pas jour depuis trois mois et demi comme l'indique Philippe Petit.
Il faut être sourd pour ne pas avoir entendu ces dernières années les cris de colère des personnels des hôpitaux psychiatriques.
Ici et là des personnels, certes essentiellement non médicaux, tentent de desserrer l'étau qui les contraint. Cela fait longtemps que les "non médicaux" disent qu'ils ne veulent plus être contraints à contraindre, à enfermer plutôt qu'à contenir, à "médiquer" plutôt qu'écouter...
A Marseille, St jean de Dieu, Villejuif, Cadillac, Toulouse, St Maurice (...) des mouvements d'action sporadiques se succèdent, en direction des DASS, des ARH, du Ministère de la santé... Des batailles en interne sont menées pour empêcher ou limiter les suppressions de postes, obtenir des recrutements, arracher quelques actions de formations, dénoncer des conditions d'hospitalisation indignes. Des interventions pour refuser des budgets étriqués et obtenir des rallonges budgétaires en cours d'exercice.
Dans ces mêmes établissements parfois les CME et les CA ont approuvé des budgets puis des EPRD qui condamnaient de fait des effectifs soignants. Année après année la recherche de la sécurité a "fatalement" pris le pas sur la qualité de la relation, de l'accueil et des soins.
En 2003 déjà, aux Etats Généraux, "les ouvriers du soin" ont eu du mal à se faire entendre...
Est-ce décidément personne ne veut les entendre?

Pourtant, pendant ce temps...
Les chambres d'isolement ne désemplissent pas.
Des infirmiers travaillent seuls la nuit dans les unités.
Des personnes hospitalisées sont "délocalisées" la nuit parce que les unités sont suroccupées.
Des centre d'accueil ferment leur porte.
Les équipes soignantes sont presque partout en deçà du seuil permettant d'assurer qualité et sécurité des soins...
Aucune loi aujourd'hui ne nous impose aujourd'hui de telles pratiques...

Et en ce moment même...
Des groupes de travail se réunissent dans les hôpitaux pour proposer des projets dans le cadre de la circulaire du 22 janvier 2009.

Si la nuit sécuritaire peut être aujourd'hui annoncée, c'est aussi parce que nous avons permis l'appauvrissement physique et idéologique des équipes. Nous avons déjà laissé filé beaucoup d'humanité de nos pratiques.

Je serai du côté de ceux qui désobéiront demain aux lois sécuritaires si nous ne les empêchons pas.
Je voudrais aujourd'hui obéir à mon éthique de soignante et je voudrais que vous soyez à mes côtés.

Nelly Derabours, infirmière de secteur psychiatrique