Qui connaît le Conseiller Maître à la Cour (des comptes) COUTY » ?

 

ET A QUOI SERT LA SANTÉ MENTALE ?

CE DISPOSITIF DU PSYCHOPOUVOIR DESTINÉ

A DIGÉRER LA PSYCHIATRIE

DANS LE MANAGEMENT MÉDICO-SOCIAL OMS,

(du Rapport Piel-Roelandt au Rapport COUTY)

 

 

HYPOTHÈSE DE TRAVAIL :

Nous émettons l’hypothèse que la Santé Mentale est un DISPOSITIF mis en place par l’appareil idéologique d’état, afin de neutraliser le fantasme d’une psychiatrie dangereuse, car supposée toute puissante, autonome, incontrôlable, inévaluable.

 

RAPPEL :

Pour FOUCAULT (Dits et Écrits 1966-1975, Gallimard 2001) :

            « J’ai dit que le DISPOSITIF était de nature essentiellement stratégique, ce qui suppose qu’il s’agit là d’une certaine MANIPULATION de rapports de FORCE, d’une intervention rationnelle et CONCERTÉE, soit pour les développer dans telle direction, soit pour les bloquer, ou les stabiliser, les UTILISER . Le dispositif est donc toujours inscrit DANS un jeu de pouvoir, mais toujours lié aussi à une ou des bornes de savoir qui en naissent, mais tout autant le conditionnent ».

 

AGAMBEN, dans Qu’est-ce qu’un dispositif ?  (Rivages Poche, 2007) approfondit cette approche en l’actualisant  :

            « J’appelle DISPOSITIF tout ce qui a d’une manière ou d’un autre la capacité de CAPTURER, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, DE MODELER, DE CONTRÔLER ET D’ASSURER les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. Pas seulement les prisons donc, les asiles, le panoptikon, les écoles, les disciplines... »

 

Bref, la S.M. (un peu sado-maso ?) met en place un biopouvoir au service de l’idéologie dominante qu’ALTHUSSER définit ainsi, sans parvenir à être démodé (Positions -1976. Éditions sociales) :

            « Pour annoncer ce fait dans une langue plus scientifique, nous dirons que la reproduction de la force de travail exige non seulement une reproduction de sa qualification, mais en même temps, une reproduction de sa SOUMISSION À LA PAROLE et son ASUJETISSEMENT à la domination de la classe dominante, aux règles établies, c’est-à-dire une reproduction de la capacité à bien manier l’idéologie dominante pour les agents de l’exploitation et de la répression ».

Que fait d’autre notre servile gouvernement et son ineffable ministre de la santé ?

 

            La ruse d’un dispositif comme la S.M. est qu’il fonctionne avec l’accord IMPLICITE de la « subjectivation » même qu’il produit. C’est une formidable compliance idéologique et une aliénation qui actualise la vieille question ontologique de SPINOZA en 1660 dans son ÉTHIQUE :

« Comment se fait-il que les hommes se battent pour leur servitude comme s’il s’agissait de leur liberté ? »

            Il y a des éléments de réponse dans FREUD (Malaise dans la civilisation- 1929, et notamment sur la question de la pulsion de mort à l’oeuvre dans l’argent, la « névrose financière » et le management qui a « produit » la santé mentale...) comme avec « l’ignorance comme passion » de Lacan, ou le syndrome de Stockholm, soumission acceptée à la domination.

 

Ambivalence/ambiguité du concept de SM :

            Au sens vulgaire, logique, au premier degré, sans malice, dans l’usage journalistique, il parle de tout ce qui concerne l’état de santé psychique de chacun, et définit par défaut tout le système organisationnel collectif qui le gouverne.
            Au sens idéologique, passant entre les griffes de la novlangue, il est un concept opératoire de la pensée manipulatrice néolibérale née à l’OMS, ce centre mondial de l’hygiène nouvelle appelée toujours « santé publique » bien qu’elle soit de plus en plus PRIVÉE, managée par les labos et leur idéologie scientiste comme l’Evidence Based Medicine.

Il désigne le psychopouvoir qui s’y exerce implicitement sous forme de gestion cognitive ou de gouvernance qui, plus elle est archaïque, plus elle est proclamée « nouvelle » à l’ombre tutélaire du NOUVEAU MANAGEMENT PUBLIC, qui comme son nom ne le dit pas, sert à privatiser le public sous cet euphémisme, en utilisant la « Nouvelle comptabilité internationale » née au pays du déclin américain.

Car, la S.M, ça s’évalue, ça se numérise, ça se statistique, se moyennise... mais pas la psychiatrie, ni la souffrance psychique dont je ne sais pas si elle est « mentale », et encore moins le patient devenu client qui disparaît chez les « réformateurs », et c’est pourquoi elle fait peur aux pragmatiques bureaucrates sans principes de la très haute autorité en quête désespérée d’efficience.

 

La S.M. est une valise, un contenant/contrôlant, un garde-fous fourre-tout idéologique, bourré de règlements inapplicables, de référentiels, protocoles, guides de « bonne conduite » infantilisants, une TOTALITÉ molle englobante, quasiment « liquide » comme on dit maintenant dans les « nouveaux territoires virtuels », prémisse de la santé totalitaire théorisée par Roland GORI.

S.M donc comme arrêt de la pensée, fin de la clinique ? Est-ce vraiment caricatural ?

 

SANTÉMENTALISER ou MÉDICOSOCIALISER (ou soviétiser, ou thatcheriser, ce qui revient au même) la psychiatrie pour la faire rentrer dans le rang du magma autoritaire de la santé publique, comme punition. Pour la déspécifier ou la désingulariser, la dépsychiatriser pour remédicaliser la « maladie » mentale en quelque sorte, sous la protection des molécules et du flicage (cf ce « dangereux schizophrène », nouvelle figure médiatique de la Nuit sécuritaire française).

