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EVOLUTION DES METIERS EN SANTE MENTALE
ET AGCS
                        SECTEUR MEDICO-SOCIAL



LE SECTEUR MÉDICO-SOCIAL

Le secteur qui nous intéresse ici est le Secteur Médico-Social  ». Il a pris forme entre 1942 et 1949, sous le régime de Vichy. Il a eu une mission de service public, celle de prendre en charge les enfants quon appelait à l’époque «  inadapté», ce qui voulait aussi bien dire lenfance errante de la guerre, les délinquants, les enfants handicapés, et, plus tardivement, les enfants souffrant de pathologie mentale. Il a pris en charge également, par la suite, des adultes, du fait du vieillissement de la population quil avait accueillie.
A la faveur de ce nouvel agrément, il est susceptible daccueillir, du fait de l’évolution actuelle de la psychiatrie et de la fermeture de lits dhospitalisation, des personnes adultes souffrant de maladies mentales graves  ; celles-ci, au passage, deviennent des personnes «  handicapées  », et perdent la reconnaissance de la spécificité de leur maladie.
LEtat confie à des associations privées une mission de service public. Il accorde les agréments, accréditations, le financement qui peut être, soit un financement venant de la protection sociale par le biais de la Sécurité Sociale, soit un financement régional par le biais des Conseils Géraux.



PRIVATISATION DES SERVICES PUBLICS,
PRIVATISATION DU SECTEUR MÉDICO-SOCIAL

AU NIVEAU MONDIAL, LOMC et LAGCS

OMC  : «  LOMC travaille à la reclassification des activités humaines, ce qui permet de sortir de nombreuses activités dun secteur proprement dit, dans le but de les libéraliser. Ainsi les repas servis dans les hôpitaux relèvent alors de la restauration, les lits dpitaux relèvent de ltellerie (donc du tourisme) la direction de lpital de la gestion  », les dossiers des patients des «  services informatiques  »  : «  ces activités ne relèvent plus de la santé, par le biais de ces activités connexes. Et les règles de lOMC sont alors susceptibles de sappliquer  ». (CCCOMC 2001).

AGCS:LAccord Géral sur le Commerce des Services est un accord qui fait partie de lOrganisation Mondiale du Commerce. Cet accord rend prévisible la privatisation progressive, et à court terme, des services publics, et la marchandisation des biens publics, dont la Santé.

Il prévoit dattribuer les mêmes subventions et les mêmes avantages, aussi bien aux services privés quaux services publics. Il prévoit aussi quun Etat ne peut favoriser un service, public ou privé, de son pays, et doit accorder les mêmes avantages à un service équivalent dun autre pays.

La privatisation des services publics et la marchandisation des biens publics mettent donc en concurrence des services publics et des services privés, ou des services privés entre eux. Il va de soi quun des critères de choix, pour les payeurs, sera le critère économique du moindre coût et de la rentabilité.

ORD: Organe de Règlement des Différends. Si un service sestime lé par rapport aux règles de lAGCS, il pourra faire appel à «  lOrgane de Règlement des différends  ». Il sagit dune instance créée par lOMC. Elle tranchera selon les règles énoncées ci-dessus. La mise en place de l'ORD va donc mettre en péril l'existence et le fonctionnement des services publics.
Ainsi, les subventions données aux services publics de santé seront au mieux réduites à la portion congrue, entraînant à terme la privatisation de ce secteur (comme celui de l'éducation etc.).
L'OMC va jusqu'à considérer le système de Sécurité Sociale comme pouvant faire obstacle au commerce: un fournisseur de service privé pourra se plaindre auprès de lORD d'être affecté par les remboursements de Sécurité Sociale.
On voit ici à l’œuvre un type de judiciarisation en faveur de la marchandisation.
Les exercices professionnels correspondant aux activités humaines concernées, vont se trouver eux aussi, de ce fait, inscrits dans une logique marchande.




EVOLUTION DE LA PROTECTION SOCIALE 
Les propositions du MEDEF  Novembre 2001.

«  Lorganisation actuelle de la CNAM (Caisse Nationale dAssurance Maladie), serait remplacée
Les opérateurs de soins pourraient être constitués à linitiative des actuelles caisses de sécurité sociale, dautres organismes dassurance, mutuelles, institutions de prévoyance, ou sociés anonymes.

Cest lentreprise qui aurait à choisir, avec ses salariés, sur appel doffres, lopérateur de soins quelle jugerait le plus efficace. Lopérateur de soins négocie avec les différents fournisseurs de soins et gère les relations entre les patients et ceux-ci.

Le financement des opérateurs se ferait sous forme dun forfait par assuré.
Les actuels opérateurs publics seront mis en concurrence avec les nouveaux opérateurs privés.
Les pouvoirs publics «  assureront une fonction majeure dorientation et de contrôle  ; ils assureront la solidarité au travers dun financement socialisé  ; mais ils nauront plus un rôle de régulation quotidienne  ».

Une bonne coordination des soignants implique la mise en place des réseaux de soins, permettant la diffusion de recommandations thérapeutiques pour une pathologie une meilleure cohésion des acteurs et un partage de linformation concernant les patients.


