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Al Wârith, la chercheuse d'âme et le bâton magique

Un sac de sable dans une main, une balance en cuivre dans l'autre, je reste plantée au milieu de la salle d'attente du centre médico-psychologique et me laisse envahir par une bouffée de souvenirs...

" Ouah ! ! ! ! ! Ca y est ! ". Eh oui, à la page 142 du guide sur le Maroc, nous avions trouvé la ville natale de Wârith. Elle était là, grandiose et alanguie sur le papier comme sur les bords de la Méditerranée. Il y avait même une photo. - " Ouah, c'est trop cool ! J'vais l'dire à mon frère qu'elle y est dans l'guide ! Voyons ce qu'il raconte. C'est une ville décontractée et moderne longtemps sous influence espagnole… ". Ca, Wârith s'en fichait. Par contre il a bondi de joie lorsqu'il a vu le nom des plages : " La Playa Bonita, j'la connais, moi ! Elle est toute petite. On y allait avec mes parents et mes grands parents. Un jour ma petite sœur a failli se noyer… enfin … elle a bu la tasse... Après on était aller ramasser des coquillages et j'y ai payé des beghrir (1)…". Wârith connaissait bien aussi les restaurants que le guide recommandait : - " Celui de la Place Mohammed V, c'est mon cousin Sliman qu'est l'patron ! Et celui-là, la sœur de ma mère, elle y a fait le ménage !… Et là, la Pâtisserie d'Abdallah, c'est là que j'ai mangé les meilleures kaab el ghzal (2). C'est ma grand-mère qui leur a donné la recette !…". Wârith tournait et retournait les quelques pages qui parlaient de sa ville natale. Il lisait et relisait ce que racontait le guide sur elle. Le livre entre les mains, les yeux posés sur je ne sais quel mot, il souriait pensivement. Il se souvenait de quand il était petit. Des images, des sons, des saveurs et des odeurs lui revenaient en mémoire, autant de souvenirs qui venaient donner corps au passé qui parfois lui semblait si lointain, presque irréel.

Je regardais Wârith rêver à son pays et je rêvais à mon tour. Moi aussi, je me souvenais : - " Vous êtes arabe, n'est ce pas ? ! ". La question que la petite vendeuse de pâtisseries orientales m'avait adressé joyeusement m'avait saisie.
- " Ben … oui.. enfin d'origine "
- " Vous êtes née où ? "
- " ! ! C'est compliqué … Enfin, c'est mon père qui était marocain "
- " Si c'est votre père qui était marocain, vous êtes marocaine. Chez nous c'est le père qui donne la nationalité ! ".


Dans ce centre commercial gigantesque et bruyant, c'est ainsi que la petite vendeuse avait conclu notre papotage. Tout semblait si simple. Chaque chose était à sa place et le monde tournait rond. Elle était fière d'être la fille de son père. Moi, j'étais marocaine puisque mon père l'était, et comme nous avions toutes les deux un chez nous, j'avais de fait un chez moi. Pendant une fraction de seconde, tout m'avais semblé effectivement très simple. J'étais marocaine et moi aussi j'étais fière d'être la fille de mon père, père que je n'ai pourtant jamais connu et dont je ne sais absolument rien, si ce n'est qu'il était marocain. Drôle de petite bonne femme qui avait éveillé ce curieux sentiment en moi, sentiment d'appartenance à une lignée et à un pays. Oui, je suis une berbère au teint clair et aux yeux verts et c'est à cette terre et à ces origines que certains patients s'adressent, à travers moi.