 

La santé mentale est à la psychiatrie ce que la culture est à l’art :

UN ÉTOUFFOIR GESTIONNAIRE, un empêcheur d’accéder à la jouissance. Elle se développe du côté de la pulsion de mort, avec l’aide d’outils « techniques » pour modifier les COMPORTEMENTS sous l’apparence du libre choix.

C’est bien un appareil idéologique d’état à l’échelle mondiale qui modifie les postures, les attitudes, en s’appuyant TOTALITAIREMENT sur les techniques du COMPORTEMENTALISME, base « scientifique » du néoconservatisme.

 

Face à son échec, le sarkozysme cherche aujourd’hui à pénaliser la souffrance psychique en transformant les psychiatres parfois avec leur complicité, en matons ou en visiteurs médicaux, et à contrôler encore plus un système qui n’a jamais été autant « étatisé » qu’actuellement.

 

Santé mentale est un syntagme nominal pauvre, mésusé, un concept un peu monstrueux et sémantiquement flou inventé par l’anglosaxonne OMS, qui n’a jamais fait dans la finesse, et qui est un instrument de BIOPOUVOIR très actif pour standardiser et codebarrer les comportements mondiaux du « bienêtre », du Zimbabwe au Danemark, dans le grand héritage de l’hygiénisme prussien et de son enfant hitlérien, l’eugénisme pas vraiment doux (Ah, l’immigration CHOISIE...).

La « réforme » COUTY qui exige « une loi » de plus, manifeste ainsi clairement un retour aux dispensaires d’hygiène mentale d’avant le secteur, autre « victime » du projet, ainsi que la rupture de la continuité du soin.

C’est également un concept apodictique (évident) qui n’a pas besoin d’être défini pour être adopté par tous. Il coule de source idéologique, comme tous les concepts dits scientifiques utilisés dans le champ guerrier de la santé et de LA LUTTE CONTRE les maladies, les épidémies, les déviances, l’anticonformisme...

 

« La psychiatrie est un secteur primordial de la santé publique » ... dit  madame Bachelot, (Ass. Nle 21-10-08). Un génitif à interpréter comme « pas de place pour la psychiatrie en dehors de la S.M ».

Ce que confirme Édouard COUTY en janvier 2008 dans la lettre « personnelle » et joyeuse qu’il envoie aux membres de SA commission en exergue de SON rapport pauvre, rétrograde et sans imagination sur « Missions et organisation de la santé mentale ET de la psychiatrie » (ouf, il avait bien failli l’OUBLIER) :

« Je propose de CHOISIR (sic) l’approche santé mentale incluant le champ sanitaire mais également le médico-social et le social ».

La psychiatrie y sera donc INCLUE, emprisonnée, comme si elle était de la même VALEUR, à égalité avec le médico-social, réalisant enfin le déjà vieux rêve d’effacement de la psychiatrie émis par JL. Roelandt dans son propre rapport à Bernard KOUCHNER « De la psychiatrie à la Santé Mentale - 2001, qui est d’ailleurs –par hommage du vice à la vertu, et par hasard sans doute - le titre même du paragraphe central du Rapport Couty... dont il convient de rappeler, que ce directeur d’hôpital n’a aucune compétence en psychiatrie et santé mentale.

Pour sourire, la première phrase du Rapport commence par cette belle formule digne de la Bible : Selon l’OMS... (cet évangile de la santé publique).

 

Enfin, on se souvient (sic) des paroles de Sarko « fixant les axes (quel jargon) d’une réforme (son obsession) de l’organisation (management US) de la psy » :

--« JE VEUX (majesté) UN PARTENARIAT PLUS FORT (sic) ENTRE LA S.M ET LES STRUCTURES SOCIALES ET MÉDICO-SOCIALES, UNE VITALITÉ NOUVELLE (sic) DOIT PAR AILLEURS ÊTRE DONNÉE À LA RECHERCHE EN PSY (qui devient pour le coup une « discipline ») POUR RÉPONDRE AUX DÉFIS DE LA S.M DE DEMAIN ».

Toute la pauvreté sémantique de la rhétorique royale est ici étalée, avec l’accumulation des DÉFIS (mot-clé de la novlangue des pouvoirs) à RELEVER (c’est phallique, mais il ne le savent pas, c’est médiéval aussi, comme ces « territoires » qui refleurissent dans la Loi de santé, c’est donc infantile).

 

La santé mentale permet de surcroit de plier la psychiatrie à l’AGCS (Accord général sur le COMMERCE des services (publics) initié par l’OMC (et imposé par le Traité de Lisbonne, qui marchandise et intègre au marché CONCURRENTIEL les conquêtes sociales des cent dernières années). L’OCDE (Organisation de coopération sic- et de développement économique- le mot fétiche) née de la colonisation américaine par le plan Marshall) –et l’Union européenne étant chargés d’y mettre la sauce idéologique libérale « irréfutable » apodictique.

 

De petits pas en petits pas, le pouvoir s’attaque aux vieilles fonctions symboliques qui permettaient de maintenir du lien social et du travail de civilisation depuis l’héritage du programme du Comité National de la Résistance. La psychiatrie désaliéniste et le secteur, mais aussi la psychothérapie instutionnelle,

Il les remplace par de la gestionnite obsessionnelle dans un grand bouillon anti intellectuel et vulgaire.

Pourquoi une fois de plus monter dans le dernier wagon d’un train anglosaxon dont la loco commence à dérailler ?

Le stade de non retour approche. Il est encore temps de désobéir... de rester du côté de la vie.
Jean-Jacques Lottin. Vaucluse, février 2009.