METROFRANCE.FR 05-01-2009 21:17

“Un schizophrène n’est pas un dangereux criminel”

La fugue de Joël Gaillard, patient jugé dangereux de l’hôpital psychia­trique Edouard-Toulouse, a relancé le débat sur la psychiatrie. Claude Lefebvre, atteint de schizophrénie, s’inquiète de la stigma­ti­sation de sa maladie.

Que pensez-vous de l’amalgame entre schizophrénie et dangerosité ?
La majorité des schizo­phrènes ne sont dangereux que pour eux-mêmes. Ceux dont on parle dans l’actualité sont des psychopathes, reconnus schizophrènes, c’est là tout le problème. Ils sont victimes d’une pathologie violente en plus de leur schizophrénie. Un schizophrène entend des voix, il a des hallucinations : ce n’est pas un dangereux criminel.

Le renforcement des unités pour malades psychiatriques est-il une solution ?
On ne doit pas écarter un malade parce qu’il est malade. Un bon traitement avec un bon médecin est préférable. Il faudrait mettre de l’argent dans les unités qui existent déjà au lieu d’en construire de nouvelles, comme l’a suggéré la ministre de la Santé. Il manque du personnel formé. Il faut donner les moyens aux soignants de soigner.

Etes-vous contre l’enfermement ?
Tout à fait. L’enfermement engendre l’exclusion. Notre place est dans la société, la folie fait partie du genre humain. Dans tous les villages il y avait le fada qu’on écoutait parce qu’on disait qu’il était protégé par les fées. Moi, je suis suivi au centre médico-psychologique, en ville. Je suis sous traitement. Ça fait huit mois que je n’ai pas eu d’hallucinations.
 

Claude Lefebvre fréquente le groupe d’entraide mutuelle “Le club des Canoubiers” depuis trois ans. Cette structure l’a aidé “à devenir citoyen” et à sortir de l’isolement. Tisser des liens d’amitié, se réinsérer socialement et pratiquer l’entraide mutuelle au sein d’ateliers ludiques, tels sont les objectifs de cette association créée et gérée par (et pour) des usagers de la psychiatrie. www.gem-canoubiers.org.