Retour à l'accueil
Infirmier de secteur psychiatrique ( diplômé en
1987), je m'inquiète de plus en plus pour nos patients , et leur prise en charge
au sein du service public.Je constate chaque jour que cette dernière se dégrade,
et quand je vois le discours tenu par notre président de la république, je suis
encore moins rassuré, la dimension du soin psy est quasiment absente de son
discours pour laisser place à une "logique sécuritaire"( aliéné au tout
répressif), n'est il pas possible de se faire entendre?
Pourquoi le pouvoir
médical ne se fait il pas plus entendre?
N'ont ils pas accès aux médias?
Sont-ils
liés par des contraintes économiques?
C'est de patients dont on parle, pour moi ,
les medecins sont les seuls à pouvoir diagnostiquer un état permettant au
patient de sortir de hôpital, et se n'est pas à des bureaucrates( non formés a
la pathologie mentale) de statuer si tel ou tel patient est apte a vivre hors
des murs!!!
Mais ou allons nous ?
Est ce que ce silence du corps médical est un
acquiescement de la démarche ?
Est ce que de déresponsabiliser les médecins
psychiatres de cette décision les arrangent?
Déjà que nous avons perdu notre identité , nous
sommes entrain de perdre notre âme.......Comment est il possible de conserver
cette dimension du soin dans la logique de rentabilité qui est mise en
place?L'hopital psy est complet , on fait sortir Paul qui est toujours en
souffrance, pour faire entrer Pierre qui est lui en crise , mais Paul lui
n'était pas vraiment prêt à sortir, pourvu que tout se passe bien.....Et te
temps en temps il y a des clashs........Travaillant actuellement sur le secteur,
combien de fois me suis-je entendu ces derniers temps dire "Ca ne sert à rien
d'essayer de faire hospitaliser Mr....il n'y a pas de place, débrouillez vous
autrement....., ou on va l'envoyer dans le département
voisin......".
Autre sentiment qui me préoccupe , la FORMATION de
nos étudiants en soins infirmiers, quelle est la part donnée à la pathologie
psychiatrique?Ce sont les étudiants(3 année) eux-mêmes qui se disent pas
qualifiés pour exercer en psychiatrie........et pourtant ce sont eux qui demain
prendront en charges ces patients , alors que dire de la nouvelle formation qui
va se mettre en place , en réduisant le nombre heure on va faire des soignants
plus qualifiés( la aussi , on entend très peu les psychiatres....)?
Ou va t on
faire des coupes sombres dans le programme?
Pourquoi pas en psy?
On sait que ce ne
sont que très rarement des patients qui vont se plaindre , donc se ne sont pas
eux qui feront pression pour que les choses s'améliorent, L'image de la "folie"
reste très négative lorsque qu'elle sort des plateaux de télévision, donc on se
fait voir le moins possible , on culpabilise déjà tellement de toucher une
AAH.........
Que va t-il advenir de toutes ces personnes en
souffrance?
Quand je vois que certains d'entre eux n'ont même plus la possibilité
de se faire hospitalisé, certaines mutuelles "rationnant" la prise en charge du
forfait hospitalier à 30 JOURS, après vous devez être GUERI!!!!!!!!
C'était mon petit coup de gueule du jour, au delà
de ces réflexions , je suis toujours dans l'expectative d'un mouvement national
, médiatiser, pour essayer d'améliorer la prise en charge des patients en
psychiatrie, c'est toujours très étrange de penser que dans une profession ou la
relation est l'outil principal , il est si difficile de communiquer entre nous
professionnels!!!!
Chaque structure essaye de faire face à ses difficultés de son
coté , alors que nous sommes surement tous confrontés aux
mêmes.........
Les patients et leurs familles comptent sur nous ,
pouvez nous leur donner un espoir ?Ou est ce qu'on laisse le politique décider
du soin?
Martin Bolon ( infirmier de secteur
psychiatrique)