Et qui soigne les
soignants ?
VOL AU DESSUS D’UN NID DE COUCOU À SAINT-AVÉ
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Cette journée de la CGT et des Ceméa du Morbihan à Lorient, le 20
novembre est une forme d’appel à comprendre, en tout cas une demande d’en parler.
Je souhaite tenter d’éclairer ce passage à l’acte d’une extrême
violence du pouvoir par une analyse sémiologique : décrypter ce qui s’est
passé pour y déceler une vision idéologique permettant de réagir, résister.
D’appeler un chat un chat, et m’intéresser à la symbolique de l’hélicoptère…
Faire DE LA politique…
Car dans sécuritaire, il y a TAIRE. Ce qu’il faut refuser.
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Ce
qui s’est passé à Saint-Avé le 20 février 2009 est un acte de guerre prémédité.
D’envie d’en découdre. De montrer ses dents.
De guerre civile, de
guerre à l’intelligence, au travail et aux compétences, de guerre psychologique
au sens où on l’entendait pendant la guerre d’Algérie.
François TOSQUELLES, repris par Pierre DELION, annonçait dès 1961 que
nous entrions dans la 3e guerre mondiale, celle qui clôture le travail de civilisation.
(Je vous recommande le livre d’Éric
Hazan : Chronique de la guerre civile).
ce colloque aujourd’hui prouve que tout cela n’est pas fatal…
Une véritable opération COMMANDO ordonnée par le pouvoir, mise en scène
par un préfet à tout faire qui réalise la
parabole orwellienne du totalitarisme
décrit dans « 1984 ».
C’est bien en MANAGER d’un
hôpital-entreprise que le préfet a répondu.
Et le Big Brother d’Orwell vole ici en hélico rouge…
Un acte de violence
très inquiétant dans le fait qu’il franchit une LIMITE, car il est à la fois dans
le symbolique et dans la
réalité : pervers donc, et
sans précédent.
De ce fait, il légitime une réponse insurrectionnelle au sens
étymologique, une résistance, un refus, alors que la
force qu’il déploie pousse à l’APATHIE, au SOI-NIANT. Regardons ce qui se passe aujourd’hui chez FranceTélécom, ou dans
les écoles avec les 2300 « maîtres désobéissants civiques » qui refusent
les évaluations de la réforme Darcos.
Deux jeunes patients (on dit
usager, et demain on dira CLIENT) dont un mineur (deux sur 15000 personnes
suivies annuellement chez vous) y ont tenté l’ acte humain fondamental, indépendamment de leur statut juridique, et
de leur état psychique (étaient-ils des ADÉQUATS selon la typologie du rapport
Massé ?) : se remettre en LIBERTÉ. Tenter une échappée belle hors de
l’H.O.
Pulsion de vie.
Ce passage à l‘acte explicable,
relativement BANAL, vieux comme la folie, compréhensible d’un point de vue
HUMAIN, mais aussi CLINIQUE, car il fait partie du « parcours de
soin » et qu’il n’existe pas d’exercice de la psychiatrie sans prise de
RISQUE, en a entraîné immédiatement
un autre :
le pouvoir d’état y a
vu une intolérable atteinte à la sécurité civile, à SA sécurité, et a mis en œuvre un DISPOSITIF scénographique
disproportionné avec l’acte : un avertissement militaire, aérien,
hollywoodien, destiné à FAIRE PEUR,
à stresser la population, les patients et le personnel, une INTRO-MISSION dans
une institution de soin, traditionnellement dotée d’une FRANCHISE.
Comme s’il avait attendu après le discours
du 2 déc. 2008 d’Antony
l’OCCASION pour le déployer in vivo.
Pour hystériser un événement qui n’est
pourtant qu’un fait divers,
qui appartient à la NORMALITÉ du soin
psychiatrique.
Pour le traiter de façon à ce qu’il n’y ait
pas de pensée sur l’acte.
Juste de l’action. Pulsionnelle,
télégénique et rassurante.
