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Chantal AGRECH Infirmière, Cadre de Santé

 

 

Est-ce que c'était mieux avant?

 

Jeune infirmière de secteur psychiatrique dans les années 80, j'ai commencé à travailler dans une équipe où nous n'étions pas moins de trois infirmiers, un aide soignant et un ASH le matin et le soir.

 

A l'époque, le cadre unique tâches infirmières allaient du ménage aux injections) n'était pas si loin, et, le partage des tâches se faisait d'autant plus facilement que nous étions nombreux. Les infirmiers avaient une formation "spécialisée en psychiatrie" et étaient aussi encadrés par leurs aînés qui avaient la possibilité de transmettre leur savoir. Je ne cacherai pas que tout n'était pas idyllique, jeune diplômé nous rencontrions aussi des infirmiers usés et souvent désabusés par des années passées auprès des patients chroniques. De leur côté, les médecins désertaient un peu ces pavillons, les patients étaient vus ponctuellement quand quelque chose n'allait pas, peu de projets étaient élaborés pour eux sinon l'asile et sa vie ritualisée, hors du temps et de la société. Le sens manquait.

 

Les pavillons d'entrants, eux, accueillaient des patients pour une première hospitalisation ou, comme à présent, pour une rechute. Les patients étaient pris en charge de façon à envisager un retour au domicile et l'organisation d'un suivi extra hospitalier se mettait en place. Néanmoins, la durée moyenne d'hospitalisation était plus longue qu'actuellement.

 

Dans les années 90 beaucoup de lits de psychiatrie ont été supprimés et nous avons eu des craintes quand les patients chroniques, dont certains n'étaient pas sortis de l'hôpital depuis trente ans, ont été placés dans d'autres lieux de vie comme les maisons de retraite. Pourtant dans l'ensemble cela s'est plutôt bien passé.

 

Ces fermetures de lits nous ont également obligé à renforcer nos dispositifs extra hospitalier et à revoir notre travail en intra hospitalier. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une pénurie de lit importante qui nous oblige parfois à faire dormir nos patients hors du service et en fait des "patients sans lit fixe". Ce sont des conditions difficiles d'hospitalisation. Or, l'hôpital doit être un lieu de vie en ce sens qu'il doit être un lieu où s'élabore les projets pour le patient mais il ne doit pas être un lieu où l'on vit. Même si pour certains de nos patients, l'hôpital devrait rester un asile, dans le sens noble du terme, c'est-à-dire une adresse, un refuge.