LES ARH

Si lon considère maintenant les instances qui distribuent les agréments, accréditations, financements du secteur sanitaire, à savoir les Agences Régionales dHospitalisation (qui vont devenir des Agences Régionales de Santé), on sait quelles mènent une politique de privatisation du secteur sanitaire public  : en accordant des accréditations, et des crédits, au secteur privé à but lucratif, elles permettent à celui-ci de développer les services les plus rentables.

Le secteur Médico-Social dépend lui aussi des ARH 
- en dépendant du SROS  : schéma régional dorganisation sanitaire
- en étant inscrit dans le plan hôpital 2007

Les autorisations dactivité des services et établissements du Médico-Social, qui ne seront valables que 5 ans, seront uniquement délivrées par les ARH.

On peut prévoir à court terme la privatisation progressive des établissements et des services du secteur Médico-Social. Ce sont dé des services «  privé», en ce sens quils relèvent majoritairement dune gestion par des Associations Loi 1901, à but non lucratif  ; le changement plus que probable, et dé engagé dans certains départements, sera le transfert à des associations gestionnaires relevant dentreprises cotant en bourse  : à linstar de ce qui se passe pour les cliniques psychiatriques privées à but non lucratif, qui se font racheter massivement par Medidep, ou la Gérale de Santé, filière de la Gérale des Eaux, ex-Vivendi.
De ce fait, ce secteur sera lui aussi visé par les mesures qui consistent, pour une zone géographique donnée, à ouvrir le champ à la concurrence au sein du secteur public (secteur médico-social public, associations loi 1901 entre elles, associations à but non lucratif, assurant une mission de service publique), mais surtout entre secteur public et privé à but lucratif.

LARH encouragera, comme dans le secteur sanitaire, les opérations dinvestissement immobilier privé des établissements. Au passage, les établissements du secteur médico-social perdent leur vocation de soins, au profit d'une mission d'hébergement, qui va les faire passer eux aussi sous la rubrique "hôtellerie, tourisme".

"Les réseaux, sous couvert de la petite formule «  travailler ensemble", sont en fait une façon de faire passer la pilule du passage à la privatisation et à la libéralisation des services et des établissements, ainsi que le passage au bévolat. Il faudra faire réseau entre le public, le privé, et le bévolat, appelé «  socié civile  »  : cest dabord ça que cela veut dire. «  Le bévolat est une affirmation politique, un pouvoir de transformation  »





DISQUALIFICATION ET DÉQUALIFICATION DES MÉTIERS DU MÉDICO-SOCIAL.

Mais aussi 
- Un moindre coût, moins de cotisations sociales
- Un changement dramatique de la conception de l’éducatif et du soin


LES RAPPORTS REMIS AUX MINISTERES

Il existe un certain nombre de rapports, qui ont éposés auprès des Ministères de la Santé, et de la Famille et des Personnes Handicapées, depuis 2001 

- Rapport Piel Roelandt sur la Psychiatrie (qui y perd son existence, et son âme, en se transmutant en Santé Mentale), 2001

- Rapport sur l’Évolution des Métiers en Santé Mentale, avril 2002

- Rapport Berland, sur le transfert des compétences dans les professons de Santé, octobre2003

- Rapport Cléry-Melin, sur la Psychiatrie et la Santé mentale  : la Psychiatrie y retrouve son nom, mais pas son âme, tant ce rapport confirme les orientations gérales du rapport Piel Roelandt, en particulier du cô de la libéralisation de la Psychiatrie, lutilisation abusive de la «  Socié Civile  », la confirmation du transfert des compétences.


La lecture comparée, ou plutôt «  empilé» (comme des cartes quon superposerait, chacune ne comportant que certains éments de la géographie étudiée), fait apparaître une évolution des métiers de la Psychiatrie et du Secteur Médico-Social. Cette évolution est dé perceptible, engagée, dans les deux secteurs. Je traiterai aujourdhui de ce quil en est dans le secteur Médico-Social.

Cette évolution consiste en une cascade de transferts de compétences dun métier à un autre, de Psychiatre jusqu’à à AMP (aide médico-psychologique), en passant par tous les intermédiaires. Elle sappuie la plupart du temps sur une disqualification de la profession ou de lexercice transfé, une qualification du nouvel exercice, aussi bien du fait des nouvelles formations mises en place, rapides, et moins coûteuses, que du cô de lexercice lui-même, qui est soit totalement transformé par un tour de passe-passe (le travail des éducateurs, par exemple, est transfé aux moniteurs éducateurs, qui au passage deviennent des «  bergeants  », des hôteliers, et l’éducatif disparaît sans quon le dise), soit grandement réduit à un exercice de moindre qualité (une fonction des psychologues est transfée aux travailleurs sociaux et médecins géralistes qui recevront une formation courte, par luniversité, au «  conseil psychologique  »).

A chaque fois, cela permet de rémunérer à moindre coût, et donc de diminuer les cotisations sociales, tant patronales que salariales.







TRANSFERT DE COMPETENCES EN CASCADES 

Dans le rapport «  Evolution des Métiers en Santé Mentale  », les premiers métiers cités sont……

Les bévoles et les associations  !….