Une violente pulsion de mort (voire de destruction), élément du
« Malaise dans la civilisation » décrit par Freud, repris par Hanna
Arendt et développé par la regrettée Nathalie Saltzman dans « L’esprit du
mal » 2007, dans lequel elle
questionne :
« Quand une civilisation se décompose, il est approximatif de se contenter
d’énoncer qu’elle retourne à la barbarie. Elle fait autre chose. La
civilisation s’est construite grâce au refoulement des pulsions sexuelles et
meurtrières. Dans des situations de régression culturelle, on admettait que, le
refoulement civilisateur ayant échoué, le pulsionnel tendait à régner sans
contrôle, l’homme était revenu à l‘animal. »
Ce qui s’est passé chez vous est de l’ordre
d’un pulsionnel d’état, qui donne à penser qu’il a raison perdu,
qu’il ne REFOULE plus ses pulsions mortifères, alors qu’il est NORMALEMENT en devoir
d’arbitre, de garant des libertés
constitutionnelles. Même celle des
fous et de leurs soignants. Panique, ou
mise en place d’une nouvelle dimension du contrôle social ?
En tout cas une
culture de la PEUR comme « New
Public Management », comme chez FranceTélécom, de plus en plus assumé :
sa victime se croit responsable, se culpabiise,
et bien sûr SOMATISE.
L’état vient de se
comporter comme un voyou du MEDEF, de privatiser sa vengeance sociale…
Mais si le travail rend malade : qui soigne les soignants : la
SOLIDARITÉ.
Ce que Jean OURY nomme
l’AMBIANCE de travail du colletif.
Pour ne pas être complices de cette barbarie d’état. Pour dignité garder.
Alain ABRIEU, en 2008
à la journée de l’AMPI à Marseille posait la question :
« LA SÉCURITÉ : il ne faut sur ce virage idéologique qu’on nous
impose, surtout pas mettre sa pensée au chômage. Il faut poser des actes. La
psy devient de plus en plus un contrôle social ».
Dans les prisons, on
voudrait des matons-psys, dans les
hôpitaux psy, on voudrait des psy-matons.
Quelle différence fonctionnelle existe-t-il entre des menottes et un bracelet
GPS ?
Le pouvoir veut-il habituer l’opinion et les professionnels à une rapide fusion-
confusion de ces deux métiers ? dans le même temps où l’injonction à
être PLUS PROFESSIONNEL se développe
chez nous. Que masquent ces intimations constantes à nous former, nous
réformer, changer : nous reformater ? Une soumission ?
ABRIEU continue :
« Sur la loi de rétention de sûreté
de février 2008 et la « récidivabilité » : en psy, nous
travaillons avec la RÉPÉTITION, pas la RÉCIDIVE, sur des patients, pas des
SUSPECTS… »
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Et d’abord, est-ce qu’on
s’ÉVADE d’un hôpital, fût-il « spécialisé » ? L’hôpital
est-il un lieu d’enfermement, de séquestration sociale, une PRISON, pour que
comme un seul homme toute la presse titre :
« deux dangereux schizophrènes s’évadent d’un hôpital
psychiatrique ? »
les qualifiant
d’emblée dangereux, donc présumés coupables.
Dangereux pour qui, et
qui a défini leur dangerosité, et sur quels critères : les référentiels
de « la psychiatrie basée sur des preuves scientifiques » ou la
clinique ? Aspirer à se libérer est-il désormais un trouble du
comportement ?
Avec la complicité
d’une presse malsaine, voilà les nouveaux boucs émissaires d’un système de plus
en plus inhumain.
Faudra-t-il encore longtemps rappeler l’image de Lucien BONNAFÉ :
« on juge une société à la manière dont elle TRAITE ses
fous »…
Dangereux par
intention prétée, a priori, par présomption civile en dehors de tout avis
médical ? Dangereux par idéologie sécuritaire, par impuissance et par
incompétence sociale de ceux qui gouvernent ? Par leur peur ?
