Retour à l'accueil

 « Colère ! »

« Je suis schizophrène , est-ce que je suis un assassin ? Dites    -moi la vérité , est-ce que je suis un danger pour les autres ? »
Combien sont-ils a avoir été mis à mal par cette bien trop facile équation  : schizophrène =assassin ? Équation dont le résultat se calcule en actions répressives….
La vérité c’est que ce sont eux les victimes , les schizophrènes et les autres  malades de notre société.
Je suis infirmière de secteur psychiatrique et je le revendique ! Mais je ne veux pas soigner comme on nous le demande aujourd’hui , car ce n’est pas soigner !.
De par mon expérience , j’ai acquis  une certaine éthique , que les propos de  Monsieur  Sarkozy relayés par les médias ,  offensent . Ces derniers colportent  l’idée que les malades, dangereux bien sûr ,  sont dans la rue et nous menacent…Après les banlieues , il  fallait trouver autre chose pour faire trembler le bon citoyen ! et continuer d’alimenter un climat d’insécurité et de peur…
Mais pourquoi les médias ne vont-ils pas au fond du problème ?
Il y a des malades dans la rue parce- que le système de soin tel qu’il devient ne permet pas de les soigner correctement .
 Et c’est donc nous qui sommes dangereux pour eux :
 - en les faisant attendre pour être hospitalisés (combien déjà de lits en moins en psychiatrie ??)
 -en les laissant sortir alors qu’ils ne sont pas « équilibrés » (deux hospitalisations courtes  rapportent plus qu’une hospitalisation longue ).
 - en les empêchant d’avoir accès à certains soins trop coûteux ( franchises  , médicaments vendus trop chers par des laboratoires profiteurs , mutuelles à bas prix ou plus de mutuelle ! ) en percevant l’allocation d’adulte handicapé  (environ  650 euros ), on ne bénéficie pas  de la CMU complémentaire.
 -en leur proposant une prise en charge insuffisante et à moindre coût . Avec du personnel réduit ,  mal formé  et  donc peu motivé pour ce type de soins (il n’y aura bientôt plus d’infirmiers psy !…).
 -en réduisant ou distribuant les budgets de façon inadaptée .( caméras , bracelets électroniques  mais aussi consommation excessive de produits « recommandés » afin d’obtenir d’autres  budgets ….
 -en imposant des actions qui réduisent le Sujet  à un tout universel à faire entrer dans des cases et des quotas ! La singularité  de l’humain ne peut entrer dans certaines cibles …
 -en détruisant  cette trouvaille qu’était le secteur plutôt que de le faire encore évoluer , avec les conséquences que cela aura dans la cohérence du soin .
 Comment peut on être soignant et  surtout digne de ce nom dans un tel contexte  ???
Faut-il qu’ils soient si forts tous ces étrangers aux soins qui n’y comprennent rien  ? Qui n’ont aucune idée de la misère et de la souffrance de toutes ces personnes que nous , soignants en psychiatrie  , côtoyons au quotidien ?
Entendent-ils leurs appels de détresse  ? Comprennent-ils cette langue du désespoir , eux ces professionnels de la rentabilité , de l’argent et du pouvoir ?  Qu’on-t-ils appris dans leurs écoles ?  à tirer profit de tout même du malheur ? À ouvrir des parachutes dorés ?
Sont-ils donc si forts que Nous avec notre rage et notre foi ne pouvons les combattre ?
JE REFUSE DE CAUTIONNER CETTE REGRESSION DE LA PSYCHIATRIE .
  MIREILLE MALOUET
INFIRMIERE DE SECTEUR PSYCHIATRIQUE