Il en va ainsi des relations humaines. Elles sont fondées sur ce qui, en l'autre, nous interpelle (3) et la relation soignant/soigné n'y échappe pas. En apparence, c'est un regard, une façon de s'habiller, une expression, une manière d'être, un quelque chose d'indicible qui fait que telle infirmière va au devant de tel patient et/ou l'inverse. En réalité, c'est beaucoup plus compliqué. Ce qui lie les hommes les uns aux autres, et de fait les soignants aux soignés, ce sont des bribes de leur histoire, de leur éducation, de leur culture... Il s'agit donc de quelque chose de beaucoup plus " intime ", au sens étymologique du terme, c'est à dire quelque chose situé le plus au dedans (4) , quelque chose du plus essentiel, qui existe au fond de l'âme .(5)
Comme avec la petite vendeuse, entre Wârith et moi, il y a le pays de nos pères, le Maroc. C'est donc avec cette part là de mon histoire que j'ai choisi de travailler avec ce patient là. Mais à la différence d'avec la petite vendeuse, avec Wârith j'interroge constamment ce qui est de son histoire et ce qui est de la mienne. Pour lui, comme pour d'autres, je fouille dans ma trousse d'infirmière, je cherche ce qui va faire résonner mon âme à la sienne et ce sera au son de celle-ci que nous nous guiderons pour avancer. S'il y a quelque chose d'intime dans la relation soignant/soigné, c'est à la résonance des profondeurs de l'être qu'elle s'apparente. Mais c'est parce que cette résonance est constamment interrogée que le lien qui se tisse n'est plus seulement affectif et qu'il peut devenir thérapeutique. La relation soignant/soigné, c'est sur un fil qu'elle se construit, entre indifférence et ingérence. Tout un art de l'équilibre ou de la bonne mesure.

Wârith était pensif : - " J'voudrais tellement y retourner au Maroc …Ca fait sept ans que j'y suis pas allé. Ma mère ne veut pas que j'aille là-bas. Avant c'était parce que j'étais SDF. Maintenant c'est parce que je travaille pas. Elle a honte. Elle veut pas me montrer là-bas à ses parents ". Pour que Wârith puisse émettre ce désir de retour au pays, il a fallu deux hospitalisations, un an de rencontres régulières avec le psychiatre, l'assistante sociale, la tutrice et les infirmiers. Des semaines et des mois pour nous apprivoiser et apprendre à nous faire confiance, avec au centre de tout ce dispositif de soin, nos rencontres hebdomadaires au centre médico-psychologique, où nous avons remonté ensemble le cours de son histoire. D'abord neuf premières années douces et heureuses passées auprès des femmes (grand-mère, mère, tantes et cousines) et des enfants des unes et des autres. Souvenirs de jeux bruyants dans la cour de la maison maternelle, odeurs de miel, de citron et de rassoul au hammam, galettes fumantes et délicieux tajines … Puis le coup de tonnerre dans l'enfance tranquille d'un petit garçon : départ du père d'abord pour le pays "des femmes blondes "(6) puis l'arrachement à tout cet univers avec l'arrivée en France, l'entrée à l'école, l'incompréhension, la solitude, la rage et le chagrin. Disputes de plus en plus violentes des parents devant les enfants dont le nombre ne cesse de croître. Plus personne ne s'y retrouve, chacun s'y perd. Escalade infernale jusqu'à l'altercation fatale où la mère est transportée en urgence à l'hôpital dans un état critique et où le père disparaît à tout jamais. La mère sortira de l'hôpital au bout d'un mois au moment où on retrouvera le corps du père dans le fleuve voisin. Wârith avait 17 ans, il était l'aîné d'une fratrie de six enfants.

Comme la mère, comme chacun des petits frères et chacune des petites sœurs, Wârith s'est débrouillé pour se relever de cette tragédie. Il a beaucoup misé sur les copains et un peu abusé du kif, de l'alcool et des larcins. Pendant environ trois ans il a tenté de garder la tête hors de l'eau, puis vers l'âge de 20 ans, il y a eu fracture. En partant travailler en mobylette, il s'est fait renverser par une voiture et s'est retrouvé à l'hôpital avec une fracture ouverte de la jambe. Pour lui, c'est à partir de ce moment là que les choses ont basculé. La goutte d'eau a fait déborder le vase. Il a littéralement explosé sur tous les plans. Il ne s'est plus senti capable de travailler et a revendiqué alors une rente, une invalidité ou n'importe quelle allocation compensatoire. Des voix lui " prenaient la tête ". Wârith le voyait bien, " on le regardait bizarrement " Il a volé de plus en plus gros, agressé de plus en plus souvent. La violence s'est déchaînée en lui jusqu'à ce qu'il frappe sa mère. Là, l'escalade infernale s'est interrompue. Deux mois de prison, puis deux ans de probation, puis, l'hospitalisation dans le service où nous nous sommes rencontrés. A cette époque là, Wârith n'avait plus de travail, plus de revenu, plus de maison et sa famille ne voulait plus en entendre parler.