La santé mentale
aurait-elle changé brutalement de paradigme à la suite de quelques faits divers
montés en mayonnaise par un pouvoir qui cultive le contrôle social : la maladie
mentale est-elle passée au STATUT de la délinquance
qui doit entraîner de la part d’un pouvoir tyrannique et tout-puissant
infantile, la répression en
remplacement du SOIN, la criminalisation ?
ET FAIRE DE L’EXCEPTION LA RÈGLE
COMMUNE ?
Au fond, ce qui arrive
actuellement, c‘est qu’on voudrait vous faire CHANGER DE MÉTIER… et transformer
l’hôpital en lieu de relégation sociale privée et de haute sécurité, un peu à
la manière du « fumeux » rapport de l’INSERM qui voyait de potentiels
délinquants dans les enfants de trois ans si on ne les dépistait pas.
Pour R. GORI : « nous assistons à la fabrication d’un nouveau
sujet de la santé mentale qui transfome la psychiatrie en simple GESTION de la
normalisation sociale au nom de la raison médicale, et en maintenance
ADMINISTRATIVE des populations à risque d’anomalie ou de
« dysfonctionnements » divers ».
Aujourd’hui, le pouvoir teste
l’ouverture d’hôpitaux-prisons : l’idéal sécuritaire imagine une POST-PEINE comme on avait imaginé une
post-cure. Mais à vie. Il existait déjà depuis la Loi de 2002, l’Unité
d’hospitalisation spécialement aménagée,
au sens du management… les SMPR, les UMD, les UCSA.
Et St-AVÉ a passé
commande de bracelets électroniques…
Une étape est franchie avec l’ouverture à Fresnes du premier CENTRE
SOCIO-MÉDICO JUDICIAIRE, destiné à « accueillir « à vie des détenus
en fin de peine, mais « expertisés » dangereux. POTENTIELS
RÉCIDIVISTES, que la surcharge des services ne permet plus de tolérer, sauf à
les neuroleptiser à vie.
Catherine PAULET,
présidente de l’Association des psychiatres de SMP aux Beaumettes de Marseille,
écrit dans Le Monde du 5/9 :
« j’affirme que lorsqu’un psychiatre prédit la récidive délinquante,
par
définition
incertaine, aléatoire et multifactorielle, il fait référence non à sa
science, mais
à son INTIME CONVICTION »…
D’un autre côté, ces
mesures reçoivent l’encouragement de nombreux professionnels que cela SOULAGE…
Nous savons tous –et
ce n’est pas leur faire injure -que beaucoup de jeunes infirmiers formés aux
nouvelles méthodes, non issus de la culture des infirmiers psy se sentent tout
à fait normalement désarmés face à cette
double violence : celle des patients, et celle de l’administration.
Ils redoutent cette insécurité réelle, ce risque permanent et se félicitent
parfois du renforcement sécuritaire opéré par le pouvoir. Faut-il les blâmer,
ou les aider à entrer dans cette fonction qui évolue vite ?
Car Il se multiplie dans le monde psychiatrique des lieux qui
ont cessé d’être soignants, soit par
pénurie de personnes, soit par soumission dépressive à l’ordre du management,
ou par désillusion. Ce n’est pas non plus blâmable.
Peut-être faut-il
inventer de nouvelles modalités du SOIN dégagé des référentiels, des guides de
bonnes pratiques, des protocoles d’experts universitaires incompétents en
clinique, mais compliants à leur aliénation idéologique au pouvoir, qui
s’appuient sur les sornettes néopositivistes de la PSYCHIATRIE FONDÉE SUR DES
PREUVES SCIENTIFIQUES qui permettent aujourd’hui de se passer des psychiatres,
ou de les formater en deux ans : l’ordinateur fait le travail par ses
questionnaires débouchant sur des standards de traitement… et fabrique des
groupes homogènes de patients, tuant la singularité, l’hétérogène qui est du
côté de la vie, et surtout le transfert.
