Je tiens à vous faire part du choc éprouvé à la lecture de la circulaire du ministère de la santé et des sports « n°DHOS/02/F2/2009/23 du 22 janvier 2009 relative au financement par le fonds pour la modernisation des établissements de santé publics et privés (FMESPP) du plan d’amélioration de la sécurité des établissements ayant une autorisation en psychiatrie ».

Cette circulaire se réfère d’emblée au « plan d’investissement de 70 millions d’euros annoncés par le président de la République le 2 décembre 2008 » c'est-à-dire au discours de N.SARKOZY à l’hôpital psychiatrique d’Antony, qui avait provoqué des réactions à la hauteur de sa démarche sécuritaire (voir notamment « nous refusons la politique de la peur » et « l’appel des 39, la nuit sécuritaire »).

En voici la déclinaison sous forme, administrative technique et budgétaire. Dont acte. Pour « améliorer la sécurité des établissements de santé publics et privés autorisés en psychiatrie » il faut :

-         diminuer le nombre d’accès dans les hôpitaux psychiatriques et les sécuriser (barrières d’entrée et vidéo-surveillance )

-         fermer tout ou partie des unités de soins

-         augmenter le nombre de chambres d’isolement

-         et enfin « utiliser des systèmes et dispositifs de surveillance ». Il faut citer ici le paragraphe dans son entier, le lire et le relire pour conclure qu’il doit s’agir de la surveillance par bracelets électronique qui n’ose dire son nom : « certains systèmes et dispositifs sont en cours d’expérimentation dans certains établissements de santé afin de permettre, par exemple, aux patients de se déplacer librement, sans pour autant sortir de l’établissement ou d’un périmètre particulier de déplacement. Les établissements qui le souhaitent peuvent proposer, dans le cadre de leur projet thérapeutique et du contrat de soins avec le patient, la mise en place de dispositifs de surveillance permettant d’éviter au patient d’être placé dans une unité ou un espace fermé et de lui permettre de circuler sans sortir de l’enceinte hospitalière ».

Tout un système sécuritaire carcéral visant directement les milliers de personnes hospitalisées sous contrainte chaque année, assimilant de facto hospitalisation sans consentement et dangerosité. Embarquant par la même occasion les équipes enfermées avec elles, et les plus de 300 000 personnes hospitalisées librement chaque année dans les services de psychiatrie générale.

Quelle société souhaitons-nous ? Cette circulaire « d’application immédiate » ne peut passer inaperçue

Le 2 février 2009

 Claire Gekiere, psychiatre de secteur