Il y a transfert de laccueil, du conseil et de lorientation des patients et de leurs familles, à des associations de bévoles et à des associations dusagers  : «  Il est essentiel dintégrer ces associations comme véritables partenaires des professionnels spécialisés en santé mentale, publics ou libéraux permettant de favoriser laccès des personnes malades à des prises en charge adaptées  ». Cela sappelle «  Intervenir dans le registre de la solidarité  ».

Cela revient en fait à faire faire le travail par des personnes non rémunées.

Au nom de cette nouvelle solidarité, on demandera aux bévoles, représentants de la «  socié civile  », de faire partie des réseaux, de rendre des comptes. Ils auront même à faire valoir leur avis sur lorientation de tel ou tel patient, auprès des Commissions Départementales de lEducation Spéciale (CDES)  cest prévu dans un logiciel qui servira à renseigner ces commissions. On voit le passage, dans ce secteur comme dans le secteur sanitaire, à linformatisation des dossiers, et la nécessité de poser la question de la confidentialité. De plus, nous avons appris lors de la présentation de ce logiciel, au cours dune journée d’étude, que les projets dintégration ne seraient plus un accord passé entre l’école et un service daide à lintégration, mais un projet global prenant en compte tous les aspects de lintégration. On devrait sen réjouir. Mais, si lon réfléchit un peu, on se demande qui va établir ce projet et passer accord… Avec qui  Quels services    Et si c’était les opérateurs de soin qui proposaient les services des entreprises avec lesquelles ils travailleraient? 

Les bévoles pourront assurer des services de «  phonie sociale, œuvrant dans le champ de laide aux situations de mal-être et/ou de prévention du suicide. Et tout ça pour pas un rond  Cest mépriser la qualité de ce travail difficile, cest, au passage, le faire passer pour un problème social, et évacuer la dimension psychique qui doit être prise en compte dès ce premier temps de l’écoute.
La «  socié civile  », peut comprendre aussi les voisins qui aideront à la prise en charge de la personne «  handicapé»  : ils seront amenés eux aussi à faire part de leurs remarques sur le logiciel des CDES.

Je peux même témoigner que lon envisage, avec le plus grand sérieux, de demander à des associations de prendre en charge financièrement la formation spécialisée de professionnels du handicap, et de vendre par la suite, sous forme de prestations de services, le travail de ces professionnels. On encourage donc les bévoles à devenir des marchands de soin, et lEtat se démet de sa responsabilité. Cest louverture à une concurrence marchande.


Cas particulier des médiateurs

Exemple    dans le cadre de la Loi 2002-2, des médiateurs seront requis, pour intervenir dans le cas dun litige entre lusager, sa famille, et le service avec lequel il a passé accord, dans un premier temps, avant le recours en justice Ces médiateurs seront désignés pour trois ans par le Préfet et le Président du Conseil Géral  ; ils devront présenter «  des garanties de moralité, de neutralité et dindépendance  ».

On judiciarise, au passage, par lintermédiaire du «  contrat de séjour  », ou du «  contrat individuel de prise en charge  ».


Le psychiatre devient expert

Du fait du numerus clausus qui a touché la profession, beaucoup d’établissements nont plus de psychiatre, et ce sera le cas pour tous les autres dans un délai très court.

Le psychiatre devient alors un expert 
- Pour les psychothérapies, il effectue le diagnostic, pose les indications, et participe aux évaluations de lefficacité du soin.
- En ce qui concerne les traitements, il est le premier prescripteur, charge au géraliste, à qui est déguée la compétence, de renouveler lordonnance, avec supervision par le psychiatre.

Le médecin psychiatre est donc lexpert des médecins géralistes et des psychologues.
Il est coordonnateur de soin, on peut travailler avec lui par téphone….
De psychiatre àraliste

Le psychiatre, comme nous venons de lindiquer, devient expert, et est linitiateur du traitement. Il en confie le renouvellement, et le suivi au médecin géraliste. On peut imaginer que dans certains services du Médico-social, cette tâche sera confiée au pédiatre, voire aux infirmiers dont certains textes affirment quils seront prescripteurs.

encore, il sagit autant de dénoncer une moindre qualification quun coût inférieur, avec baisse des cotisations sociales.


De psychiatre à psychologue

Le rapport Berland fait état dun transfert de compétence de psychiatre à psychologue: «  Il est nécessaire denvisager la part de lactivité assurée par les psychiatres qui doit être confiée en toute collaboration à des «  psychologues praticiens  » formés à la fois par les Facultés de Psychologie et les Facultés de decine pour construire ce nouveau métier  ».
La profession de psychologue est médicalisée en ce qui concerne le secteur sanitaire, il est à parier quelle le sera également dans le secteur Médico-Social

On assiste à leffondrement de lexercice du métier de psychologue clinicien 
Cet exercice va se réduire à lexercice de la psychothérapie, avec formation produite, validée par lUniversité, ce qui nest pas sans poser les questions que nous savons, et avec une prérence pour linstallation en libéral, avec cependant les mêmes obligations que les salariés (participation aux réseaux, comptes-rendus et évaluations, bilans auprès des CDES, formations obligatoires, évaluations des pratiques et de lefficacité des traitements). Il sagit là dun recul important par rapport à la protection sociale. On peut imaginer à terme, comme aux Etats-unis, que la majorité des professionnels seront dans le secteur libéral, soumis aux lois de la concurrence, et du marché de lemploi (et donc du chômage et de la précarité).
Le secteur libéral y perdra lavantage de son indépendance, qui lui permettait le respect de la confidentialité, de l’éthique.