Toute société, tout
état qui traque l’hétérogène, l’étranger, le différent court le risque d’installer le fascisme. L’homogène
est toujours PERVERS.
Saint-Avé n’est pas un cas
isolé.
A MONTFAVET, près d’Avignon, au même moment que vous, à la suite d’un incident à l’UMD où un
jeune aide-soignant a été accusé d’avoir facilité l’évasion d’un
dangereux etc, le préfet de Vaucluse a trouvé 400 000 euros pour lancer un
ultimatum au directeur d’avoir, PAR PRINCIPE de PRÉCAUTION, à suivre les
instructions d’une agence privée
d’audit en SÉCURITÉ :
--abattre des platanes
centenaires pour dégager la vue, rehausser le mur d’enceinte, ce qui ne rassure
que les cons, car les patients ne sont pas des champions olympiques, et la
neuroleptisation ne les aide pas à franchir ces forteresses, grillager toutes
les fenêtres de l’UMD devenu bastion de haute sécurité, installer des caméras,
interdire les promenades dans le magnifique parc où Camille Claudel est morte
par l’acharnement de son frère.
Un tribunal vient de relaxer
cet aide-soignant. Mais il est abimé.
Il peut réintégrer son
travail. Restera-t-il dans le métier ?
Les
« affaires » de Saint-Avé, les évasions de Marseille à Édouard
Toulouse, puis à Grenoble et à Nice, aux Prémontrés enfin, ont toutes provoqué
une réaction
disproportionnée. POURQUOI ?
Il se trouve qu’en analysant cette
cohorte d’évadés, on dégage une relative typologie : beaucoup de fugues
ont eu lieu entre novembre et février, pendant
les fêtes de fin d’année, Noël en particulier.
A Marseille, le jeune homme
avait une autorisation de week-end familial. Trois jours avant, le Préfet l’a
annulée. Ce patient a pété un plomb, il s’est enfui le 28 décembre :
est-ce ANORMAL ?
Idem pour les
Prémontrés en janvier, qui eurent également droit à l‘hélico rouge.
A Nice, les deux évadés sont
des détenus de droit commun en séjour de soin, et à Grenoble, le patient
attendait son transfert à Sarreguemines.
Une fois encore est posée la question du destin psychiatrique des détenus. Ils
sont objectivement dangereux, car déjà passés à l’acte.
Il faut rappeler que la
rhétorique sarkozyenne sur la psychiatrie s’est tenue le 2 décembre (date napoléonienne) à Anthony et a semé la peur chez les préfets et directeurs, rendus
plus enclins à annuler de nombreuses autorisations de sortie pour réveillonner
tranquilles.
Ces incidents sont-ils une conséquence du discours, ou une COINCIDENCE ?
Le rapport de mission de Chantal de Singly sur « Le nouveau modèle
(sic) de cadre hospitalier » a été publié en septembre.
Parmi 36 (sic) mesures
opérationnelles et pragmatiques (le jargon du MEDEF) il propose d’ACCORDER
TOUTE SA PLACE AU MANAGEMENT dans la formation des futurs cadres et
sages-femmes, pour mieux accompagner les réformes de gouvernance »…
Mme de Singly a dirigé
le CHU Saint-Antoine avant de créer à l’École des hautes études de santé
publique, ex-École de Rennes, l’INSTITUT DU MANAGEMENT afin dit-elle, de
renforcer les comptétences des personnels hospitaliers en matière de GESTION
DES RISQUES ET DES PERFORMANCES… elle ajoute :
« il
faut OSER bouger un peu les lignes pour développer l’approche marketing ---
et faire intervenir des sociétés
extérieures pour avancer dans les méthodes d’accompagnement de la CONDUITE DE
CHANGEMENT » dans cette novlangue
Sarko-MEDEF comportementaliste qui a conquis la fonction publique d’état.
Pour récompense, elle
vient d’être désignée ARS de la Réunion.