Remonter le cours d'une vie ne suffit pas. Encore faut-il pouvoir associer les événements à leurs sensations et leurs émotions. Or ça, Wârith n'en était pas encore capable. A sa sortie de l'hôpital, il a choisi de continuer les entretiens infirmiers hebdomadaires avec moi " pour faire du travail profond ". J'entends dans son expression la mélancolique mélodie des chants andalous ou gitans (7). Chaque mercredi matin, toujours à la même heure, nous nous sommes efforcés de faire silence, d'écouter et de repérer ensemble où était cachée son âme. Il faut vous dire que dans ma trousse d'infirmière, je promène aussi les contes de mon enfance..

- " Wârith, " l'âme, c'est bien la chose la plus difficile à atteindre car elle est dans l'œuf "(8) dit la vieille femme au jeune berger, que son père a chassé parce qu'il le tenait pour incapable ". Wârith me regardait et m'écoutait, mi-surpris, mi-amusé. Je voyais bien qu'il ne comprenait pas bien où je l'emmenais mais je sentais qu'il était prêt à me suivre, ce qui n'était pas gagné. Allez racontez aujourd'hui des histoires pareilles à un jeune homme ! - " " L'âme est enfermée dans un œuf ; cet œuf se trouve dans le ventre d'une perdrix ; cette perdrix est dans un bélier ; ce bélier se trouve au milieu d'une falaise, laquelle est située au fond de la mer "(9) . Mais d'abord, Wârith, trouve le bâton magique, grâce auquel, d'un seul coup, tu pourras mettre la mer à sec ". Voilà. Notre démarche de soin était toute tracée. Semaine après semaine, mois après mois, nous allions œuvré à trouver le bâton magique, puis la mer, puis la falaise, puis le bélier, puis la perdrix, puis l'œuf, puis son âme. C'est ainsi que Wârith, toujours un peu incrédule mais en tout cas séduit a décidé de se mettre en quête à mes côtés.

Wârith était triste que sa mère l'ait mis à la porte. " De toute façon elle m'a jamais vraiment aimé comme les autres. Elle a toujours préféré mon petit frère Ali. Elle dit que lui, il est malade et que moi ch'uis fainéant. D'un côté ça m'rassure qu'elle s'inquiète pour lui, parce que c'est vrai qu'il est malade et ça montre qu'elle est capable d'être inquiète pour nous. Mais moi aussi ch'uis malade. Ch'uis pas bien dans ma tête. Ca se voit pas comme lui, alors elle le croit pas ". Pour l'instant tout était très embrouillé dans la tête de Wârith. Les sentiments étaient encore confus mais nous avancions. Il repérait qu'il s'était senti rejeté de la maison au moment où sa sœur Fatia avait présenté son fiancé à la famille. " Il voulait faire la loi dans la famille ! ". Au Maroc, c'est le fils aîné qui fait la loi quand le père n'est plus là, pas le beau-frère. Et Wârith de m'expliquer que "le fils aîné doit être sérieux et avoir un travail pour subvenir aux besoins de la famille ". En fait, chez eux c'était Rachid, le second fils, qui tenait cette place. " J'ai fait un drôle de rêve d'ailleurs. J'ai rêvé que mon père c'était plus mon père mais que c'était Rachid et que ma mère c'était plus ma mère, mais c'était Fatia ". Wârith éclatait de rire. Il ne savait plus que penser à propos de sa place. Il se défendait comme il pouvait : - " Bah, c'est des conneries tout ça. C'est des histoires dans l'Islam. Les anciens y croient ça. Ch'uis pas croyant, moi. Enfin, si, ch'uis croyant mais pas pratiquant. C'est Rachid qui s'en occupe de tout ça. Moi, je sais pas … ". Wârith butait souvent sur les traditions. Pourtant il déclarait très fier : " Je suis berbère, moi. Puis après seulement ch'uis marocain ! ". Les entretiens où nous abordions les questions de culture étaient généralement très joyeux, d'autant plus joyeux que j'avais fait une demande très sérieuse à Wârith : " Imaginez un peu, Wârith, ca fait bien de dire que je suis marocaine juste parce que mon père était marocain ! Je n'ai jamais mis les pieds là-bas et je ne connais rien de la culture. Alors j'ai besoin de vous. Il faut que vous m'enseigniez notre pays, mais faut que vous preniez votre boulot très au sérieux. C'est pas pour rire que je vous demande ça ! ". Wârith éclatait de rire et jubilait.