On assiste à une disqualification du travail du psychologue clinicien avec les équipes, du travail de soin partagé.
Les psychologues cliniciens vont disparaître des établissements du médico-social  ; ce seront les infirmiers de la Psychiatrie qui vont devenir les «  experts  » et apporter de laide aux éducateurs.
Dans le cadre de la politique dintégration acharnée, les psychologues cliniciens travailleront au sein d’équipes mobiles  : ils auront pour mission la supervision et la formation de «  la socié civile  » (associations, bévoles), des professionnels ayant reçu transfert de compétence, comme les enseignants accueillant les «  handicapé» (dont les enfants souffrant de pathologies mentales appelées désormais «  handicapé», comme leurs aîs).


De psychologue vers - travailleurs sociaux
-decins géralistes

Les assistants sociaux, éducateurs pourront recevoir, par lUniversité, une formation courte au «  conseil psychologique  ».

Les médecins géralistes auront également le droit de faire du conseil psychologique.
Cest une disqualification du travail du psychologue, et une déqualification des nouveaux professionnels.

Effondrement du métier d’éducateur
Devenant un conseiller psychologique, il doit abandonner sa spécificité du travail à partir du groupe, qui comprenait tout aussi bien la socialisation, lexercice de la solidarité, le travail de soin partagé.

Au passage, on observe la mise en place dun soin à deux vitesses  : psychothérapie et conseil psychologique.






De psychologue et psychiatre vers les infirmiers

Les infirmiers de la Psychiatrie assureront une mission d’»  aide aux aidants  », comme on dit, auprès des nouveaux faisant fonction d’  éducateurs, les moniteurs éducateurs, qui accueilleront les patients dans des établissements.
Les infirmiers sont décrits comme des experts, ce qui dénature cette fonction daccompagnement des équipes autrefois dévolue aux psychologues et aux psychiatres (accompagner les équipes, les soutenir, leur permettre de réfléchir et de sinscrire dans le processus de soin partagé, c’était le lot quotidien du travail d’équipe).


D’éducateurs vers moniteurs éducateurs

Les éducateurs disparaissent du champ de lembauche dans les services et établissements du Médico-Social. Ils sont remplacés par des moniteurs éducateurs. Au passage le travail éducatif se rétrécit à une mission dbergement, dtellerie.

Le travail en groupe, se limite à des activités occupationnelles, comme autrefois, et cest un véritable recul


Evolution du métier daide médico-psychologique

De même que les aides-soignants, ils deviennent des «  gestionnaires de la vie communautaire  »,
-        par «  leur présence et intervention dans des activités collectives, telles que celles qui sont organisées par les infirmiers, les ergothérapeutes notamment  », et les moniteurs éducateurs, remplaçant les éducateurs, probablement, même si le texte ne le mentionne pas encore
-        et dans les «  lieux interstitiels de soin  » (couloirs, salle de repas collectifs).

Les couloirs et les salles de repas, lieux de passage, de circulation, d’échanges, dimprévu de la rencontre, deviennent des lieux de travail «  spécialisé  »  !… Une nouvelle fonction de «  surveillance  »  ?


Des enseignants spécialisés vers les auxiliaires de vie scolaire et dintégration, et vers les enseignants accueillant les jeunes handicapés.

Ils devront assurer (et cest dé commencé), des formations rapides auprès des auxiliaires de vie scolaire et dintégration, et bientôt auprès de leurs collègues enseignants, qui accueilleront, dans le cadre des projets dintégration, des enfants handicapés  : quelques heures pour chaque handicap, par exemple trois heures pour la langue des signes pour des AVS accueillant des sourds  : il faut trois ans de formation à temps plein pour être compétent dans cette langue  !….


Auxiliaires de vie scolaire

Ils sappelleront désormais Auxiliaires de la Vie Scolaire et de lIntégration. Ils auront à effectuer une partie du travail queffectuaient les enseignants spécialisés, et les éducateurs spécialisés. Bien sûr, là aussi, le coût sera moindre…


Ergothérapeutes

Ils ont fait valoir, il y a dé nombre d'années, une pratique de soin et non de réadaptation à l'emploi, les voilà ramenés à des projets bien éloignés du soin, à savoir réinsérer le patient dans la logique de l'économie libérale: "L'intervention des ergothérapeutes permet d'évaluer la situation de patients stabilisés dans le cadre d'un projet de réadaptation et réinsertion, notamment par l'observation de leur capacité à se concentrer sur une activité ou un travail."
On ne peut s'empêcher de rapprocher ceci d'une des nouvelles fonctions des psychologues, rémunés par les assurances des entreprises, pour "soigner" des personnes souffrant d'absentéisme !..., afin de les réinsérer dans le dispositif économique de l'entreprise au plus vite (cf. article dans le journal du SNP).



A QUOI VONT RESSEMBLER LES ETABLISSEMENTS ET SERVICES DU SECTEUR MEDICO-SOCIAL?