Quelle est la
différence de référents quand on lit la prose sordide de LOMBARD, PGD de
FranceTélécom le 16/09, qui évoque « la
mode des suicides » et leur contagion (un virus grippal ?) qui se
développe, et ajoute sans repentance : « nos cadres viennent d’une administration d’état. Nous les avons formés
aux sciences du management de l’homme
(sic), mais peut-être pas suffisamment ».
Cet homme est un salaud.
Car comme le crie Jean OURY : gérer, c’est tuer.
La place particulière des cadres infirmiers dans le
dispositif idéologique de l’état…
Dans les cénacles de
la santé d’état, où j’ai beaucoup traîné et appris, il est considéré
discrètement, car c’est de l’idéologie, que le cadre infirmier est le jalon
faible du système hospitalier. On l’a interdit de soin, relégué à la gestion du
personnel, des évaluations, et de la paperrasse, en cherchant par quelques
minimes gratifications, à le rapprocher des directions. Sur le site de la HAS,
les formations d’intégration sont nombreuses, selon la méthode apprise dans les
écoles de commerce. Un COMPORTEMENTALISME bureaucratique se met en branle
autour de lui, destiné à le/la reformater dans la logique de la quête
d’économie et du soi-disant développement personnel, pour le couper définitivement
de la base infirmière, selon le viel
adage des faibles : diviser pour régner en désolidarisant.
A Saint-Avé et ailleurs, le détournement
pervers du principe de précaution a
encore sévi. Le principe de précaution est une conquête syndicale et sociale
importante, une arme contre la surexploitation des salariés née de la guerre
contre l’amiante, auquel semble
s’être converti le pouvoir quand il sécurise les hôpitaux spécialisés pour
protéger le bon peuple qui aurait peur… mais il détourne ce principe en
l’appliquant à la lettre, c‘est-à
dire bêtement, et le vide de son sens progressiste.
Qui est vraiment SCHIZOPHRÈNE
dans cette affaire ?
Venons-en au vol d’une alouette rouge de
la Sécurité civile au-dessus du nid de coucou, détournée de sa fonction de
service à la population, pour en faire une arme de SÛRETÉ : l’usage
disuasif de l’hélico contre les révoltes populaires est un DISPOSITIF au sens de Foucault, mis en place aux USA en 1965 pour
surveiller et punir les révoltes des ghettos noirs de Los Angeles, puis de
Washington animées par les Black Panthers, puis au Brésil pour mâter les
rebellions dans les prisons de Rio. Enfin en 1971, pour contrôler l’émeute de
la prison d’Attica dans l’état de New-York.
Le vol stationnaire, le
vacarme abrutissant, la poussière, la menace venue du ciel participaient à
l’extension à la vie urbaine interne aux USA d’une pratique utilisée au Vietnam pour terroriser la population,
et dont les séquelles psychiques étaient encore visibles chez des personnes que
j’ai rencontrées en 1987 et 2002 lors de missions de santé publique.
Outre la peur qu’il provoque,
l’hélico RÉALISE le fantasme PANOPTIQUE de Bentham, qui cherchait comment tout
voir tout le temps dans une prison, une usine, ou un asile d’aliénés.
Aux USA, l’hélico
nocturne est équipé d’un puissant projecteur qui fouille tous les coins d’ombre
et réalise la fonction métaphorique
totalitaire de la transparence,
de ces humains qui ont perdu leur ombre. Certaines cités de Seine-saint-Denis,
grâce à Alliot-Marie, ont expérimenté cette traque.
On n’arrête pas le progrès, surtout
quand on est fasciné par l’Amérique, imitée en tout avec dix ans de retard, même
quand la locomotive du train que les idéologues
fançais empruntent aveuglément a déjà commencé à dérailler, et où le déclin
avance plus vite, que le désir d’Obama de le freiner…
St-AVÉ
est-il un ghetto noir, un village Vietcong, une cité de racaille, une prison
brésilienne pour qu’on lui applique le même traitement de gestion par la peur,
par la position de domination panoptique (Sarkozy, je te vois) qui devrait
provoquer la soumission ?