C'est ainsi que chaque mercredi je nous donnais une consigne pour la semaine suivante. La consigne introduisait une continuité dans le temps pour ce garçon qui se perd aujourd'hui encore dans les dates et les événements.

C'est ensuite ce qui le reliait à moi lorsqu'il ne me voyait pas. Je testais ainsi sa capacité à supporter l'absence mais aussi à supporter un lien qui se tisse.

La plupart des consignes portant sur des choses que Wârith croyait ne pas savoir, il devait poser des questions à un ou plusieurs membres de sa famille, comme par exemple, demander à son frère de lui raconter ce que représente la fête de l'Aïd (10) et à sa mère les recettes de l'Harira (11) et de la Chorba (12). Sous ces prétextes, la parole a commencé à circuler de nouveau entre eux, les rapports familiaux se sont détendus et il a obtenu l'autorisation de revenir chez sa mère tous les 15 jours, le dimanche après-midi.
De mon côté pour répondre aux questions que nous nous posions, je devais faire des recherches dans les livres. Ainsi, à nous deux, nous mêlions tradition orale et tradition écrite. La mise en commun de nos trouvailles était toujours un grand moment, surtout lorsqu'il fallait prononcer des mots en arabe. Mais Wârith s'est montré un professeur très encourageant et très patient. Sans compter qu'en acceptant d'être mon " professeur ", Wârith acceptait bien plus. D'une part, il acceptait l'idée qu'il avait un savoir et la légitimité de le transmettre. D'autre part, il acceptait la fonction de tuteur, fonction qu'il n'avait pas pu tenir avec ses petits frères et sœurs du fait de la sidération dans laquelle l'avait plongé le suicide de leur père. Enfin, la relation soignant/soigné c'est une histoire de don et contre-don. En aucun cas, ce peut être une histoire à sens unique. C'est sans doute parce que je lui ai demandé de m'accompagner et m'enseigner qu'à son tour il a accepté les soins dans la forme que je leur ai donnés.