Les établissements naccueilleront plus que des enfants, des jeunes, ou des adultes, souffrant de pathologies mentales graves, déficitaires, ou de déficiences intellectuelles. La gestion en sera confiée, de plus en plus, à des entreprises cotant en bourse, avec notion de rentabilité. Les établissements seront mis en concurrence (voir la Loi 2002-2), et les prestations pourront varier de qualité et donc de coût. Si on tient compte de l’évolution de la protection sociale, de larrivée, sur ce qui devient un marché, des assurances privées, et probablement des opérateurs de soin, on voit se dessiner un tableau apocalyptique, avec une perte de qualité des soins, et des inégalités flagrantes daccès à ces soins.

Les salariés de ces entreprises seront au mieux des moniteurs éducateurs, remplaçant les éducateurs; ils assureront une fonction dtellerie, et proposeront des activités occupationnelles. Des aides médico-psychologiques pourraient les aider dans cette tâche, également en soccupant des couloirs et des salles de repas  : gestion des «  espaces interstitiels de soin  » (voir ci-dessus), et fonction de surveillance sans doute.
On ne voit pas pourquoi cette fonction dtellerie ne serait pas confiée à des hôteliers  Cest dé le cas dans certaines situations daccueil de familles….

Tous ces professionnels, au regard de lAGCS, relèveront du secteur «  tellerie-tourisme  », et non plus du soin.

Ces équipes seront aidées par les experts que seront devenus les infirmiers de la psychiatrie, qui se déplaceront en «  équipes mobiles  ».
Il nest plus fait mention du travail éducatif de socialisation et de participation aux soins, ni dattention à la vie communautaire comme ément de travail.


Les autres services (professionnels spécialisés selon les handicaps) pourront être assurés par des prestations de services, proposées par des associations, ou par des entreprises  ; les professionnels y auront un statut de pseudo salarié, mais en fait de libéral, avec tous les inconvénients attenants, et sans les avantages (voir le projet, pour le moment retiré, du groupe «  Accord  »).

Les soins psy sont réduits aux seules psychothérapies qui deviennent des techniques, dont lindication et l’évaluation est confiée aux experts psychiatres, et ne sont plus le fruit dune rencontre. Ces soins sont externalisés, et se feront dans les CMP au mieux, en libéral chez les psychologues ou les géralistes (et les éducateurs pour le conseil psychologique  ?), ou proposés par des entreprises (projet du groupe «  Accord  », aujourdhui retiré  ; mais demain  ?).




Evolution des services daide à lintégration  : celle-ci étant amorcée grâce à la Loi 2002-2, elle est assez lisible 
Les nouveaux professionnels spécialisés seront les Auxiliaires de la Vie Scolaire et de lIntégration, remplaçant, avec une formation plus que sommaire, les enseignants spécialisés, les éducateurs spécialisés.
Il sera demandé aux professionnels spécialisés, éducateurs, enseignants, psychologues, rééducateurs, de former et superviser ces nouveaux professionnels. Certains professionnels de ces équipes mobiles appartiendront à des services qui auront é rachetés par des entreprises qui cotent en bourse, ou à des associations prestataires de service. Dans les deux cas, que le professionnel soit salarié dune entreprise, ou vacataire dans une association, le statut social sera précaire.

aussi, on assiste à labandon de ce que nous connaissons bien dans nos services  : le groupe comme outil de socialisation et de soin. Il ne sera plus considé comme outil de travail, et seules les associations dusagers permettront ces rencontres entre pairs.
Les enfants présentant de grandes difficultés psychiques, par exemple de lordre dune névrose invalidante, sans troubles psychotiques ou autistiques, seront considés, au regard des projets dintégration, comme les enfants ne présentant pas ces difficulté; ils seront intégrés sans précaution,, et on se privera de cet outil du groupe, si précieux. Il est à parier que certains de ces enfants se retrouveront rapidement dans des établissements non spécialisés dans leur handicap, type Institut de Rééducation, Institut Médico-Educatif.

Des collègues Italiens, enseignants spécialisés dans le domaine de la déficience visuelle, témoignaient très récemment, lors dun congrès, de l’échec de cette politique dintégration forcenée qui a caractérisé lItalie.


LA LOI 2002-2

La nouvelle Loi qui régit, depuis début 2002, le secteur médico-social, est une nouvelle version du rapport du public et du privé (nouvelle par rapport à celle mise en place à la création du secteur médico-social, et à celles qui se sont développées à la Libération puis par la suite, en particulier avec les Lois de 1975).

Elle fait apparaître, si on la lit en la rapprochant des textes pris en compte prédemment, une logique marchande.

En demandant aux différents établissements et services de se présenter comme offrant, sous forme contractuelle, dont la judiciarisation est dé prévue en cas de litige, des prestations de services, la Loi 2002-2 les inscrit dans une logique marchande et concurrentielle. Elle les livre, dans le cadre du plan hôpital 2007, de la politique de réseau public-privé, des ARH, et des opérateurs de soin, à la reprise possible, par des associations prestataires de services, ou par des entreprises cotant en bourse, et visant la rentabilité. Elle inscrit les métiers du secteur Médico-Social dans la précarité dun exercice de prestataires de service, ou de salariés dune entreprise intéressée au profit.
Cette mise en concurrence selon les lois du marché ressemble fort aux règles de lAGCS (mise en concurrence d’établissements ou services privés à but non lucratifs, et établissements ou services privés à but lucratif).