Il s’est trouvé dans un bureau de
conseiller technique au ministère de l’Intérieur, un crétin qui s’est pris pour
Coppola et a rêvé de la chevauchée des Walkyries héliportées dans Apocalypse
Now…
Aujourd’hui, l’hélicoptère résume
tous les moyens coercitifs d’une démocratie tyrannique en quête de contrôle
social par la peur. Ce management vient des méthodes anglosaxonnes du privé,
désormais étendues au public : la Poste, l’Hôpital, bientôt, l’école.
Après les évaluations, les hélicos ?
En bas, il y a l’autre
éventail de cet arsenal : les bergers allemands (symbolique nazie) tenus
par ce lumpenprolétariat des vigiles et autres agents de sécurité, dits
« maîtres-chiens ». Inquiétants par leur incompétence même. Prêts à
toute nouvelle chasse à l’homme comme jadis aux USA la traque aux esclaves
évadés.
Et les visites des
spécialistes en uniforme. Seraient-ils venus pour un suicide ? c’est bien eux
qui ont peur de l’autre différent, en souffrance, eux qui ont peur de
l’hétérogène dans une idéologie que ne parle que de standardisation des soins,
de groupes homogènes de patients.
QUELLE PARADE ?
L’union. La
solidarité. Le métier. Le collectif analysant l’institution et développant ses
potentiels soignants, mots-clés de l’efficacité de votre résistance. Voire
la désobéissance ADMINISTRATIVE COLLECTIVE.
Ils cherchent à vous
individualiser : restez unis.
Résistez à la gestion
par la peur, qui met en place l’ambiance de panique comme pour l’épidémie de
GRIPPE qui est la plus formidable opération de mise en condition jamais opérée,
le sanitaire comme alibi et moyen du contrôle social. Le biopouvoir.
Ils ont peur de votre
intelligence collective, de votre conscience professionnelle, de votre
compétence créative.
Renvoyons-les à LEUR peur par
la syndicalisation, et la réhabilitation de la politique dans les
établissements, tant qu’ils sont des services publics.
Comme le dit très
fortement la déclaration de votre CGT :
« ces procédures
administratives EXTERMINENT LE SOIN ».
(La nuit sécuritaire
est arrivée en Morbihan comme ailleurs).
Et la CGT ajoute l’irréfutable :
« l’histoire nous l’a montré : déployer
du sécuritaire dans un hôpital paradoxalement ATTAQUE L’INDISPENSABLE SÉCURITÉ
NÉCESSAIRE AU SOIN ».
et la CGT réactualise
la belle apostrophe de Fernand DELIGNY :
« si tu joues au policier, ils joueront aux
bandits, si tu joues au bon dieu, ils joueront aux diables, si tu joues au
geôlier, ils joueront aux prisonniers, si tu es toi-même, ils seront
embêtés »…
Et comme l’écrit avec beaucoup de
sensibilité Valérie WIAND, dans une
lettre ouverte au président de la République :
« l’espace de (notre hôpital) constitue ce
qu’Anzieu nomme « l’enveloppe psychique », limite symbolique
nécessaire à la reconstruction d’espaces psychiques en souffrance. Cette
sécurité là est assurée par des humains qui travaillent ENSEMBLE, qui pensent
ENSEMBLE, qui affrontent parfois leurs différences, et surtout, qui prennent le
RISQUE de la rencontre avec un autre. »
Je sais que le président ne dispose
pas du capital symbolique et empathique pour lui permettre de comprendre cette
lettre.
Je vous propose d’approfondir cette
situation par la lecture du livre irremplaçable de JOSEPH MORNET : PSYCHOTHÉRAPIE
INSTITUTIONNELLE, paru au Champ social éditions, et en particulier son
chapitre sur LIBERTÉ DU SOIN ET RISQUES DU SOIN, sur l’humour, et sur
« soigner les soignants ».
JJL,
novembre 2009