L’unité mère-bébé Serge Lebovici existe dans sa forme actuelle, hôpital de jour, depuis 9 ans.

L’équipe soignante (5 infirmières, 2 puéricultrices, des temps de psychomotricien, sage-femme, psychologue, secrétaire) est formée, motivée, compétente. Les patientes ne manquent pas (file active de 81 patientes cette année avec un taux d’occupation de 123 %).

 

Pourtant, un seul homme, notre chef de service, décide que cette ligne de soin « ne l’intéresse pas » et projette de fermer l’unité pour récupérer nos postes.

Ne s’agit-il pas là d’une discrimination ?

N’est-ce pas là une façon de dire que certains patients ont droit aux soins et d’autres pas ?

 

Nous sommes la seule unité dans la région Rhône-Alpes à pouvoir assumer un soin à des mères ayant des pathologies lourdes.

Quel est ce soin que l’on pense pouvoir faire disparaître ?

Un travail d’accompagnement psychique : à des femmes enceintes en détresse ou à des mamans en post-partum qui ne vivent pas la maternité comme un moment de plaisir mais comme une angoisse, une terreur perpétuelle.

Un travail d’accompagnement psychique : à des mères en larmes devant leur impuissance à calmer des bébés terrorisés par l’angoisse de leur mère.

Un travail d’accompagnement psychique : à des mères dépressives, anorexiques, psychotiques, etc… qui demandent de l’aide pour « devenir mère ».

Un travail d’accompagnement pour des pères déroutés par la détresse psychique de leur femme, devant ce bébé pourtant désiré mais qui n’est plus en sécurité lorsqu’il reste avec sa maman seule à la maison.

Un travail d’accompagnement pour des pères qui nous supplient de s’occuper de leur femme et leur enfant pour qu’ils puissent aller travailler l’esprit libre.

Une aide aux parents nécessitant un signalement, pour leur laisser le temps de rencontrer leur bébé, non pas pour le leur rapter. Il ne faut pas qu’ils oublient cet enfant en remettant en route une nouvelle grossesse. Pour cela, l’accompagnement par une équipe qui travaille en collaboration avec les pouponnières où les bébés sont placés est indispensable.

Une collaboration avec des professionnels, seuls et débordés sur le terrain, devant des situations familiales de plus en plus compliquées, des pathologies maternelles lourdes non prises en charge sur le plan psychiatrique, qui ont besoin d’un service comme le notre non pas pour faire mieux mais pour faire avec.

Un partenariat avec des juges obligés de séparer pour éviter les drames mais qui ont aussi envie de réparer et d’aider. Ils font appel à un service capable de travailler sur le lien mais aussi d’aider à la séparation quand elle est nécessaire.

 

C’est tout ce travail d’accompagnement, de soin, de collaboration, de partenariat, que l’on veut faire disparaître.

Nous ne sommes qu’un maillon dans une chaîne, mais si ce maillon venait à disparaître, c’est toute une ligne de soin et de prévention qui serait en péril.

 

C’est pourquoi l’équipe et moi-même nous battons pour que toutes ces familles en détresse puissent être entendues.

Le témoignage de nos anciennes patientes nous incite à continuer et à ne pas vouloir renoncer.

 

 

 

 

 

 

Témoignages

 

« Mon premier enfant est né …..1999, il était voulu et attendu, mais après sa naissance, j’ai eu de véritables angoisses handicapantes et un manque de confiance en moi ; cet état a déstabilisé ma vie de couple, et de mère ».

« Une fois par semaine avec mon enfant, j’étais en hospitalisation de jour, et au bout de quelques mois grâce au soutien du personnel et du Docteur……, j’ai pu peu à peu reprendre pied et arriver à m’occuper de mon enfant et me réapproprier mon rôle de mère ».

« J’ai eu mon deuxième enfant le ……2005, pour éviter à nouveau un état dépressif et angoissant, l’unité mère-bébé m’a proposé des soins durant ma grossesse qui m’ont encore beaucoup aidé ».

 

« En avril/mai 2003,j’ai intégré cette unité en temps complet afin de surmonter des difficultés liées à une dépression du post-partum. Puis j’ai eu l’heureuse chance de continuer à venir en hôpital de jour deux fois par semaine pendant 6 mois. Sans le soutien, l’aide, les conseils et les compétences des personnes formant cette unité, je ne serais pas parvenue à surmonter la tristesse et le désespoir qui m’habitait lors de la naissance de ma fille. Ces personnes m’ont vraiment aidées à devenir une maman accomplie ».

 

« Après une hospitalisation suite à une psychose puerpérale, j’ai bénéficié de soins durant un an, deux fois par semaine avec mon enfant. J’ai, grâce à une équipe attentive, compétente et rassurante, pu guérir et créer le lien avec mon enfant.

 

« Bienheureuse la mère qui ne connaît pas la psychose puerpérale. Je l’ai connue et la démence exigeait que par amour je me supprime ainsi que mon fils ».

« Un mois après, , je découvrais l’unité qui m’a très bien soignée grâce au Dr…… et qui m’a, et qui nous, mon fils et moi, a sauvé la vie ».

« C’est avec une extrême patience et un très grand professionnalisme qu’elles m’ont aidé à retisser les liens avec mon enfant ».

 

« Je peux témoigner aujourd’hui de l’efficacité des soins de l’unité mère-bébé. Cette dernière m’a sauvé la vie à un moment crucial de mon existence : la maternité. Réputée pour son efficacité auprès des mamans en détresse et leur progéniture, facile d’accès et possédant un personnel compétent et pointu, l’unité mère-bébé a été aussi ce soutien fort sans lequel je ne pourrais vous écrire aujourd’hui ».

 

« En 1995, j’ai donné la vie à mon premier enfant. Aussitôt, ma vie est devenue un cauchemar. Mon enfant me faisait une peur atroce ».

« Je me réveillais en pleine nuit, le souffle coupé : c’est pas qu’ un cauchemar ! Il est là ! ».

« Mon calvaire et celui de ma famille, chez moi, a duré 3 semaines. Trois semaines d’horreur à la maison parce que personne à la clinique où j’ai accouché (à part ma famille) ne s’est aperçu de mon état ou n’a voulu s’en soucier ».

« Je ne dormais plus, ne faisais plus à manger, ne me lavais plus, en venais aux hurlements et presque aux mains avec ma mère qui tentait vainement de me pousser à réagir… ».

« Je me suis vraiment sentie la seule maman au monde à ne pas vouloir de son enfant. Quel isolement et quel énorme sentiment de culpabilité ! ».

« C’est dans ce contexte que j’ai été soignée et très bien soignée par le Docteur …… ».

« Je dois au Docteur ……d’être aujourd’hui la mère de G., 13 ans et de C., 10 ans ».

« Et avec l’aide du Docteur……, avec l’aide des infirmières du service unité mère-enfant du Vinatier, dont je vois encore les visages, avec l’aide de l’hospitalisation de jour avant et après mon accouchement, j’ai pu avoir mon deuxième enfant sans qu’un tsunami d’angoisses ne me submerge ».