On sait également que la réforme de la Sécurité sociale, et la prise en charge des frais de soins et de santé souhaitée par notre gouvernement, fera une place de choix aux assurances privées, et probablement aux opérateurs de soin. De ce fait, lobligation faite aux établissements et services du médico-social de faire valoir des prestations de service, et la possibilité pour celui quon appelle «  lusager  » et sa famille de choisir le service correspondant à ses souhaits, fait lire ce quon voudrait nous faire prendre pour le respect des droits de la personne, comme une transaction marchande, une logique de loffre et de la demande qui est une logique marchande. Le choix des financeurs, dont les assurances, sera celui du moindre coût, ou alors il faudra payer le prix fort.


La loi 2002-2 prévoit, pour chaque établissement ou service
Un Conseil de la vie sociale 
Il a pour objectif dassocier les personnes béficiaires des prestations au fonctionnement de l’établissement ou du service.
Il nest pas fait mention de la vertu de soin de ce genre dinstance, soin passant par un collectif, de patients et de soignants.

Un Règlement de fonctionnement  :
Il définit les droits de la personne accueillie et les obligations et devoirs nécessaires au respect des règles de vie collective au sein de l’établissement ou du service.
Il zappe là aussi la vertu daide et de solidarité quon serait en droit dattendre dun règlement de vie collective.
La gestion de la vie communautaire nimplique plus aucune solidarité 

Des évaluations  : elles seront confiées à des entreprises privées qui se soumettront aux «  gles de bonnes pratiques  » ratifiées ou proposées par une commission de l’État.

Une judiciarisation
Toute personne prise en charge par un établissement ou un service social ou médico-social, ou son représentant légal, peut faire appel, en vue de laider à faire valoir ses droits, à une personne qualifiée, quelle choisit sur une liste établie conjointement par le représentant de lEtat dans le département, et par le président du Conseil Géral, après avis de la commission départementale consultative (la commission départementale consultative est composée «  de représentants des collectivités territoriales, des professions sanitaires et sociales, des institutions sociales et médico-sociales et des personnes accueillies par ces institutions ou susceptibles de l’être  »).
La personne qualifiée rend compte de ses interventions aux autorités chargées du contrôle des établissements ou services concernés, à lintéressé ou à son représentant légal dans des conditions fixées par décret en conseil dEtat.
On sait aujourdhui que ces personnes «  qualifiées  » seront des bévoles. On ignore si elles seront élues, désignées, par qui. On sait également que parmi les autorités compétentes auxquelles elles rendront des comptes, il y aura non seulement le Préfet et le Conseil Géral, mais aussi les autorités judiciaires.
Avant même dimaginer un échange tenant compte des enjeux psychiques comme dans le cas de personnalités sensitives, on judiciarise.
Si ce genre de conciliation échoue, il y aura alors recours au juridique.


La loi 2002-2 est manifestement une loi qui inscrit loffre, la demande, le contrat, et le projet individuel, dans une logique marchande  ; il y a alors «  abandon de la notion dintét géral, fondatrice du contrat social, au profit de lindividualisme, et de la privatisation de lespace public  » (André Bellon et Anne-Cécile Robert).

Elle répond au croisement de deux logiques que nous avions lhabitude de penser comme incompatibles, ce qui contribue à brouiller les cartes 
- Une logique libérale, où la   «  liberté  », et le «  droit de  »«    sattachent à lindividu (…), à lexpression des qualités personnelles plutôt quaux vertus civiques  »

-        Une logique sociale, voire socialiste, du "  droit à  ", qui engage lobligation de fournir des prestations égalitaires pour tous, garantit les libertés individuelles sans nuire au vivre ensemble. Son outil ne saurait être le contrat, mais limposition de normes garantissant au plus faible des droits égalitaires  daprès Olivier Canni). 
 
La Loi 2002-2 fait rérence à un Etat qui "  accrédite une vision procédurale de la démocratie  , un Etat arbitre.
"cette perspective, l’État ne saurait avoir dautre rôle que celui de garantir la viabilité de lespace commun, en assurant en particulier les fonctions de police et de défense.  . "Etat de droit  ", notion typiquement libérale, "la soumission du politique au droit  ". Voir à ce propos les médiateurs, le règlement de fonctionnement.
La loi 2002-2 est née de la volonté de prévenir la maltraitance dans les établissements et services du Médico-Social. Elle est issue dune préoccupation venant des maisons de retraite.
Le respect des droits de la personne sera le «  droit de  »
- ne pas être frappé
- ne pas être volé
- ne pas être violé,

mais certainement pas le «  droit à  » des prestations égalitaires, par leur qualité et par leur coût, pour tous.






Pour conclure, je reprendrai cette même phrase dAndré Bellon et dAnne-Cécile Robert, dans «  Un Totalitarisme tranquille  »  :


«  Dans cette perspective, lEtat ne saurait avoir dautre rôle que celui de garantir la viabilité de lespace commun, en assurant en particulier les fonctions de police et de défense.  » Il s  agit, disent-ils, dun «  État de droit  » qui «  soppose à la conception dun Etat qui soit autre chose quun arbitre  ».