Si la plupart des entretiens se passaient dans la bonne humeur, certains ont été plus douloureux. Il y avait les entretiens qui " lui prenaient la tête ". C'étaient ceux où il parlait de son père. Sachant ce que ça lui coûtait, je n'abordais jamais ce sujet la première. " J'aime pas parler de ça. Ca sert à rien. Ca fait des années que j'me pose des questions à ce sujet là et j'ai pas de réponse. C'est du passé ". Pourtant il y revenait de lui-même régulièrement. Parfois, il déboulait au centre et ne pouvait rien dire de plus que : - " Ca va pas. Ca me pique, ca me brûle partout. Je suis rongé de l'intérieur ". Là, c'est souvent le Docteur qui dénouait la situation. Il l'auscultait, le palpait, ajoutait des anxiolytiques ou des neuroleptiques. Quelquefois il l'hospitalisait quelques jours pendant lesquels on ne lui parlait surtout de rien. Wârith entrait en lui-même et nous étions là autour. Dans ces moments là aucune plainte n'était formulable. Il fallait attendre qu'il remonte de ses profondeurs. Quelquefois, les entretiens suivants ces périodes difficiles portaient sur le père, comme celui où, revenant sur son suicide, Wârith s'est autorisé à murmurer : " il aurait pu faire autrement "
Un mercredi matin du mois de mai, Wârith est arrivé dès l'ouverture au centre. Il était rayonnant et tout excité : - "Je pars au Maroc le mois prochain avec mon beau-frère, le mari de Fatia. Ma mère, ma sœur et les p'tits nous rejoindrons en juillet…On part tous les deux pour préparer leur arrivée chez les grands-parents… C'est les parents de ma mère…Ca fait 7 ans que j'y suis pas retourné. Chaque année y partaient sans moi, cette fois ch'uis du voyage… Ch'uis heureux ". En partant à la recherche de son âme, Wârith s'était ouvert à nouveau les portes de la famille et du bled. Même si l'équilibre était encore très fragile, il n'empêche que nos objectifs de soin étaient atteints et aussi farfelues qu'aient pu paraître certaines actions posées tout au long de ces deux années, leur pertinence s'imposait ce jour là. Wârith venait donc de bon matin me demander de l'aider à préparer son départ, en faisant devant moi la liste des choses auxquelles il devait penser : prévenir sa tutrice, organiser avec elle les paiements des loyers pendant son absence, refaire son passeport, prévoir l'argent du voyage ainsi que celui nécessaire à son séjour, prévenir le médecin, prévoir avec lui une ordonnance suffisante, le certificat pour la douane, le rendez-vous à son retour, préparer la valise, dire au revoir aux copains et acheter les cadeaux pour les grands-parents. Ouf, il a pensé à tout ! Je l'ai laissé faire en souriant. Je pensais que quelques mois auparavant encore il lui aurait fallu tout et tout de suite … Les semaines suivantes se sont passées autour des ces préparatifs. Puis la veille du départ, Wârith est venu me voir et nous avons mis ensemble la touche finale à ce grand voyage : - " Alors Wârith, soyons clairs, vous êtes mon ambassadeur. Dites bonjour au pays pour moi et faites le plein d'émotions pour me raconter… Je compte sur vous… Puis je voudrais vous demander deux autre choses … Si vous y pensez j'aimerais que vous me rapportiez une carte postale de chez vous. C'est pour voir si ça ressemble à ce que j'ai imaginé pendant qu'on travaillait ensemble... Vous vous souvenez dans le guide … Puis, je voudrais autre chose. Mais ça, c'est juste pour rêver… Chut !… J'voudrais un petit peu de sable du pays … ". Je voulais faire de ce départ un moment très solennel qui marque une étape. Tout ne serait peut-être pas rose au cours du voyage. N'empêche qu'il pouvait ouvrir de nouveaux horizons à Wârith et le mobiliser encore plus sur un plan psychique. Certains de mes collègues craignaient qu'il ne laisse tomber le traitement et le suivi à son retour. Sans croire vraiment à cette éventualité c'est tout de même la raison pour laquelle j'ai donné à Wârith ces deux consignes. Rapporter une carte postale pour nous permettre de boucler le travail entrepris autour d'un possible retour au pays. Rapporter du sable parce que c'est tout un poème de douceur au toucher et de rêve par ses étendues et qu'il symbolise le temps qui passe inexorablement de la naissance à la mort.

Deux mois plus tard, un lundi matin Wârith débarque sans crier gare au centre. Il m'attend dans la salle d'attente avec un gros sac rempli de sable, deux cartes postales de sa ville et un cadeau. Il est radieux et jubile devant mon air ahuri et empoté. J'ouvre le petit paquet emballé à la hâte et découvre une petite balance à plateaux en cuivre ravissante. Wârith avait-il retrouvé un équilibre ?

Le sac de sable dans une main, la balance en cuivre dans l'autre, je reste plantée au milieu de la salle d'attente du centre médico-psychologique et me laisse envahir par une bouffée de souvenirs...

Marie Rajablat

Infirmière de secteur psychiatrique Co-animatrice du Centre de Recherche, d'Animation et d'Etude en Soins Infirmiers (CRAESI)
CH Gérard Marchant
Toulouse


Il s'agit du texte intégral d'un article qui était paru dans la revue "SOINS" n° 652, février 2001




(1) Fines crêpes accompagnées de miel et de beurre

(2) corne de gazelle

(3) A ce propos, juste un tout petit point étymologique. A l'origine, " interpeller " vient du verbe pousser qui lui-même vient de deux verbes latins. L'un signifie croître - et découlent de ce premier sens une série de sens dérivés qui associent violence à croissance. L'autre signifie nommer, désigner et plus particulièrement interrompre par la parole.

(4) " Intime " vient du latin intimus, superlatif, tout à fait intérieur. Intimare, verbe, faire pénétrer.

(5) Ibidem.

(6) On avait promis à Wârith que la France était le pays des femmes blondes, sauf que dans le sud les femmes ont le type latin !

(7) Cante Rondo ou Chant Profond.

(8) Conte Kabyle recueilli par Léo Frobenius, Tome II, Le monstrueux, page 140.

(9) Ibidem.

(10) Fête du mouton qui marque la fin du Ramadan.

(11) Soupe du Ramadan.

(12) Autre soupe.


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