Suite à la visite du Centre Erasme d’Anthony par le Président de la République


Lors de cette visite, le Président, plutôt que de s’inquiéter du manque de moyens des équipes de psychiatrie pour soigner la multitude de personnes en souffrance psychique, à tenu un discours largement emprunt de logique sécuritaire.


S’il a fait des propositions et annoncé le déblocage de crédits, ce n’est pas pour améliorer la qualité des soins, mais pour renforcer le caractère carcéral de la psychiatrie – création de 120 chambres d’isolement, de 4 centres fermés, instauration des « bracelets électroniques »... Ignore – t - il que la psychiatrie est un dispositif dépendant du Ministère de la santé et non de l’Intérieur ou de la justice ?

Pas un mot concernant les difficultés croissantes des équipes de psychiatrie pour soigner correctement les centaines de milliers de patients qui ont recours chaque année au dispositif de psychiatrie de Secteur. Parce que la réalité de la psychiatrie c’est cela, des centaines de milliers de concitoyens qui sont atteints de troubles psychiques divers, signes de grande souffrance et ne saurait être réduite à quelques dizaines de patients qui du fait de leur pathologie peuvent porter atteinte à la vie de leur voisin. Ce qui n’enlève rien au caractère insupportable de ces drames.

S’adressant aux équipes soignantes, le Président s’est contenté de dire « Vous avez le devoir de soigner , j’ai le devoir de protéger nos concitoyens ».
Ce n’est pas là, le discours d’un Président de la République qui a en charge la santé des Français s’adressant à des soignants !

Aurait-il oublié qu’il n’était plus Ministre de l’Intérieur ? Par son discours – émaillé pourtant de nombreuses dénégations - il a voulu recentrer la psychiatrie dans une fonction d’enfermement et de contrôle social en stigmatisant l’ensemble des malades mentaux. Alors que depuis plus de 50 ans les équipes de psychiatrie ne cessent d’œuvrer à la dé-stigmatisation de la maladie mentale pour remiser l’image du fou au musée des horreurs de notre société.

Ce qui fait qu’aujourd’hui près de 90% des patients peuvent être soignés sans jamais avoir besoin d’être hospitalisés.

Ceux qui nécessitent malgré tout une hospitalisation, n’en n’ont pour la plupart pas besoin en raison d’une quelconque dangerosité mais du fait de l’intensité de leur souffrance.

Malheureusement la fermeture excessive de lits d’hospitalisation associée à la pénurie de personnels soignants fait que les hospitalisations doivent trop souvent être écourtées, parce que l’on a besoin du lit pour un « entrant ».

Si la psychiatrie à besoin de lits, ce n’est pas de chambres d’isolement !

Si la psychiatrie à besoin de structures nouvelles, ce n’est pas de lieux d’enfermements, mais de structures ouvertes sur la société !


S Klopp