Françoise TOMENO, Psychologue, Psychanalyste, groupe Attac Santé Touraine.
Atelier «  La Psychiatrie en Europe  », Commission Santé, ATTAC France, 15 Novembre 2003.
FORUM SOCIAL EUROPEEN 2003.
















TEXTES DE REFERENCE


-        Loi 2002-2novant la loi de 75

-        Commentaire de cette loi par Pierre Verdier, Journal des Jeunes n°226, juin 2003

-        Commentaire de cette Loi par Olivier Canni  : intervention dans un établissement lors dune journée de formation.

-        Rapport sur l’»  Evolution des métiers en santé mentale  », Avril 2002.

-        Rapport Berland sur le transfert des compétences, Octobre 2003

-        Rapport Piel Roelandt, 2001

-        Rapport Cléry-Melin, Octobre2003

-        Rééducation, réadaptation, thérapie  - Communication introductive aux XXVIIIes Journées d  Etudes de lALFPHV (Association de Langue Française des Psychologues travaillant auprès de Handicapés de la Vue)  - Françoise Tomeno, juin 1997.

-        Propositions du MEDEF: Novembre 2001

-        «  Un totalitarisme tranquille  », dAndré Bellon et Anne-Cécile Robert. Editions Syllepse.

-       

ANNEXES

AGCS
Accord Géral sur le Commerce des Services.
Cet accord fait partie des Accords de Marrakech qui ont institué l'OMC,
Organisation Mondiale du Commerce, signés en 1994.

Il comporte trois clauses:

1) Le Traitement de la nation la plus favorisée  qui veut que si un pays accorde un traitement de faveur aux entreprises dun deuxième, tout troisième pays peut exiger le même traitement pour ses propres entreprises.
       
2) Le Traitement national qui veut quun pays accorde aux entreprises étrangères le même traitement que celui quil accorde à ses entreprises du même type.
       
3) Laccès au marché qui interdit à un pays de limiter le nombre dentreprises étrangères qui sinstallent sur son territoire, de limiter la participation de capital étranger et de limiter le nombre de travailleurs étrangers (sous contrat temporaire).

et met en place de l'ORD, Organe des Règlements des Différends 
Si un service sestime lé par rapport aux règles de lAGCS, il pourra faire appel à «  lOrgane de Règlement des différends  ». Il sagit dune instance créée par lOMC. Elle tranchera selon les règles de lAGCS. La mise en place de l'ORD va donc mettre en péril l'existence et le fonctionnement des services publics.
Ainsi, les subventions données aux services publics de santé seront au mieux réduites à la portion congrue, entraînant à terme la privatisation de ce secteur (comme celui de l'éducation etc.).
L'OMC va jusqu'à considérer le système de Sécurité Sociale comme pouvant faire obstacle au commerce: un fournisseur de service privé pourra se plaindre auprès de lORD d'être affecté par les remboursements de Sécurité Sociale.

Il va mettre en péril l'existence et le fonctionnement des services publics.

Les différents modes
Mode 1 La prestation transfrontalière
Cest le service lui-même qui passe la frontière, en partant dun pays pour être consommé dans un autre

Mode 2 La consommation à l’étranger
Ici cest le consommateur qui passe la frontière
On retrouve là ce qui se passe dans le médico-social avec la Belgique  remplace labsence de services en France. Sy ajoutera la concurrence des coûts indépendamment de la qualité des soins.

Mode 3 L’établissement
Cest le fournisseur qui passe la frontière pour venir investir et simplanter dans un pays étranger.

Mode 4 Le mouvement temporaire des personnes physiques
Cest ici le fournisseur du service qui passe la frontière mais cette fois sous forme dun déplacement physique de personnes pour une période limitée, comme la réalisation dune mission daudit dexpertiser.


ARH

Les ARH, Agences Régionales de lHospitalisation, qui vont devenir des ARS, Agences Régionales de Santé, sont des éclaireurs en matière de collaboration public-privé.
Créées par les ordonnances davril 1996 dans le cadre du plan Juppé (pas de loi, donc pas de discussion parlementaire à leur sujet), elles avaient pour but la «  restructuration hospitalière, cest-à-dire en fait la fermeture dun certain nombre de structures de soin, établissements publics, établissements privés participant au service public hospitalier (dits PSH),, dans le cadre dune meilleure gestion comptable de la Santé. Lobjectif était de diminuer loffre de soins afin de diminuer la demande, avec, en corollaire la suppression de très nombreux emplois.
En fait, leur but non avoué semble avoir é de détourner les patients du service public et de permettre au privé de développer les services les plus rentables.  » (Antoinette Karkinsky)


