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Désarroi et psychiatrie

 

 

Est-ce que les psychiatres, les infirmières et infirmiers psychiatriques ont le droit d’être plongés dans le désarroi ?

Désarroyer, ancien français, être en désordre. Réponse, oui. L’euphorie perpétuelle n’est pas prescrite sur ordonnance. On voudrait tant être débarrassé du terrible fardeau de vivre, comme disait Nietzsche, lui-même devenu fou en s’agrippant à la crinière d’un cheval martyrisé par son cocher.  Lui qui avait une conception aristocratique de la vie, qui opposait Dionysos, dieu de la fête, de la vie, de l’ivresse à Appollon, dieu solaire, de l’ordre.

Etre et travailler en psychiatrie peut plonger l’homme dans la détresse. Je me souviens d’une infirmière psychiatrique qui répétait : « je flippe ».

L’H.P., l’hôpital psychiatrique, l’asile d’aliénés fait les délices de Sarkos 1er. Le matin quand il se rase, Sarkos 1er se répète la tirade des tontons flingueurs. « Je serai le Zorro de la psychiatrie face aux vilains psychiatres gauchisants, porte-flingues des schizophrènes criminels. » Voici du Sarkos 1er, dans le texte, façon Audiard remanié : « Mais moi les dingues, je les soigne. Je vais leur faire une perpétuité sur ordonnance et une sévère. Aux quatre coins de l’Elysée qu’on va les retrouver les schizos sanguinaires, façon puzzle. Moi, je vais les correctionner, les dynamiter, les onzeseptembriser, les ventiler, les pendre à un croc de boucher par les couilles. Finis les bourre-pifs avec les bottins qui font très mal et ne laissent pas de traces ».

Sarkos 1er s’arrêta et finit sa tirade en se tenant sur la pointe des pieds. Carlita 1ère, sa chérie, avait cependant réussi à le convaincre de ne pas renvoyer en Italie, l’ancienne brigadiste rouge. Ça lui avait fait mal au ventre mais il avait fini par admettre qu’une ex-brigadiste rouge pouvait être aux abois, au bord du suicide. Quoi ! Une terroriste dépressive, suicidaire, passe encore, Sarkos 1er pouvait se montrer magnanime et débonnaire, mais un schizo meurtrier, ça jamais. Pas de quartier. Sarkos 1er se sentait d’humeur guerrière.  Sus au schizo ! Répétait-il. Mais non Carlita, je ne t’ai pas appelé, c’est la curée, l’hallali, j’ai dit sus au schizo. Pas de pitié, faut être sec avec le bétail schizophrène. Pas de chance pour son fiston, l’autre grand blond, il fait du rap avec Doc Gyneco mais pas avec Doc Psycho.

Quel désarroi, quelle détresse, quelle déchéance, du rap avec Doc Gyneco.

 

Philo Gelos, le 28/11/08.