DICO-SOCIAL: LRITAGE DE VICHY

En France, les enfants, puis plus tard les adultes «  handicapé» ont é pris en charge par ce qui sest appelé «  le «  secteur médico-social  ». Le médico-social est né à partir de 1942, pendant le gouvernement de Vichy, tristement cébre. Il sest appuyé sur une idéologie et une politique de la jeunesse caractéristique des mouvements totalitaires de cette époque. Le terme d’  «    Enfance Inadapté» est également né à cette période de lhistoire politique de la France. Il aura la vie longue.
Dans les deux cas, la mission de service public était confiée au privé, sous la forme, progressivement, dassociations à but non lucratif, relevant dune loi, la Loi 1901.
Cette création sest appuyée sur un rapport du public et du privé qui ressemble fort à ce qui se met en place actuellement au niveau mondial, et par là - même européen. Il me semble quon peut appliquer à lune et lautre période cette phrase quon peut lire dans le livre dAndré Bellon et dAnne-Cécile Robert, «  Un Totalitarisme tranquille  »  : «  Dans cette perspective, l’État ne saurait avoir dautre rôle que celui de garantir la viabilité de lespace commun, en assurant en particulier les fonctions de police et de défense.  » Il s  agit dun «  État de droit  » qui «  soppose à la conception dun Etat qui soit autre chose quun arbitre  ».

L’État se démet de sa responsabilité de création de service public, au profit du privé, fût-il non lucratif, et se réserve le contrôle.

Il y eut cependant, pendant cette période de 1942 à 1944, des différences dans la mise en place des structures daide à lenfance malheureuse. Une tendance, proche du gouvernement de Vichy, sappuyait sur une politique de la Jeunesse et de la Famille toute du cô de lordre moral, et les acteurs étaient surtout «  les clercs, les notables  »    ; c’était plutôt la tendance du sud, de la zone dite «  libre  ».
Une autre tendance était celle de la zone occupée, plus proche de la Résistance, de la revendication dun mouvement républicain et laïc; elle s’étayait du courant de la neuropsychiatrie de lenfant, avec moins lidée de «  redresser  » que celle de soigner. On retrouve de ce cô-là également le scoutisme et les mouvements de la JOC, JEC.

Ce secteur du médico-social, après la Libération, tout en maintenant lambiguï de ce rapport du public et du pri, a assuré, et la plupart du temps très bien, la mission de service public qui lui a é confiée. La place de certains mouvements de jeunesse comme le scoutisme (confessionnel ou laïc), et des mouvements précités (JOC, JAC, JEC), ainsi que la traversée alors récente de la Résistance, des camps de concentration, et des camps de prisonniers, qui avaient donné lexpérience dune transversalité porteuse de solidarité et daide, avaient fait prendre corps à cette notion de solidarité, et à un savoir-faire par le groupe, par un Collectif. Sil n’était pas sans ambiguï, il a cependant donné naissance à une pratique qui, quand il sest agi daffirmer la place du soin de façon plus explicite dans ce secteur, a permis de ne pas réduire celui-ci aux seules psychothérapies  ; on a pu reconnaître que les groupes éducatifs, sous réserve dun certain type de travail, étaient eux-mêmes porteurs de soin psychique.
Par la suite, et du fait du vieillissement de la population accueillie, le secteur médico-social a consacré une partie de son exercice à une population adulte. Différentes structures ont é créées, associant ou non un exercice professionnel pour les patients. Parmi les plus récentes, les MAS, Maisons dAccueil Spécialisées. Au passage de cette évolution, il y a une déperdition de la reconnaissance et de la pratique de ce savoir-faire du soin dans un cadre collectif et solidaire. D, pour une part, le grand désarroi des professionnels, et une apparition de nombreuses manifestations de violence.



ENFANCE INADAPTÉE, LRITAGE DE VICHY.
Michel Chauvière
1980

Notion denfance inadaptée
Proposée et adoptée par le Conseil technique de lenfance déficiente et en danger moral, vers la fin de 1943.
Cest après 1940, et surtout entre 1942 et 1948, qu’émerge et se développe en France le dispositif nouveau que nous nommons depuis Secteur enfance inadaptée.

Au-delà des prises en charge inégales, la totalité des enfants «  inassimilables  » (ceux quon dira «  enfants inadapté» après 1943) fait lobjet,, à partir de 1942 dun plan cohérent et opérationnel de sauvetage, remarquable en particulier par les fonctions dévolues à des Associations Régionales de Sauvegarde de lEnfance et de lAdolescence (ARSEA), par lapparition des premières écoles de cadres rééducateurs, dans un contexte de grande sollicitude à l’égard de la jeunesse, comme le sont tous les régimes à tendances totalitaires. Car cest bien le régime de Vichy qui porte et imprègne de telles initiatives, que la Libération se contentera de reconduire et d’étendre, échouant à tenter dy modifier quelque peu le statut de linitiative privée et lidéologie ambiante.

Ce travail repose sur lhypothèse que nous vivons encore aujourdhui (1980) des enjeux principaux dressés au moment de cette édification-là, cest-à-dire précisément entre 1940 et 1950. Un certain socle institutionnel, enraciné en ces dates  ; nous paraît intact, en dépit des politiques qui se sont succé (y compris les récentes lois se 1975), des pratiques nombreuses et contradictoires qui se sont accumulées et de la notion même dinadaptation.


Cest à la guerre 1939-1940 et à ses conséquences sur le plan intérieur, loccupation et le régime de Vichy, que lon doit la mutation décisive des mentalités en matière denfances inassimilables, la définition et un but de réalisation dune politique de la «  rééducation  ».